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LETTRE D'INFORMATION |

De la d�mocratie participative

jeudi 8 juillet 2004
par Gilles Suchey
Les repr�sentants du peuple portant �charpe tricolore, Pr�sident de la R�publique, parlementaires ou �lus locaux, n’oublient jamais le fondement de leur(s) mandat(s) : �lus par le peuple, ils oeuvrent pour le peuple.
Il est un ph�nom�ne vachement curieux que la plupart de nos d�mocrates ont toutefois remarqu� : ce peuple, si magnifique au soir de l’�lection, devient tr�s rapidement un ramassis de demeur�s notoirement m�contents.

IL y a d’abord ce r�f�rendum d’initiative populaire organis� le 4 juillet dernier � Aubagne par "l’association pour la protection du Garlaban Aubagnais" (APGA).
Sur les 28951 inscrits que compte la commune, 6967 �lecteurs ont souhait� dire au maire ce qu’ils pensaient de son projet d’urbanisation. Conclusion : 6460 d’entre eux (92,7% des votants) s’opposent � la construction de lotissements et autres habitations sur les collines jadis c�l�br�es par Pagnol.
Que fait le maire � la lecture des r�sultats ? Il c�l�bre sa victoire, sabre le champagne, remercie ses administr�s dans une lettre intitul�e « Merci Aubagne, continuons � d�cider ensemble ! »
Pour comprendre comment monsieur Daniel Fontaine, �dile communiste de cette bourgade de la banlieue de Marseille, r�ussit � se consid�rer gagnant d’un scrutin dont il conteste d’ailleurs la l�gitimit� [1], il suffit de lire sa lettre. Le maire s’appuie sur le nombre d’�lecteurs inscrits dans la ville. Une pr�occupation suffisamment rare pour �tre signal�e : les candidats rechignent habituellement � consid�rer les abstentionnistes, dont le compte oblit�re de plus en plus la pertinence des victoires �lectorales. Fontaine consid�re donc que si "seulement" 22,31% des �lecteurs ont vot� contre son projet (6460 sur 28951), cela signifie que les 77,69% restants sont d’accord avec lui. La mauvaise foi fait-elle la bonne d�mocratie ?
Un premier r�f�rendum de ce type avait �t� organis� � Saint-R�my de Provence, et le maire mis en minorit� avait choisi de d�missionner.
Fontaine pr�f�re d�noncer la r�cup�ration politicienne de l’APGA qui b�n�ficie du « soutien d�clar� de toutes les formations de Droite et du Front National ». C’est dans la plus grande s�r�nit� qu’il autorisera les constructions sur le Garlaban.

Dans un autre genre, vous avez l’enqu�te publique "pr�alable � la d�claration d’utilit� publique modificative de la construction de la premi�re ligne de tramway de l’agglom�ration toulonnaise".
Rappelons qu’une enqu�te publique est une proc�dure qui a pour objet d’informer le public et de recueillir ses appr�ciations, suggestions et contre-propositions.
Voil� ce qu’on peut lire sur le site de l’agglom�ration Toulon Provence M�diterran�e (TPM) : «  Le Tramway, par sa capacit� � transformer le paysage urbain, est un outil au service du projet de ville. Pour relever avec succ�s cet enjeu, le Tramway a le devoir d’animer un vrai d�bat d’id�es autour des solutions qu’il propose. La Communaut� d’Agglom�ration a clairement d�fini le cadre : la concertation, partout, pour tous et avec tous  » (mots soulign�s par le webmestre du site en question).
Qu’en pensent Michel Bru�re et Robert Beneventi, tous deux membres du bureau de TPM, respectivement pr�sidents des commissions "transport" et "am�nagement de l’espace" [2] confront�s aux critiques et remarques d�sobligeantes de leurs concitoyens ? Faut-il tenir compte d’�ventuelles contre-propositions ? Non ! Car « il est notoire que seuls les m�contents participent aux enqu�tes publiques ». Fermez le ban. On fait une enqu�te parce que la Loi l’impose, mais tout est pli� d’avance.

Les propos de Bru�re et Beneventi sont tir�s d’un documentaire r�alis� par des �tudiants de l’Universit� de Provence (Aix), et projet� le 6 juillet au cin�ma le Royal � Toulon. Pr�ambule d’un d�bat contradictoire concernant le trac� du tramway.
Il appara�t que le tron�on le plus contest�, celui devant relier la gare de la Seyne sur mer � la cit� de la Beaucaire, et qui co�tera un quart du prix total des installations pour un dixi�me de la distance parcourue, n’a vraiment pour but que de d�senclaver la zone d’activit�s de Camp Laurent. Le projet s’accompagne ici de la construction de quatre ronds-points et de toutes les voiries n�cessaires au d�veloppement de la zone commerciale envisag�e par la mairie d’Ollioules depuis fort longtemps [3]. Cette portion est la seule de tout le trac� � ne pas utiliser des voies "naturelles" et � n�cessiter la construction d’ouvrages d’art, tel ce pont qui enjambera l’autoroute.
Dans le film, Beneventi n’�voque d’ailleurs que l’objet de son fantasme : on le questionne sur le tramway, il ne parle que des routes qui permettront d’�tendre sa zone commerciale pour plus de clients, plus de bagnoles, plus de croissance.

Au Royal il y eut bien d�bat, mais tr�s peu de contradiction. Ni Falco, ni Bru�re, ni Beneventi, ni aucun autre membre de TPM, pas m�me un lampiste d�l�gu�, n’a os� l’effort du d�placement. La concertation partout, pour tous et avec tous...
A noter toutefois, dans une assembl�e majoritairement barbue et chevelue : la pr�sence de Didier Gestat de Garamb� (tr�s court coiff� sur la nuque), invit� en sa qualit� d’ancien pr�sident du SITCAT [4]. Sans remettre en doute le bien-fond� d’un trac� qu’il a suivi et soutenu pendant six ans, Gestat a tenu � donner son avis sur les projets "connexes" de Beneventi : « Je trouve dramatique que le projet de tramway puisse �tre pollu� par la voiture... Ces deux projets sont inconciliables : le tramway a pour but de chasser la voiture ; si poser des rails ne doit justifier que la construction d’une voirie attenante, c’est condamner le projet de tramway � l’�chec ! »
Encore un m�content ! Mais rien d’�tonnant � cela selon le technocrate Bru�re : « en France, dit-il dans le film, il y a 60 millions de m�contents ! » Ce ne sont pas ses bons mots m�prisants qui vont arranger les choses.

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[1] Code g�n�ral des collectivit�s territoriales, article L2142-3 : « un cinqui�me des �lecteurs inscrits sur les listes �lectorales peuvent saisir le conseil municipal en vue de l’organisation d’une consultation sur une op�ration d’am�nagement relevant de la d�cision des autorit�s municipales [...] Le conseil municipal d�lib�re sur le principe et les modalit�s d’organisation de cette consultation. La d�lib�ration qui d�cide la consultation indique express�ment que cette consultation n’est qu’une demande d’avis. »

[2] Bru�re est par ailleurs adjoint de Falco en mairie de Toulon et Beneventi maire d’Ollioules.

[3] Lire � ce sujet La modernit� n’est plus ce qu’elle �tait.

[4] Syndicat Intercommunal des Transports en Commun de l’Aire Toulonnaise, dissous quand TPM a vu le jour. L’avocat Gestat, m�gr�tiste patent�, ancien adjoint au maire FN Jean-Marie Le Chevallier, est d�sormais b�tonnier du Barreau de Toulon.

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