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(26/12/2003)

 

 

 

 

 

Universit� du Sud : les �tudiants risquent de perdre le Nord
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samedi 24 janvier 2004

par Saint-Just

L’ann�e 2004 sera l’ann�e de tous les changements, aussi bien pour les ch�meurs que pour les �tudiants. Si les ch�meurs savent � quelle sauce on les mange, les �tudiants restent encore dans l’expectative. Le gouvernement, qui temporise un minimum avant les �lections, garde sur le sujet de la r�forme des universit�s un flou artistique pas joli joli.

niversit� : le mouvement national de d�cembre dernier a plus ou moins capot�. Les �tudiants toulonnais ne sont pas plus droitiers que les autres. Mais la motivation est, comme chez leurs camarades de France et de Navarre, fluctuante : le d�clic s’op�re ou pas, sans pour autant qu’il y ait rejet automatique. Cette fois-l�, le mouvement est parti avec certes un peu de retard ; il a pris ensuite « avec des AG jusqu’� 500 �tudiants. Mais le pr�sident ne nous soutenait pas et se faisait aider par des casseurs de gr�ve, qui viennent de Droit et gueulent dans les assembl�es » [1]. Une cinquantaine d’�tudiants, c’est-�-dire deux fois plus que le personnel qui a tenu ferm�e la pr�sidence en juin 2003, �tait mobilis�e pour en d�coudre. Que faire cependant quand le vice-pr�sident Laroussi Oueslati joue les manipulateurs aupr�s des camarades ? Que faire encore quand le gouvernement dit « oui » un jour, « non » le lendemain, « peut-�tre » le surlendemain, « plus tard » le jour d’apr�s ? Que faire enfin quand les autres facs ne bougent pas plus que �a ? Entre refus d’une r�forme dont on ne sait pas grand chose et volont� de moderniser une universit� scl�ros�e, le dilemme reste entier, et en m�me temps, y a ces putains de partiels qui tombent juste apr�s la tr�ve des confiseurs. Pour 10000 �tudiants dans le Var, en tout cas, le cap est fix� : direction Sud et plein voiles sur le LMD [2] � la rentr�e de septembre-octobre 2004.

Universit� des palmiers et du sable fin. Plusieurs s�ances marathon du Conseil d’Administration de l’Universit� de Toulon avaient �t� r�serv�es, en 2003, � la mise en conformit� de ses statuts et � l’int�gration du LMD.
Avant la modification des statuts, le CA �tait organis� selon une distribution par composantes (Sciences, Droit, Lettres, etc.), pas toujours repr�sentative du panel �lectoral. Suite au recours d�pos� par l’intersyndicale aupr�s du tribunal administratif, le pr�sident de l’Universit�, Bruno Ravaz, coordonna l’action visant � modifier la repr�sentation du CA selon une distribution par coll�ges (professeurs d’universit�s, autres enseignants, �tudiants, personnel administratif, etc.). Mais pour que le Conseil puisse prendre une d�cision, il fallait r�unir la majorit� des 2/3 et donc trouver un assentiment assez large entre les trois courants qui s’affrontaient : les pro-Ravaz (majoritaires), les pro-ancien pr�sident, l’intersyndicale [3]. « A l’avant-dernier CA, il y a consensus sur le mode d’�lections. Au dernier CA, tout le monde v�rifie les articles r�dig�s concernant les �lections mais pas le pr�ambule dans lequel le pr�sident a chang� le nom. Dans l’absolu, tout le monde s’en fout, mais c’est la mani�re » [1]. Et oui car, tour de passe-passe ou illumination transcendantale, le brave pr�sident s’est dit (sans trop avertir l’entourage) qu’une d�nomination g�ographique �tait plus en ad�quation avec les nouvelles tendances du XXI�me si�cle. D�sormais l’Universit� Toulon-Var s’appellera Universit� du Sud, comme l’Universit� d’Aix-Marseille I se nomme Universit� de Provence, ou encore l’Universit� d’Aix-Marseille II est devenue Universit� de la M�diterran�e. Il ne manque plus que le pastaga et les olives, et on se voit au Mourillon au resto des Cocotiers...

Lotion Miracle D�salt�rante. Le LMD, r�forme plus ou moins d�cid�e par les ministres europ�ens � Bologne en 1999, repose sur des contrats d’�tablissements : les universit�s fran�aises sont appel�es � signer tous les quatre ans un contrat avec l’�tat, contrat qui d�finit les dipl�mes nationaux que chacune d’entre elles est autoris�e � d�livrer, les �quipes de recherches reconnues ainsi que les cr�dits allou�s � l’�tablissement pour les actions cibl�es que celui-ci s’est fix�es. Pour le moment, � Toulon, on conna�t surtout l’intitul� des dipl�mes... mais pas trop leurs contenus. De plus, on ne sait pas encore si tous les projets vont �tre avalis�s : il faut attendre la r�ponse du Minist�re. Une chose est � peu pr�s s�re : les dipl�mes vont co�ter plus cher mais le budget (sauf hausse des droits d’inscription) ne va pas augmenter.

Quatre vagues d’application du LMD se d�roulent, au fond des golfes clairs, sur la plage universitaire. L’universit� de Toulon surfe sur la deuxi�me vague (tout comme Aix-Marseille I). A observer les r�sultats de la premi�re (une quinzaine de facs, notamment dans le Nord), on constate que le cadrage national [4]) dispara�t. Ce n’est pas pour rien que le terme « dipl�me » s’estompe au profit de « grade ». Le Minist�re v�rifie juste si le projet tient la route. « L’UNEF demande un cadre europ�en parce qu’en termes de contenu, il n’y a pas d’harmonisation contrairement � ce qui est annonc� » [1]. Les �tudiants craignent qu’il y ait des probl�mes de passages d’une licence � un master suivant les d�nominations, en France, voire dans la m�me ville. En effet, le LMD est cens� favoriser l’insertion professionnelle par une meilleure lisibilit� des grades dans l’ensemble des pays europ�ens. Sauf que pour passer d’une Licence � un Master, il faudra d’une part, pour l’�tudiant, conna�tre le contenu de chaque master propos� dans les facs europ�ennes (donc au final, � rester dans la sienne) et d’autre part, pour la fac, que l’�tudiant fournisse un dossier avec, un peu comme cela se fait pour les DEA et les DESS [5] aujourd’hui, une lettre de motivation et une lettre de recommandation (ce qui, effectivement, rapproche de la vie professionnelle). « Ce qui compte d�sormais, c’est la marque. Un �tudiant am�ricain ne dit pas "j’ai un Master of Science" mais "j’ai un dipl�me de telle ou telle universit�, de tel d�partement" », affirme Marc Peyrade, directeur de l’Ecole nationale sup�rieure des t�l�communications de Paris [6]. � ce petit jeu, Toulon se situe dans le ventre mou du classement.

L’A.G.C.S n’est pas un gadget automobile. Les pr�sidents d’universit� et le Ferry-boat (alias Minist�re de l’�ducation Nationale) tentent de vendre au mieux un projet ambigu. On cherche � apaiser les doutes et � faire taire les rumeurs, au prix parfois de quelques palabres chevaleresques telles celle de Luc F. dans une tirade digne de Rodrigue : « Moi vivant dans ce poste, il n’y aura jamais de s�lection ». Le projet d’autonomie administrative et financi�re des �tablissements d’enseignement sup�rieur, que M. Ferry garde dans le tiroir suite � l’intervention du pr�sident Chirac, avait de quoi inqui�ter :

� La Conf�rence des Pr�sidents d’Universit�s (CPU) ne serait plus pr�sid�e par le ministre, mais par un pr�sident �lu en son sein. Elle b�n�ficierait, en outre, d’une autonomie budg�taire.
� Regroupement des universit�s : « les �tablissements [...] peuvent s’associer entre eux pour cr�er des �tablissements publics de coop�ration universitaire », et « l’�tat peut affecter directement � ces �tablissements des subventions de fonctionnement ou d’�quipement et des moyens en personnel ». Tout est dans le « peut ».
� Il n’y a plus obligation d’exercer dans l’�tablissement pour �tre pr�sident d’universit�.
� Les universit�s « concluent des conventions de coop�ration et de partenariat avec les collectivit�s territoriales [...] Cette coop�ration porte, notamment sur la formation professionnelle [...] Elle peut s’�tendre � la gestion du patrimoine immobilier et � la mise en commun des ressources humaines et mat�rielles ».

Dans ce cadre, on pourrait esp�rer le meilleur pour l’Universit� du Sud qui se trouverait lib�r�e de la hi�rarchie actuelle des facs. On est plus en droit de craindre le pire. Toulon est une fac jeune, cr��e � la fin des ann�es 1960 comme « centre universitaire » pour d�charger Nice et Marseille, dans la mouvance des facs moyennes (comme Perpignan par exemple) avant de devenir pleinement universit� en 1979. Toulon ne propose pas toutes les fili�res et m�me les fili�res propos�es ne d�passent pas toutes le niveau DEUG (Bac+2).
Deux probl�mes principaux se posent :
� On ne sait pas ce que vont devenir les formations qui s’arr�tent au DEUG : soit on les passe en licence, soit on ferme la fili�re. Et combien de licences ? Une seule pour synth�tiser les formations pr�existantes ou plusieurs plus modestes ? Bref, m�me s’il y a l’aval du Minist�re, l’Universit� fait un peu ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle peut, comme c’est le cas pour les DU [7] aujourd’hui.
� L. Ferry donnait le chiffre de 15000 �tudiants comme limite inf�rieure pour une universit�. Quel avenir pour la fac de Toulon ? Pourquoi pas une fusion-acquisition par Nice ou une OPA amicale par Aix-Marseille ? L’Universit� du Sud sera, pour contrer ces grosses �curies, contrainte de se sp�cialiser ou se d�velopper. Sauf que dans un contexte de rentabilit�, les dirigeants de l’universit� aid�s par leurs « partenaires » des collectivit�s locales, de la chambre de commerce ou de l’Union Patronale du Var, ne feront pas trop le forcing pour l’ouverture d’un d�partement de Sciences Humaines, par exemple, parce que ces derni�res n’int�ressent pas franchement les secteurs tertiaire et industriel. La premi�re option, celle de la sp�cialisation, est la plus probable. Les facs devront sans doute intensifier leur politique d’accords bilat�raux avec des universit�s europ�ennes partenaires afin de faciliter les �changes et les passages de grades entre elles. La Sorbonne aura donc plus de chances que Toulon de signer un accord avec Oxford ou Lisbonne, m�me si on annonce, dans les milieux patronaux locaux, les candidatures de trois universit�s russes et trois autres br�siliennes [8].

�tudiants... poils aux dents. Nous l’avons dit : la r�forme LMD vise � favoriser la mobilit� des �tudiants en Europe, mais une minorit� de ceux-ci (12000 boursiers pour 50000 nomades) est p�cuniairement soutenue. Certains r�vent de renouer « avec les traditions tr�s anciennes de l’Universit� europ�enne » [9], ils risquent d’�tre d��us au r�veil. Cette r�forme LMD d�passe le cadre europ�en et s’inscrit dans une logique de mondialisation des dipl�mes, car bizarrement, le 3-5-8 est aussi la formule employ�e dans l’enseignement sup�rieur aux �tats-Unis. De quoi assurer une meilleure fuite des cerveaux puisque dans le m�me temps, le gouvernement Raffarin sabre au clair dans les budgets de la Recherche. Les r�mun�rations des chercheurs fran�ais �taient d�j� d�risoires par rapport � leurs coll�gues install�s aux States. 75 % des doctorants poursuivaient leurs �tudes sans allocation et sans espoir de poste. Maintenant, entre « les cr�dits supprim�s et ceux qui n’ont toujours pas �t� vers�s, ce serait pr�s de 900 millions d’euros qui auraient �t� confisqu�s en deux ans et demi [...] 2004 ne s’annonce pas mieux : 550 emplois de chercheurs devraient �tre supprim�s, pour �tre remplac�s par des contractuels de trois � cinq ans » [6]. D’autre part, le LMD va pousser � l’allongement des �tudes puisque DEUG (Bac+2) et Ma�trise (Bac+4) disparaissent. Cet allongement accentuera l’impression « parcours du combattant » avec un syst�me d’options complexifi�, et b�n�ficiera avant tout aux enfants de classes favoris�es qui sont les mieux arm�s pour d�crypter l’information et comprendre le contenu des cours. Le calcul du passage d’une ann�e � l’autre est difficile � d�coder : les Unit�s d’Enseignement (en gros les cours et les TD/TP suivis) se compensent au semestre et l’�tudiant peut poursuivre son cursus m�me s’il a un semestre non valid�. Apparemment le principal est qu’apr�s « trois semestres � l’universit� [pour les meilleurs � 19-20 balais], l’�tudiant commence � avoir une id�e plus pr�cise de ses objectifs professionnels » [9] et qu’il valide sa licence, son master ou son doctorat avec toutes ses UE, m�me s’il doit repasser celles de premi�re ann�e au mois de juin final...

De mani�re g�n�rale, avec « 800000 �tudiants fran�ais oblig�s de bosser et 100000 sous le seuil de pauvret� » [1], l’universit� fran�aise est plus victime de d�ficits budg�taires et d’un �litisme � la limite de l’anti-d�mocratique que de manque de lisibilit� des grades. Les chiffres sont accablants. « Notre pays consacre � ses �tudiants de premier cycle universitaire � peu pr�s la moiti� de ce qu’il consacre � un �l�ve de classe pr�paratoire » [10]. Japon et Allemagne consacrent � ses �tudiants 30 % de moyens en plus, la Norv�ge 60 % et la Su�de 80 %. Si l’on tient compte des droits de scolarit� et de l’ensemble des financements priv�s, l’effort fran�ais est deux fois moindre que celui des pays scandinaves. Pire, « si les gouvernements n’avaient pas baiss� l’imp�t sur le revenu depuis 2001, la France aurait pu multiplier par deux le budget de l’enseignement sup�rieur ! » [6]. Les v�ux de notre Jacquot national en rassureront plus d’un, n’est-ce pas ? En bottant en touche, le gouvernement gagne du temps mais ne s’attaque pas aux in�galit�s et promet aux �tudiants la d�rive lib�rale. « Aujourd’hui, tous les �l�ments d’une analyse �conomique classique sont r�unis, avec un march�, une concurrence entre acteurs et un imp�ratif de comp�titivit�. Quelques chiffres permettent d’illustrer ces tendances : au niveau mondial, il y a 4 millions d’enseignants, 80 millions d’�l�ves, dont 1,7 million �tudient hors de leur pays d’origine, 320 000 �tablissements scolaires, 2 000 milliards de dollars de d�penses annuelles par les acteurs publics et priv�s, une croissance annuelle de 11 % » [11].

Restons positifs : inscrit � l’Universit� del Sud, pas loin de Toulon, sous le soleil et � d�faut de cerner son cursus, l’�tudiant pourra toujours danser la salsa.


� Une page sur les nouveaux statuts de l’Universit� del Sud.

� Une page sur laquelle vous trouverez tous les textes officiels relatifs au LMD.

� Une page pour tout savoir sur le LMD del Sud.

� Une page pour mieux comprendre l’entreprise de "modernisation" de l’Universit�, vue par ceux qui la vivent.

� Une page pour d�fendre la Recherche.


[1] Propos de Vincent Roche, pr�sident de l’UNEF-Var.

[2] Licence - Master - Doctorat, aussi appel� 3-5-8.

[3] Si vous avez suivi ce qui pr�c�de, vous aurez compris que c’est bien le CA qui statue sur sa propre composition. D’o� une certaine tension.

[4] D�termination pr�cise des heures de cours, de travaux pratiques, compensation des Unit�s d’Enseignements, etc.

[5] Les deux sont des bac+5 : DEA : Dipl�me d’�tudes Approfondies (plus tourn� vers la poursuite en th�se), DESS : Dipl�me d’�tudes Sup�rieures Sp�cialis�es (plus tourn� vers la professionnalisation).

[6] Alternatives �conomiques, n°221, janvier 2004.

[7] DU : Dipl�me Universitaire, non reconnu au niveau de l’�tat.

[8] M�tropole n°66 - 15 septembre / 15 octobre 2003.

[9] Flash Universit� de Provence, n°35, d�cembre 2003 : « Comprendre le LMD ».

[10] Haut comit� � l’�valuation de l’�cole.

[11] Rapport pour la commission des affaires �trang�res de l’Assembl�e Nationale de O. Turpin, juin 2001, cit� dans Cuverville, n°61, �dition sp�ciale, rentr�e 2003.



> Universit� du Sud : les �tudiants risquent de perdre le Nord
21 février 2004, par   [retour au début des forums]
voie de garage

Les �tudiants risquent d’autant de perdre le Nord que pour se rendre � la fac en bus, il faut prendre la ligne : "191 UNIVERSITE NORD". N’oubliez pas votre boussole !

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15 février 2004, par   [retour au début des forums]

Universidad del Sur en espagnol, Universidade do Sul en portugais

  • > Universit� du Sud : les �tudiants risquent de perdre le Nord
    16 février 2004, par   [retour au début des forums]
    Oui mais le nouvel esperanto universitaire, qui montre � quel point la fac du vingt et uni�me si�cle est ouverte sur le monde, a fait sienne la richesse linguistique des pays del sud : espagnol, portugais, mais aussi italien, occitan, fran�ais, koba�en...