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LETTRE D'INFORMATION |

Constitution europ�enne - une d�finition floue pour des enjeux peu clairs

Un article par semaine
lundi 14 mars 2005
par Eric Litot
Le 29 mai 2005, les Fran�ais devront se prononcer sur un ensemble de textes rassembl�s sous le vocable de Trait� Constitutionnel Europ�en, de Projet de Constitution Europ�enne ou tout simplement de Constitution Europ�enne.

LE d�bat n’est pas encore lanc� que l’on assiste d�j� � des joutes verbales qui se caract�risent le plus souvent par une absence certaine de recul, d’analyse ou tout simplement d’honn�tet� intellectuelle. Entre l’anath�me des uns - « votez OUI ou pr�parez le chaos ! » -, l’obscurantisme des autres - « votez NON ou acceptez votre dissolution identitaire ! » -, et les seules intentions de certains - « il faut expliquer, encore expliquer et toujours expliquer ! » -, aucune approche p�dagogique ne voit le jour.

Ainsi, quand les experts s’en m�lent, quand les animateurs de plateaux TV et radiophoniques oublient toute d�ontologie, quand le discours demeure brouill�, une d�marche possible est de revenir aux sources du sens et de se replonger dans nos bons vieux dictionnaires.

Que nous dit donc le Grand Robert sur les notions de trait� et de constitution ?

« Trait� - n.m. ; acte juridique par lequel les autorit�s comp�tentes, et sp�cialement des gouvernants d’Etats �tablissent des r�gles ou des d�cisions. Exemple d’un trait� de commerce qui r�gle les �changes de marchandises, les transactions entre sujets des Etats contractants. Autre exemple : le trait� d’�tablissement qui r�gle les activit�s �conomiques des ressortissants d’un Etat sur le territoire des autres Etats contractants. »

« Constitution - n.f. ; charte, ensemble des textes fondamentaux qui d�terminent la forme du gouvernement d’un pays »

La premi�re d�finition est assez longue (nous l’avons pourtant singuli�rement raccourcie) et recouvre surtout des aspects commerciaux. Les diff�rentes �tapes de la construction europ�enne illustrent parfaitement cette d�finition : quelques Etats se rencontrent, se frappent sur le ventre, invitent de nouveaux camarades de jeux, et �tablissent ou modifient des r�gles de fonctionnement. Ainsi sont n�s le Trait� de Rome en 1957, l’Acte Unique en 1986, le Trait� de Maastricht en 1992, le Trait� d’Amsterdam en 1999, et le petit dernier, le Trait� de Nice en 2000.

En revanche, si l’on confronte la d�finition du terme Constitution � la masse d’informations qui nous est pr�sent�e comme le texte fondateur de la future Constitution europ�enne, on ne peut s’emp�cher de s’interroger 1°) sur la l�gitimit� du processus qui a accouch� de ces 448 articles, 2°) sur la validit� de leur contenu.

Si l’on se r�f�re aux conseils que les Nations Civilis�es donnent aux bouseux sous-d�velopp�s du tiers-monde, le processus constitutionnel est le suivant : une assembl�e constituante est �lue au suffrage universel et est charg�e de r�diger une Constitution. Une fois la Constitution valid�e et vot�e, l’assembl�e est dissoute et de nouvelles �lections sont organis�es pour �lire une assembl�e parlementaire qui suivra les r�gles de fonctionnement de la Constitution.

La Constitution europ�enne est le r�sultat d’un cheminement beaucoup plus opaque. Lors du sommet de d�cembre 2001, les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union, constatant un d�ficit d�mocratique des institutions, d�cid�rent de simplifier et de refondre tous les trait�s. Ils cr��rent une Convention et d�sign�rent tous les membres. Bonjour la d�mocratie ! Le Pr�sident en �tait Val�ry Giscard d’Estaing et les vice-Pr�sidents, Jean-Luc Dehaeme et Giuliano Amato. Bonjour le pluralisme !

On constate ensuite que le texte propos� est pl�thorique. Nous avons �valu� par curiosit� la taille de certaines constitutions de pays de l’Union (format A4) : Allemagne - #40 pages ; Espagne - #40 pages ; France - #20 pages ; Italie - #30 pages ; Europe - #400 pages ! Balle au centre !

Quand enfin on se penche sur le contenu, trois remarques s’imposent : 1°) beaucoup d’articles sont obscurs, 2°) certains sont absents, 3°) d’autres n’ont pas leur place.

On pourrait r�torquer � la premi�re remarque que requ�rir syst�matiquement la simplicit� et l’intelligibilit� est d�magogique et qu’� la simplicit� d�magogique il faudrait opposer la complexit� p�dagogique (dixit Alain Duhamel). Pourquoi pas ! Mais ne serait-il pas pr�f�rable que la grande majorit� des citoyens de l’Union soit capable de comprendre le contenu de la Constitution europ�enne sans maux de t�te excessifs afin d’y adh�rer avec enthousiasme ?

Qu’aurait-on voulu voir consigner dans cette masse qui n’y est pas ou qui est tronqu� ? Quelques exemples pour ne pas endormir le lecteur : la Constitution ne pr�cise aucun territoire sur lequel elle s’exerce ; la Constitution ne d�finit pas la citoyennet� europ�enne ! La Constitution ne se r�f�re pas � la D�claration Universelle des Droits de l’Homme (mais � la Convention Europ�enne des Droits de l’Homme). C’est pourquoi on ne parle pas de droit au travail mais de droit � travailler, pas de droit � la s�curit� sociale mais de droit d’acc�der � la pr�vention en mati�re de sant�...

En revanche sont pr�sents des articles qui ne devraient pas appara�tre dans un Constitution.
Que dire par exemple de l’article I-4.1 sur les libert�s fondamentales et la non-discrimination (« La libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, ainsi que la libert� d’�tablissement, sont garanties par l’Union et � l’int�rieur de celle-ci, conform�ment � la Constitution. ») ? N’est-ce pas de la comp�tence d’un parlement de d�finir les politiques de circulation suivant la conjoncture ?

Que penser des articles III-133 � III-171 qui pr�cisent les dispositions relatives � la libre circulation des personnes et des services ? N’est-on pas en pr�sence de r�glements tributaires d’un environnement socio-�conomique ?

Ainsi nous constatons que non seulement les conditions d’�laboration du trait� constitutionnel n’ont pas �t� respect�es, mais que des articles importants manquent, et que les r�gles et dispositions qui apparaissent sont plus du domaine de la l�gislature que d’une Constitution.

Alors pourquoi ce m�lange des genres ? Pourquoi ne pas appeler cette somme un super trait� ? Pourquoi vouloir imp�rativement donner la force d’une Constitution � un ensemble de r�glements ? Peut-�tre faut-il se tourner � nouveau sur une d�finition archa�que du Grand Robert : « Trait� : convention par laquelle un financier �tait charg� par le roi, moyennant le versement d’une somme, de lever certains droits et imp�ts, � son profit. »

Mais nous rentrons-l� dans le domaine mouvant de l’id�ologie des donneurs de le�ons et des jeteurs de sorts.

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  • NON merci 17 mars 2005 (1 r�ponse)


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