Gestion de l’eau : Toulon s’engage (3)

AU milieu des ann�es quatre-vingt, quand P�chiney mit un terme � l’exploitation des mines de bauxite de Mazaugues, les gestionnaires de l’eau des collectivit�s locales voisines n�glig�rent de s’int�resser � l’exhaure [1]. Les pompes, dont la vocation �tait de rejeter � l’ext�rieur des galeries l’eau d’infiltration qui s’y accumulait (cela se chiffre en millions de litres), furent abandonn�es.

Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Pour faire face � la s�cheresse devenue chronique et tenter d’�viter que les galets du Caramy ne br�lent au soleil pendant les mois d’�t�, le Conseil G�n�ral du Var entreprit en 2006 un pompage exp�rimental des eaux baignant les profondeurs de l’ancien site P�chiney, avec l’id�e de les r�injecter dans la rivi�re.

Un an plus tard, le 27 mai 2007 pour �tre pr�cis, la pr�fecture signa un arr�t� autorisant Veolia, apr�s le D�partement, « ï¿½ effectuer un pompage d’essai dans les anciennes mines de Mazaugues ». « L’op�ration projet�e sera limit�e dans le temps et a pour objectifs de poursuivre l’�tude du potentiel en eau du secteur et de valider certaines hypoth�ses formul�es � l’occasion des essais entrepris par le Conseil G�n�ral du Var en 2006, de soutenir le d�bit du Caramy � l’aval du pompage, am�liorant de ce fait la qualit� du milieu, enfin d’apporter un volume d’appoint au barrage de Carc�s dans une p�riode critique de ressource en eau ».

« Les eaux pomp�es seront rejet�es, apr�s d�cantation dans un chenal, dans le vallon de l’Epine, affluent du Caramy [...] Les pompages devront commencer au plus vite pour anticiper l’ass�chement de la rivi�re Caramy et seront poursuivis jusqu’au retour des pr�cipitations automnales lui garantissant un d�bit naturel minimal ».

L’int�r�t pour Veolia, on le comprend bien, r�side dans l’augmentation du volume d’eau disponible pour l’agglom�ration toulonnaise quand la ressource devient rare.

Dans un article publi� le 19 septembre dans Var matin [2], la correspondante permanente de la mairie toulonnaise qui officie sous la signature "LEA" c�l�bre la strat�gie �conomique de la Ville car celle-ci, comme on nous le raconte, n’a pas eu besoin cet �t� de faire appel � la soci�t� du Canal de Provence (dont on sait que les tarifs augmentent consid�rablement apr�s le printemps) pour son alimentation en eau. En effet, « de juin � septembre, 1 million de m�tres cubes d’eau a �t� tir� des mines de Mazaugues et de Combecave et conduit jusqu’au lac de Carc�s via le Caramy » (deux autres raisons invoqu�es pour cette autonomie conserv�e : la ville a achet� de l’eau au Canal de Provence plus t�t dans l’ann�e quand elle �tait moins ch�re, et puis « les Toulonnais ont fait de sacr�s efforts en mati�re d’�conomie d’eau »).

Pourtant, concernant la gestion de l’exhaure des mines de Mazaugues, le tableau n’est peut-�tre pas aussi idyllique qu’annonc�. D�j�, alors que l’arr�t� pr�fectoral pr�voit l’alimentation des pompes par une ligne EDF, il semblerait que Veolia ait d� se contenter de groupes �lectrog�nes, consommant ainsi une quantit� astronomique de carburant pas franchement vert.

Surtout, la police de l’eau serait intervenue pour dresser une contravention � Veolia, incapable malgr� l’exhaure des mines de Mazaugues de respecter certains d�bits d’�tiage comme l’impose le Code de l’Environnement. Le montant de la prune est proportionnel au nombre de m�tres cubes manquants. Il para�t que la note est particuli�rement sal�e. Suffisamment sal�e pour faire regretter l’eau du Canal de Provence ?

[1] La R�gie des Eaux et de l’Assainissement toulonnaise faisait la pluie et le beau temps, si on peut dire, avant la privatisation de 1989.

[2] « La consommation d’eau baisse, le montant de la facture aussi ».