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Lutte contre la d�linquance, un rapport d�viant

mercredi 23 février 2005
par Emanuel Haumant
Dans le rapport pr�liminaire de la commission pr�vention du groupe d’�tudes parlementaires sur la s�curit� int�rieure [1] remis � Dominique Villepin en octobre 2004, les d�put�s en charge du dossier s’�meuvent : « six plans successifs de lutte contre la d�linquance ont �t� mis en place au sein de l’�ducation nationale et pourtant la plus grande confusion r�gne toujours ». D’o� l’int�r�t de ce nouveau rapport pour clarifier la situation.

LE d�cor est plant� d�s l’introduction. « Apr�s avoir mis en place plusieurs lois r�pressives attendues par nos concitoyens, les Ministres successifs de l’int�rieur du Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin ont souhait� compl�ter ce dispositif par l’�laboration d’un texte pr�ventif � l’ins�curit� et � la violence ».

Des m�thodes modernes. « L’exp�rience et les statistiques d’augmentation constante de la d�linquance chez les mineurs, montrent qu’en achetant la paix sociale nos pr�d�cesseurs n’ont pas r�gl�s [sic] les probl�mes de fond ». « Toutefois, force est de constater que dans de nombreux cas les statistiques ne sont que la partie visible de l’iceberg ».
Comme il faut bien traduire la r�alit� par des chiffres et des courbes tenant lieu de constat partag� pour envisager la r�forme, nos analystes ont trac� un beau dessin intitul� « courbe �volutive d’un jeune qui au fur et � mesure des ann�es s’�carte du droit chemin pour s’enfoncer dans la d�linquance » :

(Image JPEG)

L’axe horizontal repr�sente manifestement l’age de l’individu, mais on se pose la question de savoir ce que repr�sente l’axe vertical [2]. Comme la courbe est appel�e parcours d�viant, il doit repr�senter le nombre d’individus d�viants. Sur quels crit�res ? Comment cette �tude scientifique rigoureuse a-t-elle �t� r�alis�e ?
Les notes relatives au diagramme nous donnent quelques indications sur la d�viance des parcours de 0 � 23 ans. Il est question successivement de difficult�s de la langue, indiscipline, d�mission ou non ma�trise de l’�ducation des parents [sic], violence � l’�cole, redoublements des classes, d�but des petits larcins, conflits parentaux, d�linquance avec des vols � la tire, consommation des drogues douces [sic], absences r�p�t�es aux cours, consommation de drogues dures, cambriolages, vie nocturne [sic] et utilisation d’armes blanches, entr�e dans la grande d�linquance, trafics de drogues, vols � main arm�e...
Un groupe d’expert s’est certainement r�uni et a d� se pencher sur le probl�me de la d�viance, de la m�me fa�on sans doute qu’un d�put�, membre de la commission, s’est pench� sur le probl�me de la d�scolarisation : « Jean-Pierre Doors a remarqu� qu’il y avait un taux de plus en plus important de d�scolarisation, pourtant aucunes statistiques pr�cises n’existent [sic] ». Du travail d’orf�vre.

Le rapport propose de coordonner les structures existantes en les faisant travailler ensemble autour du maire. « Les actions de pr�vention [...] doivent imp�rativement commencer d�s les pr�mices de d�viances c’est � dire d�s le plus jeune �ge [sinon] cette d�rive ne cessera de s’accentuer [...] Les actions � promulguer entre 3 et 6 ans ou entre 6 et 12 ans sont nettement moins lourdes � mettre en �uvre que celles qui devront �tre mises en place � l’adolescence [...] Bien s�r, si le comportement d�viant de l’enfant n’est pas corrig� suffisamment t�t, alors des mesures plus radicales seront n�cessaires [...] Un contact direct avec le jeune devra �tre instaur� de gr� ou par la contrainte avec une personne form�e � cet effet pour le soigner ou lui faire choisir un autre chemin que celui qu’il est en train de prendre ».

(Image JPEG)
Orange m�canique - Stanley Kubrick - 1972
Exemple de traitement lourd

La commission s’attache ensuite � donner les mesures qui permettront de redresser ces parcours.
« Entre 1 an et 3 ans seuls les parents, et en particulier la m�re, ont un contact avec leurs enfants. Si ces derniers sont d’origine �trang�re elles [sic] devront s’obliger � parler le Fran�ais dans leur foyer pour habituer les enfants � n’avoir que cette langue pour s’exprimer [...] Mais si elles sentent dans certains cas des r�ticences de la part des p�res, qui exigent souvent le parl� patois du pays � la maison, elles seront dissuad�es de le faire ». Le parl� patois [3] amorce donc le parcours d�viant.
« Si cela persiste, l’institutrice [sic] devra alors passer le relais � un orthophoniste ».
Par la suite, cours d’instruction civique obligatoires durant toute la scolarit� en primaire, placement dans une structure sp�cialis�e d’�ducation renforc�e, et entr�e dans la fili�re d’apprentissage d’un m�tier apr�s le CM2 sont au programme. Voil� une bonne occasion de relancer la fili�re professionnelle ! « Les m�tiers manuels doivent �tre revaloris�s car il s’agit de “l’intelligence au bout des doigts” selon l’expression de M. Marcel RUFO, p�dopsychiatre � Marseille [4]. Il [sic] ne doit plus �tre un enseignement pour mauvais �l�ves mais au contraire une chance de valorisation de l’adolescent ». Apr�s l’intelligence de la main , celle du bout des doigts. Attention : apr�s le bout des ongles, il n’y a plus rien.

Les experts montrent la voie. Au vu de ce rapport et des erreurs grammaticales et syntaxiques qu’il comporte [5], les d�put�s de la commission apparaissent comme de v�ritables sp�cialistes du parl� patois. Confront�s aux « difficult�s de la langue », leurs « absences r�p�t�es aux cours » n’ont certainement pas arrang� les choses.
Lors de la r�union constitutive de la commission seuls 6 membres �marg�rent, les 14 autres �taient excus�s. Sur les cinq r�unions consign�es dans le rapport [6], on constate un taux moyen d’absent�isme de presque 80%. 9 membres de la commission n’ont particip� � aucune r�union, soit presque 50%. De la d�viance � l’�tat pur. Et ces gens-l� ont tous plus de 23 ans. Comment les r�ins�rer ?

Scandalis� que son rapport suscite autant d’int�r�t aupr�s de « ce collectif national unitaire - qui r�unit la CGT, FSU, SUD, le syndicat de la magistrature, la coordination des �tudiants du travail social, le collectif des formateurs en travail social, la ligue des droits de l’homme, etc.  », Jacques Alain B�nisti r�agit aux attaques parues dans la presse et sur Internet � propos du pr�-rapport sur la pr�vention de la d�linquance en concluant ainsi : « tout porte � croire que [les donneurs de le�on sur ces sujets sociaux] craignent que ces r�formes n’apportent des changements b�n�fiques qui pourraient vider totalement de leur substance leur fonds de commerce [sic] et leurs id�aux militants. Heureusement, les fran�ais ne sont pas dupes et se rendent maintenant compte de cet �tat de fait. Je souhaite, � cet �gard, que certains journalistes qui ont complaisamment relay�s le mouvement d’humeur de ce collectif, sans ouvrir de d�bat contradictoire avec les auteurs du rapport, s’en tiennent � une vision objective et pluraliste des faits ».
Une belle le�on de d�mocratie d�viante.


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Remarque : le rapport est tr�s majoritairement constitu� d’annexes. Dans l’une d’entre elles, un sp�cialiste priv� de la s�ret� nucl�aire expose ses conseils en mati�re de "pr�vention de la malveillance et r�duction du sentiment d’ins�curit� par l’urbanisme et la conception des b�timents - logements, bureaux et commerces".
« PJC Conseil (partenaire de la Soci�t� AXILYA - Groupe AREVA) propose � ses clients des prestations de conseil dont le centre de gravit� est bas� sur la ma�trise des risques. Ainsi, partant de l’exp�rience acquise dans l’analyse et la lutte contre les actes de malveillance, PJC Conseil a d�velopp� une m�thode similaire applicable au domaine civil, notamment pour la lutte contre l’ins�curit� et le sentiment d’ins�curit�. L’adaptation de la m�thodologie d�finie pour le nucl�aire a en effet �t� pr�sent�e par PJC Conseil � diff�rents interlocuteurs concern�s et qui ont �mis un avis tout � fait favorable quant � la pertinence et la mise en �uvre de cette d�marche ».
A Toulon, si le stade Jaur�guiberry peine � accueillir des rencontres sportives, on pourra toujours le reconvertir en centre ferm� pour d�linquants radioactifs.

[1] Ce document est disponible sur le site de M. B�nisti, pr�sident de cette commission.

[2] Dans le m�me ordre d’id�es, on remarquera la pr�sence de fl�ches en pointill�s de plus en plus verticales. La derni�re est abusivement trac�e sur un intervalle r�duit de moiti�, ce qui augmente artificiellement sa verticalit�. Ces fl�ches ne sont l� que pour cr�er un effet visuel d’acc�l�ration du ph�nom�ne de d�viance.

[3] Parler local, dialecte employ� par une population g�n�ralement peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation sont jug�s comme inf�rieurs � ceux du milieu environnant. Petit Robert.

[4] NDLR : Marcel, qui est en fait Toulonnais, fait partie des « Varois de l’ann�e 2004 » c�l�br�s par Var matin. La classe !

[5] On remercie le correcteur orthographique, mais pour la grammaire les logiciels de Bill Gates ont encore des progr�s � faire.

[6] La troisi�me r�union n’est pas d�taill�e, certainement que le rapporteur �tait absent ce jour l�...

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