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Le maire de la Garde r��duque la jeunesse
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vendredi 9 avril 2004

par Gilles Suchey

Jean-Louis Masson est d�sormais conseiller g�n�ral de la Garde (Var). Un canton lib�r� du joug communiste, malgr� une propagande calomnieuse orchestr�e par des profs d’extr�me-gauche. Ces activistes profit�rent en effet de la campagne �lectorale pour �diter un br�lot, soi-disant "journal scolaire", violemment orient� contre les forces de progr�s UMP.

ans le cadre des "Nouvelles Technologies Appliqu�es", l’�quipe p�dagogique du coll�ge Jacques-Yves Cousteau propose � un groupe d’�l�ves de quatri�me de publier un journal scolaire. Objectif : d�couvrir l’activit� de journaliste, le processus et les contraintes de l’�dition.

Le premier num�ro du H�risson des mers voit le jour avant les vacances de f�vrier 2004. On y traite de bowling, de syst�me solaire, de peer to peer et autres bricoles glan�es sur internet. Pour pimenter leur canard tir� � quelques dizaines d’exemplaires puis distribu� aux copains, trois coll�giens ont sign� autant de canulars.

Quelques semaines plus tard la ville est entra�n�e dans la tourmente �lectorale. Le maire UMP �lu en 2001, Jean-Louis Masson, soumet sa candidature aux gard�ens dans le but de ravir le canton � l’ancien maire communiste Yvon Robert.

Entre les deux tours de scrutin, le principal du coll�ge apprend que le maire porte plainte contre lui, en sa qualit� de directeur de publication du H�risson des mers. L’�quipe p�dagogique pense d’abord � un poisson d’avril anticip�. Mais quand la Police nationale invite le principal � faire une d�position au commissariat, tout comme elle se rend au domicile d’un �l�ve ayant particip� � l’aventure du journal, plus personne ne rit.

Ce coll�gien pensait signer un canular, Masson l’estime auteur d’un article diffamatoire. De quoi est-il question ? De fesses ? De harc�lement ? De r�pression syndicale ? De collusion avec le Front national ? Non, bien pire :

Masson pr�tendra devant les cam�ras de FR3 que cet article a �t� reproduit sous la forme d’un tract et distribu� pendant la campagne �lectorale dans les bo�tes aux lettres de la ville. Aux derni�res nouvelles, il serait le seul � l’avoir re�u, m�me s’il para�t qu’Yvon Robert a �voqu� le petit journal lors d’un meeting. Selon l’�quipe p�dagogique, une vingtaine de H�risson au plus ont �t� �coul�s.

Le procureur de la R�publique, qui a le sens du ridicule et d’autres dossiers � traiter, d�cide rapidement de classer l’affaire. Le plaignant concentre alors sa rage sur ces profs irresponsables qui n’enseignent pas la "v�rit�" et instrumentalisent nos ch�res t�tes blondes.

Un des objectifs du journal scolaire est d’apprendre aux �l�ves � d�coder la presse par une lecture critique. Ne jamais isoler un propos de son contexte �ditorial. Savoir que les girafes sont originaires d’Afrique. Appr�cier la farce enfantine. "Si monsieur le maire ne sait pas lire un texte, qu’il ne vienne pas donner des le�ons d’�ducation", temp�te un des profs effar� qu’un acte p�dagogique puisse � ce point d�river sur le terrain politique, voire judiciaire.

Ein reich, ein volk, ein journal. "La libert� de la presse est un principe fondamental, pas la diffamation" affirme Masson [1] qui en conna�t un rayon, dans la mesure o� il se trouve lui-m�me directeur de publication de l’excellent Vivre � la Garde, p�riodique municipal � la ligne �ditoriale irr�prochable.

Les profs du coll�ge J-Y. Cousteau invitent le maire � venir d�battre de journalisme dans leur classe. L’ancien gendarme osera-t-il se rendre dans ce bourbier crypto-bolchevique que repr�sente un �tablissement public d’enseignement secondaire ? Il a sans doute mieux � faire maintenant qu’il est �lu.

Le prochain num�ro du H�risson des mers devrait �tre consacr� au tourisme, mais la motivation de l’�quipe r�dactionnelle a baiss� d’un cran. Le journal ne sortira peut-�tre plus de l’enceinte du coll�ge.

Finalement, c’est une belle le�on de journalisme que prodigue le maire. Aux Albert Londres de demain il enseigne, de fa�on � peine caricaturale, ce que devront �tre leurs rapports avec le milieu institutionnel.
Remarque : Masson a attendu "la semaine de la presse" c�l�br�e dans les �coles de l’Hexagone pour porter plainte. Un sens aigu du timing.


[1] Var matin, 30 mars 2004.