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LETTRE D'INFORMATION |

Un caprice culturel de Falco

dimanche 18 janvier 2004
par Gilles Suchey
Cela se passe � Toulon autour de la place de la Libert�. Le complexe Path� jadis install� rue Peiresc s’est d�plac� de quelques m�tres pour accro�tre sa capacit� d’accueil. Et surtout, pour justifier la construction du « Palais Libert� » dont il devient le principal occupant. Le Royal, cin�ma labellis� Art et essai, s’imagine d�j� en locataire des locaux d�sert�s. Dommage, le maire a un autre projet.

DEUX motivations principales au d�m�nagement du Royal, seul cin�ma offrant ici une alternative aux blockbusters hollywoodiens : la premi�re concerne son succ�s et la saturation r�currente des trois salles de la rue Bertholet. La seconde est aussi relative � l’exigu�t� du lieu : Christian Braschi, directeur, a jusque-l� fait le choix d’une programmation primeur : des nouveaut�s, des d�bats �v�nementiels, mais pas de r�trospective ni de cycle th�matique. Passer de trois � six salles permettrait d’�toffer le menu.

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Situation en janvier 2004

Vases communicants ? L’animateur du Royal sollicite l’H�tel de ville au d�but de l’�t� 2003 quand il apprend le transfert prochain du Path�. Son argumentation laisse Falco de marbre. Mais la nature du projet, un cin�ma �largi et augment� -pourquoi pas- d’un caf� associatif o� les spectateurs se retrouveraient entre deux projections, suscite l’enthousiasme du public. Une p�tition s’impose, le courrier commence � s’accumuler en mairie.

Tandis que Sarko fiche les d�linquants sexuels, Falco fiche le public du Royal. Touch�, le maire se fend d’une lettre envoy�e � titre individuel � chaque signataire de la p�tition. A ce sujet, ayons une pens�e affectueuse pour les petites mains charg�es de collecter sur listes �lectorales ou minitel quelques centaines d’adresses :
« J’ai bien pris connaissance de votre p�tition par laquelle vous attirez mon attention sur la situation du cin�ma « Le Royal ». Vous regrettez en effet que ce complexe cin�matographique soit limit� dans le choix de ses projections en raison de l’exigu�t� de ses locaux et vous souhaiteriez qu’il puisse s’installer � la place du Path� Libert�. Je comprends votre d�marche car tout comme vous, j’appr�cie les programmations du Royal qui se distinguent par leur qualit� et leur originalit�. Je me permets d’ailleurs de vous rappeler que lorsque je pr�sidais le Conseil G�n�ral, nous avons sauv� le Royal en le subventionnant, d�s 1995, � hauteur de 100000 francs la premi�re ann�e, 150000 francs en 1996, 200000 francs en 1997, cette somme ayant �t� renouvel�e chaque ann�e depuis. De plus, s’est ajout�e � ces subventions de fonctionnement, une subvention exceptionnelle en 1998 de 800000 francs pour permettre la r�novation du b�timent. Ainsi, vous pouvez constater que j’ai toujours eu � coeur de pr�server ce cin�ma qui, indiscutablement, a sa place dans le paysage culturel toulonnais. Cependant, pour en revenir aux locaux de l’ancien Path� Libert�, la ville de Toulon les a rachet�s dans un but bien pr�cis : le conseil municipal de Toulon a d�cid� d’investir une somme importante pour cet achat afin de combler un v�ritable manque dont souffrent les Toulonnais en mati�re de salles de spectacles. Cet achat a �t� vot� dans le but d’installer dans ces locaux un �quipement th��tral qui fait cruellement d�faut � Toulon, et qui permettra de r�pondre � la demande de nombreuses associations en mettant � leur disposition les lieux d’accueil dont elles ont besoin de mani�re urgente. Vous comprendrez donc que, malgr� l’int�r�t que je porte au cin�ma « Le Royal », il m’est impossible de modifier la destination des locaux de la Place de la Libert�. »

Passons sur cette fa�on de lister les subventions accord�es comme s’il s’agissait de la faveur d’un roi et non d’argent public [1], et int�ressons nous aux orientations municipales.

Toquade. En 2001, dans un entretien accord� � Cuverville peu avant son �lection, Falco pr�voyait d�j� de remplacer le Path� par un th��tre. « On pourrait envisager un v�ritable p�le culturel autour de la place de la Libert� », disait-il � l’�poque. Un arbitrage donc tr�s ant�rieur � la d�cision r�cente du Conseil municipal : le moins qu’on puisse dire est que le maire a de la suite dans les id�es. Dans l’organe de propagande toulon m�diterran�e magazine dat� de janvier 2004, il s’emballe : « [la place de la Libert�], coeur de la ville, a une valeur symbolique tr�s forte car elle constitue la vitrine de la cit�. A ce titre, elle doit incarner notre volont� de redonner � Toulon un cadre d�cent et l’image d’une cit� vivante et dynamique ». 4 millions d’euros sont inscrits au budget toulonnais pour des travaux d’�quipement de la place. L’opposition conteste l’urgence d’une telle d�pense, mais l’urgence consiste peut-�tre � mettre en valeur un Palais libert� qui peine � attirer chalands et locataires... Notons toutefois que lors de l’ultime conseil municipal de 2003, dans son plaidoyer pour la r�novation de la place, Falco n’a pas �voqu� une seule fois l’am�nagement du futur th��tre. Les frais viendront donc s’ajouter aux 4 millions pr�vus, plus 1,5 million d’euros d�j� d�pens�s pour l’achat de l’ex-Path�. Gageons que les toulonnais n’ont pas fini de contempler la pancarte install�e prestement par les services municipaux au dessus de la vitrine.

Coquille vide ? Concernant les futurs am�nagements, les sp�culations vont bon train. Th��tre classique ? Salle polyvalente (fourre-tout nettement moins on�reux) ? Annexes destin�es aux associations culturelles pour qu’elles y organisent des ateliers ? Et quel type de spectacles ? A d�couvrir la programmation hivernale des trois th��tres municipaux de Toulon d�j� existants, on peut s’inqui�ter : le th��tre Poquelin propose "le p�re No�l est une ordure" [2], le caf�-th��tre de la porte d’Italie vous invite aux "petits d�lires d’un gaulois sans filtre", et enfin l’Op�ra sugg�re une soir�e plus c�r�brale avec "un homme parfait", pi�ce dont l’acteur principal est Guy Montagn� (mais il est vrai que l’Op�ra d�pend aujourd’hui de l’agglom�ration TPM). C’est ce qu’on appelle du choix. Avant d’envisager de nouveaux espaces « qui font cruellement d�faut � la ville », il faudrait peut-�tre reconsid�rer la politique culturelle. Car l’innovation th��trale est un sport de combat, disait la sociologue Jackie Sardou.
Autre remarque : m�me s’il ne faut pas bouder le principe d’une salle suppl�mentaire, est-il n�cessaire de viser si spacieux ? Ne pourrait-on se contenter de locaux de la taille de l’actuel Royal et investir celui-ci apr�s son d�m�nagement sur la place de la Libert� ?

En janvier 2004, les signataires de la p�tition se chiffrent � plus de 2600. Mais Falco tient le cap, il fera son th��tre l� o� il a d�cid� de le faire. « Il est des vents qui rugissent, sifflent, rallent [sic], et miaulent, d’autres qui chassent les nuages et font place au ciel bleu » chante-t-il dans toulon m�diterran�e magazine. A le lire, on comprend soudain pourquoi cette obstination : �l�ve appliqu� de l’Actors studio dirig� par Jean-Pierre Raffarin, il s’est d�couvert un avenir dans l’Art lyrique.

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[1] Selon Christian Braschi, quoique non n�gligeables, ces subventions restent mineures au regard du budget du Royal. Le cin�ma est administr� sous couvert d’une association loi 1901, est propri�taire de ses murs et comptabilise pr�s de 100000 spectateurs par an. Avec des tarifs entre 4,5 et 6,5 euros la place, faites le compte.

[2] Le th��tre Poquelin programme aussi des pi�ces de Moli�re, de Feydeau, de Labiche, c’est-�-dire des jeunes auteurs tr�s peu jou�s.

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  • > Un caprice culturel de Falco 6 juillet 2004, par (6 r�ponses)


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