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Mieux vaut �tre riche et en bonne sant� que Seynois
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samedi 1er février 2003

par Gilles Suchey

Fragilit� du Centre M�dico-Social... R�duction des prestations offertes par la Protection Maternelle et Infantile... Restructuration a minima du service des urgences... La Seyne sur Mer aurait-elle d�cid� de consacrer son budget sant� � l’am�lioration de la vie des moules ?

es Centres M�dico-Sociaux (CMS) permettent � chacun de recevoir les soins courants, sans d�passement d’honoraires. Les b�n�ficiaires de la gratuit� relative � la CMU [1] ou l’AME [2] y sont correctement accueillis. On comprendra que les plus d�munis pr�f�rent utiliser ce service plut�t que se rendre au cabinet d’un m�decin conventionn� de type 2, qui consulte le matin sur rendez-vous avant de visiter ses patients de la clinique St Machin (Canal satellite dans toutes les chambres, lit unique, carte bleue accept�e).

D’autant que les CMS entretiennent des liens privil�gi�s avec les autres acteurs sociaux ; d’o� une comp�tence certaine en mati�re de pr�vention et de soins apport�s aux toxicos, aux malades du sida, aux exclus.

L’existence des Centres M�dico-Sociaux reste conditionn�e � la motivation des collectivit�s locales. Dans le Var, ils ne sont pas tr�s nombreux. Plus exactement, ils sont un seul : l’�tablissement Danielle Casanova de la Seyne sur Mer, qui date de l’�poque o� les communistes g�raient la ville la faucille entre les dents. A l’image de toutes les structures du m�me type, sa sant� �conomique, au sens lib�ral du terme, reste vacillante : toujours la m�me difficult� � ins�rer les b�n�fices du service public dans un bilan comptable.

Les jours du CMS de la Seyne seraient-ils compt�s ? Arthur Paecht, maire et planteur de palmiers en chef, se dit tr�s soucieux de la bonne utilisation des deniers publics (c’est toujours l’argument avanc� par les bailleurs de fonds lorsqu’ils suppriment un service qui n’a pas vocation � gagner de l’argent). La rumeur est persistante, � la mesure de la fragilit� du centre, dont les activit�s n’int�ressent que tr�s peu les �lecteurs de l’UMP.

De toute fa�on, la solidarit� et la protection sociale rel�vent, depuis la loi de d�centralisation du 7 janvier 1983, de la comp�tence des Conseils g�n�raux. On concentre chaque ann�e davantage les activit�s aff�rentes [3]. Ainsi, la PMI municipale [4] passe aujourd’hui sous le contr�le direct de la collectivit� d�partementale dirig�e par Horace Lanfranchi. Le Conseil g�n�ral promet le transfert des services sans impact notable pour l’usager, mais � l’heure o� cet article est �crit, le planning familial a �t� oubli� en route. Un carton tomb� du camion. Sans doute faut-il attendre la fin de la restructuration...

Quant au SMUR [5], sa situation est connue : on d�plore l’interruption prochaine du service quotidien � partir de 18h30. P�nurie de personnel. Une directive europ�enne limite d�sormais, pour un urgentiste, le quota d’heures de travail hebdomadaire � 48. Auparavant, il pouvait en comptabiliser plus de 80 (imaginez l’efficacit� du type � la fin de sa garde). Cercle vicieux, la sp�cialit� motive de moins en moins les jeunes praticiens. Alors on bricole. On "param�dicalise des �quipes avec infirmi�res". Traduction : vous prenez une infirmi�re. Vous lui faites passer un gilet avec marqu� "SMUR" dessus. Hop ! Voil� une toute nouvelle urgentiste, ultra-comp�tente, qui va venir soigner les petits enfants s’ils ne mangent pas leur soupe.

Tiens, en parlant de soupe, qu’en pensent les pouvoirs publics ? Demandons son avis � Hubert Falco, pr�sident, en sa qualit� de maire de Toulon (ou de TPM, on ne sait plus tr�s bien), de l’h�pital de Font-Pr�. "Nous allons nous battre pour que les urgences de La Seyne poursuivent leur fonctionnement 24 heures sur 24" [6].

Mais plus exactement, monsieur le sous-ministre, que pensez vous des carences de l’h�pital en France, du manque de moyens chronique, de ces heures de garde qui ne peuvent plus �tre assur�es, etc. ? "Ce n’est pas nous qui d�truisons l’h�pital, c’est la loi sur la r�duction du temps de travail" [6].

Ca me fait penser � une anecdote rigolote. Mon beau-fr�re est un d�linquant notoire. L’autre jour, occup� � voler le sac d’une petite vieille, voil�-t-y pas que deux flics l’interpellent. Mais mon beau-fr�re ne se laisse jamais d�monter. Il lance aux pandores : "ce n’est pas moi qui ai vol� le sac de la dame, c’est la r�duction du temps de travail." Interloqu�s devant tant d’audace et de pertinence, les repr�sentants de l’ordre h�sitent un instant.

Puis ils lui collent une beigne et l’embarquent.

On ne plaisante pas avec la sant� publique.


[1] Couverture M�dicale Unique.

[2] Aide M�dicale d’Etat.

[3] Ce qui peut sembler paradoxal, dans le cadre d’une d�centralisation. Nous reviendrons plus tard sur le rapport du Conseil g�n�ral � l’action sociale, un rapport envisag� sous l’angle exclusif du chiffre, de la statistique favorable, de l’�conomie d’�chelle, de l’abattage.

[4] Protection Maternelle et Infantile : activit�s de planning familial, consultations pr�natales, surveillance de grossesse, suivi des m�res apr�s l’accouchement, contr�le de la croissance et du d�veloppement psychomoteur et affectif de l’enfant jusqu’� 6 ans... La PMI est ouverte � tous ; c’est encore un lieu d’accueil privil�gi� pour les d�munis.

[5] Service Mobile d’Urgence et de R�animation.

[6] Propos rapport�s par Var Matin, 24 d�cembre 2002.