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La Garde : il ne faut confondre folklore et folcoche
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vendredi 12 septembre 2003

par Saint-Just

C’�tait cet �t�, et vous l’avez peut-�tre rat�. Retour sur un �v�nement culturel dont le devenir semble promis � concurrencer directement Avignon : Les Nocturnes M�di�vales � La Garde, du 6 au 10 ao�t.

a Garde a v�cu plus de cinquante ans sous le joug d’un ignoble tyran communiste sanguinaire, envoy� par Staline lui-m�me apr�s les grandes purges de 1936 : Maurice Delplace. Lorsque le « petit p�re des Gard�ens » (comme on le surnommait f�brilement dans les rues froides de la bourgade) mourut, le peu charismatique Yvon Robert, photographe amateur de son �tat, le rempla�a.

C’est cet homme que le valeureux garde de la mar�chauss�e, Jean-Louis Masson, provoqua en duel en mars 2001 lors des d�sormais c�l�bres joutes municipales. Les dieux avaient choisi leur camp : ce fut sieur Masson qui emporta le duel et jeta sieur Robert dans les latrines de l’histoire.

� partir de ce jour, le soleil reparut sur la bonne cit� gard�enne. La chapelle du Rocher, transform�e par les communistes-au-couteau-entre-les-dents en mausol�e dans lequel reposait une relique du poil de barbichette de L�nine, fut rendue au service religieux. La premi�re messe fut l’occasion pour le chevalier (de la L�gion d’honneur et de l’Ordre national du m�rite) Masson de lancer un vibrant hommage aux fid�les �cuyers qui avaient entretenu les armoiries durant de longues ann�es.

Restait une t�che � accomplir : ramener les �mes �gar�es dans la maison du seigneur. Jean-Louis Masson et son arm�e de fid�les s’y attel�rent avec conviction et t�nacit�. Il fallut faire face aux critiques et aux trahisons. Certaines furent br�ves mais cruelles, telle la mise en lice du chevalier Giran, membre de la cour UMP, redoutable cavalier et vainqueur des joutes l�gislatives 2002. Mais un an plus tard, la victoire n’en �tait que plus belle.

D�sormais les Gard�ens sont « fiers d’�tre fran�ais avant tout » [1]. Le 14 juillet de cette ann�e fut c�l�br� dans une atmosph�re de coh�sion rarement atteinte. Devant le monument aux morts, alors que le seigneur du lieu d�posait une gerbe de fleurs, on entendait quelques rescap�s des invasions sarrasines retenir de lourdes larmes dans de purulents reniflements. Sire Masson y honora la « grandeur de l’arm�e fran�aise » (celle de Dien Bien Phu ?) et rappela combien la France du bon roi Jacques �tait le « pays des libert�s, de l’enseignement, de la science et de la culture ».

Certains interpr�t�rent ces propos comme une ligne frondiste [2] du chevalier Masson contre la ligne politique du cardinal Raffarin. Il est vrai que chacun des points mis en exergue par l’�dile gard�en est en totale contradiction avec les d�crets du gouvernement. Le duc Sarkozy n’a pas h�sit� � couper hardiment dans les libert�s civiques et � jeter dans les ge�les royales opposants et droits-de-l’hommistes. L’abb� de Ferry, dont les sbires locaux ne sont autres que la moniale L�vy et le capitaine Vialatte, tente par tous les moyens de mettre � bas l’institution scolaire publique au profit de pr�cepteurs priv�s. L’abb� essaie �galement par l’interm�diaire de l’astrologue Haigner� de d�truire sournoisement les restes de civilisations pass�es et l’avenir des g�n�rations futures. Enfin le po�te (bis) Aillagon a ajout� un volume � sa pl�iade : il a conclu un accord avec les marchands pour chasser fous et troubadours hors des fronti�res de nos belles provinces.

Les propos de sieur Masson en laiss�rent plus d’un profond�ment troubl�. � quel r�gime le brave chevalier pouvait-il faire allusion ? Quelques esprits malins voyaient dans cette harangue un appel du pied aux mercenaires du Front National, qui avaient combattu f�rocement aux c�t�s de Charles Martel � une �poque o� les troupes d’Ile-de-France �taient bien moins cultiv�es que leurs adversaires mahom�tans. Ce « fiers d’�tre fran�ais » est le cri de ralliement des frontistes [3] et on a vite fait de rapprocher cette phrase au go�t immod�r� du seigneur de La Garde pour les festivit�s moyen�geuses, au premier rang desquelles la torture. Sur une adresse � la population gard�enne, il est not� qu’un bourreau « pourrait bien planter potence ou pilori avec le consentement de quelque supplici� » [4].

Sans aller chercher son inspiration chez le sombre philosophe La Bo�tie et son ouvrage De la servitude volontaire, il appara�t singulier de trouver chez la puissance publique cet air r�joui face � d’obscures pratiques sanguinolentes. La France ne conna�t plus d’ex�cutions sommaires depuis que le roi Fran�ois de Jarnac, dit le canc�reux, les abolit en l’an de gr�ce 1981, et seules les monarchies absolues (Etats-Unis, Chine) pratiquent encore la peine de mort. Quant au fait d’en appeler au masochisme de serfs pour se faire casser les membres sur un tourniquet, on pourrait dire que ce n’est qu’une d�rive extr�me de la t�l�-r�alit�.

Ironie de l’histoire, il se murmure dans les ruelles commer�antes de La Garde que le bailli du lieu dut faire appel � des jongleurs toulousains pour pratiquer les s�ances de pilori !

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist� est purement fortuite, bien s�r.


[1] L’Hebdo, n°698, du 21 au 27 juillet 2003.

[2] Il ne faut pas confondre la Fronde contre Louis XIV enfant, et Thierry la Fronde s�rie t�l�vis�e pour les enfants.

[3] Il ne faut pas confondre frontiste et frondeur, qui parfois peuvent s’allier et parfois se d�tester, voir Ast�rix chez les Goths.

[4] Vivre � La Garde, n°164, juillet-ao�t 2003.