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LETTRE D'INFORMATION |

Cap Garonne, territoire � enjeux

Apr�s l’incendie du 4 ao�t 2005
mardi 4 octobre 2005
par Le vilain petit mouton noir mangeur de loups
Aux larmes citoyens ! Vous d�plorez la fermeture des pistes qui sillonnent la Colle Noire ? Vous vous inqui�tez de la lenteur des op�rations visant � la reconstruction du massif ? Esp�rons que vous n’aurez pas � regretter bient�t une nouvelle d�gradation du domaine, irreversible celle-l�, sous couvert de "mise en s�curit�" et autres "am�liorations" !

LES mesures envisag�es, tant au niveau de la Commune du Pradet qu’au niveau de la Commune de Carqueiranne, suite au gigantesque d�broussaillement du 4 ao�t, ont mis le feu aux poudres et les associations sont sur le pied de guerre. On se propose d’un c�t� d’�largir des chemins ruraux dans une coupure d’urbanisation, de cr�er un parking structurant de grande capacit� dans un espace naturel au niveau de la Mine, de l’autre d’�largir le Chemin du Bau Rouge qui relie Le Pradet � Carqueiranne par le bord de mer, c’est-�-dire en plein dans la "bande des cent m�tres" [1].

Dans nos communes littorales, le passage d’un incendie d�clenche toujours une s�rie de r�flexes opportunistes chez nos �lus qui, � d�faut d’avoir fait preuve d’efficacit� dans la pr�vention de la catastrophe annonc�e, rivalisent d’imagination et se proposent de tout mettre en œuvre pour que « plus jamais �� ! »

C’est l� qu’est l’os ! Les mesures sont toujours les m�mes, il s’agit de mettre en place des �quipements structurants, l� o� leur absence contribuait justement � pr�server la qualit� du site et la protection de l’environnement. Les petits chemins ruraux trop �troits doivent �tre �largis, des parkings doivent �tre cr��s...

Cette strat�gie surfe sur l’�motion caus�e par le passage de l’incendie et s’appuie de mani�re caricaturale sur des motifs s�curitaires li�s le plus souvent � l’acheminement des secours. Elle a �t� mise en œuvre de mani�re syst�matique dans notre d�partement depuis 20 ans et a eu pour effet secondaire et principal de favoriser de mani�re spectaculaire le mitage des espaces naturels par l’urbanisation, en aggravant le risque et l’al�a, sans pour autant emp�cher la multiplication des incendies.

Les risques de d�rives, clairement identifi�s, ne concernent pas directement les zones incendi�es qui sont le plus souvent des zones foresti�res prot�g�es, mais plut�t la p�riph�rie des massifs o� l’on retrouve la plupart du temps des terrains agricoles ou des friches sur lesquels s’exerce une pression immobili�re consid�rable. Il se trouve que ces zones ont un r�le extr�mement important � jouer dans la lutte contre les incendies, dans la mesure o� elles constituent des coupures vertes qui servent d’interface entre la for�t et les zones habit�es.

La Loi Littoral de 1986 (voir encadr� en fin d’article), vot�e � l’�poque � l’unanimit� des parlementaires, a inscrit dans le Code de l’Urbanisme un certain nombre d’imp�ratifs qui s’imposent aux communes littorales et ont pour objectif d�clar� d’�viter l’artificialisation totale du lin�aire c�tier et de faire reculer l’urbanisation loin du rivage. La mise en place de coupures d’urbanisation, l’obligation d’urbaniser dans la continuit� des agglom�rations existantes, l’interdiction de construire dans la bande des cent m�tres, l’interdiction de cr�er des voies de transit ou des routes en corniche � moins de deux kilom�tres du rivage, sont les plus connus.

Cet arsenal r�glementaire n’est pas l� par hasard, il a �t� mis en place dans les ann�es 80 en m�me temps que la Loi Montagne, la Loi Paysage et la Loi sur l’Air pour lutter contre les exc�s de certains maires qui appliquaient les lois de d�centralisation de mani�re un peu trop z�l�e.

Sur le territoire de Carqueiranne des riverains du Chemin du Bau Rouge ont �t� « approch�s » par la Mairie, d’autres ont d�couvert au service de l’urbanisme des plans hachur�s mat�rialisant l’emprise d’une future voie de 8 m�tres � double sens de circulation en lieu et place du petit chemin rural qui, du fait de son �troitesse, n’est aujourd’hui emprunt� que par les riverains et les promeneurs � pied ou � v�lo. A leurs inqui�tudes, les �lus ont r�pondu en se d�faussant sur TPM. La voirie aurait �t� class�e d’int�r�t communautaire en 2004. Les r�ponses g�n�es dissimulent mal le trouble de la situation. Pour l’anecdote, certains riverains ont r�alis� r�cemment des murs de cl�ture � l’aplomb du chemin sans que la Mairie intervienne... Peut-�tre pour ne pas donner l’alarme...

Interrog� sur la question le Maire du Pradet a d�clar� que : « cela serait une grave erreur du triple point de vue de l’augmentation de la circulation automobile, de la d�gradation du Patrimoine et des in�vitables transformations du PLU (urbanisation) que cet am�nagement entra�nerait ». Dont acte.

Cette analyse clairvoyante qu’il applique au territoire de son voisin, force est de constater qu’il ne l’applique pas au sien, puisqu’il ne discerne pas les cons�quences hasardeuses li�es � sa proposition d’�largir le Chemin de l’Artaude situ� en pleine coupure d’urbanisation, du triple point de vue de l’augmentation de la circulation automobile, de la d�gradation du Patrimoine et des in�vitables transformations du PLU (urbanisation) que cet am�nagement entra�nerait. Pourtant la probl�matique est la m�me.

Il pr�cise de toutes fa�ons qu’il n’a aucun pouvoir sur cette route qui rel�ve de la comp�tence de TPM et se trouve sur le territoire de Carqueiranne. On peut penser n�anmoins qu’il se sentirait concern� par les cons�quences d�sastreuses qu’aurait la cr�ation d’une « corniche » entre le Pradet et Carqueiranne sur la circulation au niveau de la Garonne...

Le Maire du Pradet ne se sent pas engag� non plus par les rapports annuels du Comit� local de Gestion du Massif qui reproduisent ann�e apr�s ann�e la m�me demande [2] : « [...] les probl�mes de stationnement, de circulation et de s�curit� incendie ne s’am�liorent pas aux abords du site (Mus�e) et devraient m�me empirer, suite � la r�habilitation de l’usine. De gros travaux d’am�nagement sont � pr�voir d’urgence � cet endroit tels que : Elargissement de la route du Bau Rouge ; cr�ation d’un parking ; cr�ation d’une piste DFCI [3] ».

On voit bien qu’il y a l� une contradiction qui m�rite d’�tre soulign�e, entre le discours du premier magistrat et la teneur de ces rapports successifs r�dig�s sous la haute autorit� de son adjoint � l’urbanisme et � l’environnement [4].

Nul doute qu’� la faveur du d�bat lanc� par Cuverville, l’ambigu�t� sera bient�t lev�e et que les prochains rapports seront mis en conformit� avec les propos de Monsieur le Maire en ne faisant plus mention de l’�largissement du Chemin du Bau Rouge. A suivre.

Pendant que nos �lus tergiversent pour remettre au go�t du jour, sous couvert de s�curit� [5], les vieux projets jusque-l� tenus en respect par la Loi Littoral, rien n’est fait au niveau du Massif pour pr�venir la prochaine catastrophe li�e au risque d’�rosion en cas de fortes pluies. Les cr�dits sont d�bloqu�s, mais la Mairie et TPM se renvoient la balle pour savoir qui va assurer la ma�trise d’ouvrage... Et pendant ce temps, le Massif reste ferm�, au grand d�sespoir des usagers de toutes sortes qui sont ainsi doublement punis.

En r�sum� :

D’un c�t� un Maire de Carqueiranne qui lorgne sur les Belv�d�res du Canebas et du Coupereau (alors que m�me se rincer l’œil c’est limite autoris�) et se d�charge sur TPM de la gestion de la route (« c’est pas moi, c’est TPM ») qui lui permettra peut-�tre d’exaucer ses r�ves les plus secrets.

De l’autre un Maire du Pradet qui excelle aussi dans le « c’est pas moi », assist� d’un adjoint � l’urbanisme et � l’environnement qui lui vole la vedette et persiste � faire monter la fi�vre am�nageuse au niveau de la Mine (cr�ation d’un parking, d’une DFCI, agrandissement du Mus�e, restauration de l’ancienne usine...) tout en faisant semblant d’en ignorer les cons�quences directes et imm�diates : « c’est pas moi c’est TPM, c’est pas moi c’est Giraud, c’est pas moi c’est le Pr�fet et m�me des fois c’est pas moi c’est le Maire... »

Au total une gestion de l’espace, tout sauf �conome, mais bien dans la tradition du « apr�s moi le d�luge » qui caract�rise la politique d’am�nagement du territoire mise en œuvre par les �lus des communes littorales du Var depuis trente ans.

C’est donc le chant des « c’est pas moi » qui envahit la colline en attendant d’y entendre celui des tron�onneuses puis peut-�tre celui des cigales, pourvu que toutes ces joyeuses trilles ne soient pas �touff�es un jour par le vacarme des bulldozers et de la circulation automobile.

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Quelques rep�res

Suite aux mesures pr�conis�es par la Municipalit� apr�s l’incendie du 4 ao�t et � l’occasion du Forum des Associations qui s’est tenu le dimanche 11 septembre 2005 au Pradet, un collectif d’associations regroupant notamment la F�d�ration des CIL du Pradet, les Amis du Massif de la Colle Noire et l’Association de D�fense du Site sur le Littoral La Garde-Le Pradet distribuait les deux documents ci-dessous :

puce Loi Littoral du 3 janvier 1986. Depuis plus de 18 ans, l’�conomie g�n�rale de la Loi littoral n’a pas �t� remise en cause. Rappel : La Loi Littoral soumet les communes littorales � des r�gles d’urbanisme sp�cifiques codifi�es aux articles L 146-1 � L 146-9 du Code de l’Urbanisme afin de repousser les constructions � l’int�rieur des terres.
• L’extension de l’urbanisation doit se faire en continuit� avec les agglom�rations et villages.
• Dans les espaces proches du rivage seule est autoris�e une extension limit�e de l’urbanisation.
• Les constructions sont interdites sur une bande littorale de cent m�tres.
• Les espaces remarquables ou caract�ristiques du littoral doivent �tre pr�serv�s.
• Les nouvelles routes de transit doivent �tre localis�es � une distance minimale de 2000 m�tres du rivage, la cr�ation de nouvelles routes en corniche est interdite et les nouvelles routes de desserte locale ne peuvent �tre �tablies sur le rivage, ni le longer.
• Les plans locaux d’urbanisme doivent pr�voir des espaces naturels pr�sentant le caract�re d’une coupure d’urbanisation.

Quid des coupures d’urbanisation inscrites dans les POS actuels ?
Quid du chemin du Bau Rouge ?
Survivront-ils � l’incendie et aux futurs PLU du Pradet et de Carqueiranne ?

puce PDU de TPM, Plan de d�placement urbain de Toulon Provence M�diterran�e. Les PLU du Pradet et de Carqueiranne respecteront-ils l’objectif principal du Plan de D�placement Urbain de la Communaut� d’agglom�ration (« R�duire la place de la voiture au profit des modes de transports alternatifs ») ?

Quid de l’�largissement de voies dans des zones actuellement inscrites au POS comme des coupures d’urbanisation ?
Quid de la cr�ation de voies de transit au regard de l’article 146-7 du Code de l’Urbanisme ?
Quid de la cr�ation d’un parking structurant de grande capacit� dans un espace naturel prot�g� par la Loi Littoral ?

A noter : la Commission M�diterran�enne du D�veloppement Durable qui s’est r�unie � Ath�nes les 20 et 22 juin 2005 a adopt� une Charte qui, au chapitre de la gestion durable de la mer et du littoral, affirme la n�cessit� de stopper d’urgence la d�gradation constat�e des zones c�ti�res.
Au titre des mesures pr�conis�es elle demande notamment de « pr�venir l’urbanisation continue et lin�aire du littoral en �vitant la construction de nouvelles routes parall�les et trop proches des c�tes ». On voit nettement qu’une course de vitesse est actuellement engag�e entre les directives qui prennent en compte au plus haut niveau la n�cessit� de changer de politique et les �lus locaux qui restent sourds aux injonctions et continuent de se comporter en am�nageurs.

[1] Pour �clairer la probl�matique, il faut pr�ciser que la route de la Garonne se termine actuellement en cul-de-sac au niveau du port des Oursini�res et en entonnoir au niveau de la Mine, puisque le chemin du Bau Rouge et le Chemin du Cabenas, du fait de leur �troitesse, ne sont actuellement emprunt�s que par les riverains, soit 100 � 150 v�hicules/jour maximum. Ces voies ne constituent en aucun cas des axes de transit entre les deux agglom�rations du Pradet et de Carqueiranne et contribuent de cette mani�re � prot�ger le Massif de la surfr�quentation automobile, qui ne peut �tre consid�r�e autrement que comme une nuisance au sein d’une zone qui aspire � jouer le r�le de poumon vert de la communaut� de communes.

[2] Le Massif de la Colle Noire et la Mine sont la propri�t� du Conservatoire du Littoral qui en a d�l�gu� la gestion � la Commune du Pradet. En 1997 cette d�l�gation a fait l’objet d’un plan de gestion �tabli par l’IARE (Institut des Am�nagements R�gionaux et de l’Environnement) qui se d�compose en 17 actions dont le suivi annuel est compil� dans un rapport r�dig� sous le contr�le du gestionnaire, en la personne de l’adjoint � l’urbanisme et � l’environnement. Ce rapport d’une cinquantaine de pages fait �tat de l’avanc�e des actions (sauvegarde, protection, suivi, maintenance, surveillance, d�pollution, accueil, etc...) et des probl�mes rencontr�s.

[3] D�fense de la For�t Contre les Incendies.

[4] Deux responsabilit�s ayant trait � des activit�s parfaitement compl�mentaires puisque l’une ne peut avancer sans que l’autre recule. Il est d�s lors beaucoup plus r�aliste de les mettre dans les m�mes mains �tant entendu qu’il est toujours plus facile de tomber d’accord avec soi-m�me que de s’entendre avec les autres.

[5] Il peut �tre int�ressant de noter comment le probl�me s�curitaire peut �tre mis en avant ou dissimul� selon qu’il sert ou dessert les int�r�ts des uns ou des autres. Voir l’article de Benjamin Ullmo sur les risques majeurs.

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  • Le pire est a venir 4 novembre 2005, par
  • > Cap Garonne, territoire � enjeux 7 octobre 2005, par (3 r�ponses)


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