Toulon vote son budget

 

vendredi 26 décembre 2003
par Gilles Suchey

vant une pr�sentation plus technique de Jean-Pierre Gouallec [1], Hubert Falco r�affirme ses choix avec force et d�termination. En pourcentages, en euros, en francs et en centimes - c’est-�-dire en francs d’avant 1960 -, le maire �gr�ne son chapelet de chiffres de fa�on � ce que les (vieux) mal comprenants d’en bas int�grent bien le discours.

Tout de suite, il s’agit d’affirmer que si "Toulon ne peut r�ussir seul", "nos partenaires ont aussi besoin de la dynamique toulonnaise". La ville, les collectivit�s locales et l’Etat ont pu instaurer "une relation de confiance gr�ce � la rigueur et au dynamisme de l’action communale". Emport� par son enthousiasme, il expliquera plus tard que Toulon, l’agglom�ration TPM et le conseil g�n�ral du Var, "c’est la m�me personne ! Euh... C’est nous tous ensemble" [2]. Sachant que par ailleurs, bien install� dans sa position de membre de gouvernement, notre homme n’h�site pas � d�clarer que "l’Etat, c’est Moi", on comprend � quel point cette "relation de confiance" a du �tre d�licate � construire... Aujourd’hui, il n’y a gu�re que le Conseil r�gional pr�sid� par le socialiste Michel Vauzelle qui puisse �ventuellement freiner ses ardeurs. Enfin bref. Selon le maire pr�sident et sous-ministre, "le fruit du partenariat s’�l�ve � 500 millions d’euros".

Le budget toulonnais 2004 (340 millions d’euros) est "r�aliste, rigoureux et ambitieux". Au menu, des projets structurants, tel ce "p�le d’enseignement sup�rieur d’excellence au centre ville", dossier "d’int�r�t national" qui co�tera 4,5 millions � la ville, la requalification de certains espaces publics, comme la place de la Libert� (3,5 millions en investissement), l’h�pital (un projet de 250 millions), le quartier de Sainte Musse, l’avenue de la R�publique ou la gare routi�re, dossiers qui ne pourraient aboutir sans l’heureux concours des collectivit�s partenaires. Merci � elles. "Un souci de l’anticipation, une politique fonci�re dynamique", donc, bien que Toulon soit la "commune la moins riche des villes de plus de 100000 habitants". "Entre 2001 et 2004 l’effort d’investissement a plus que doubl�", et pourtant, c’est magique, "l’effort fiscal demand� aux toulonnais est en baisse par rapport aux communes de la m�me strate".

Pas de sonotone pour Falco !

L’auditoire de la salle Andr� Seguin sait d�j� que l’opposition municipale peinera � trouver un angle d’attaque devant un tel tableau. Robert Alfonsi (PS) et Lorenzo Mat�os (PC) �voqueront la politique sociale et les subventions aux associations, discuteront quelques choix pour justifier leur futur vote n�gatif, mais on sent bien que le coeur n’y est pas.

Deux points notables, toutefois :
  2004 : une poign�e de bus �lectriques, et cent vingt mille bagnoles. Dans sa pr�sentation, Falco n’aura pas un seul mot pour le tramway. M�me pas pour dire que le projet, engag� il y a une vingtaine d’ann�es, est report� sine die. Par contre, il se gargarisera de l’engagement de l’Etat pour le second tube de la travers�e souterraine [3]. Il confirmera aussi la r�alisation de 300 places de parking sous la place du march� mourillonnais (co�t : 15 millions, "pour r�am�nager les rues commer�antes"), et affirmera "l’urgence" � acqu�rir le terrain de la Loubi�re dont EDF est pour l’instant propri�taire. "Apr�s, on verra l’utilisation qu’on peut en faire. Mais pourquoi pas un parc de stationnement ? De toutes fa�ons il y a une urgence, il faut transf�rer la fourri�re municipale..."
  2004 : troisi�me ann�e cons�cutive sans augmentation d’imp�ts ! "La politique financi�re repose sur trois param�tres simples : 1) ne pas augmenter les imp�ts ; 2) d�sendetter la ville ; 3) accro�tre la capacit� d’investissement". Toulon parade, alors qu’en moyenne nationale la pression fiscale augmente de 1,7% ! Hubert, comment fais tu ? Mais quelle est donc ta recette ? Bah, c’est facile : "si on g�re la dette au jour le jour, on fait des produits financiers importants, croyez moi". Ah bon, d’accord. Rien � voir avec le fait que les contribuables des communes varoises [4], afin de se faire "tirer vers le haut" gr�ce au renouveau de la ville-pr�fecture, soient appel�s � boucher ses trous budg�taires ? Je te tire si toi tu bouches ? Les esprits retords, s’ils lisaient Cuverville, pourraient trouver ces propositions contradictoires et pas tr�s catholiques en une avant-veille de No�l.

Voil�, c’est tout pour le budget. Mais la s�ance n’est pas achev�e pour autant, car le Conseil municipal doit aborder d’autres probl�mes importants :

[1] 5�me adjoint : finances, administration g�n�rale, personnel.

[2] Rappelons que Hubert Falco est maire de Toulon et aussi pr�sident de TPM. Rappelons qu’Horace Lanfranchi, qui lui a succ�d� � la t�te du Conseil g�n�ral pour cause de cumul de mandats, �tait son poulain. Rappelons que le partenariat enthousiaste entre Conseil g�n�ral et ville de Toulon remonte � 2001, alors que Falco pr�sidait encore la collectivit� d�partementale.

[3] 53 millions de cr�dits suppl�mentaires pour un co�t estim� � 206 millions. Quatre ans de chantier � d�buter en 2005. Enfin peut-�tre.

[4] Cher lecteur, tu es invit� � communiquer, suite � cet article, l’augmentation des imp�ts d�cid�e par ta commune, afin de participer � l’effort r�dactionnel de ton journal.