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Caisse d’Epargne : petits votes entre amis
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mardi 11 mars 2003

par Sagamore

De la fa�on la plus aimable de verrouiller les �lections au directoire de la Caisse d’Epargne. Exemple pratique, la Caisse d’Epargne C�te d’Azur.

a Caisse d’Epargne C�te d’Azur (CE CAZ) va �lire son nouveau Conseil d’Orientation et de Surveillance (COS). L’actuel a en ce moment comme Pr�sidente Madame Pieroni Mignon.

Cette �lection a �t� pr�c�d�e de celle des Conseils d’Administration des Soci�t�s Locales d’Epargne (SLE), treize en tout sur le territoire de la caisse d’Epargne CAZ, qui couvre les deux d�partements des Alpes Maritimes et du Var. Si vous vous �tes port�s acqu�reurs d’une ou plusieurs parts sociales (v�rifiez, il ne s’agit pas toujours d’un acte volontaire ! !) vous avez peut �tre eu la possibilit� de participer au vote. Suspense insoutenable : le COS, en effet, est lui m�me l’�manation des treize SLE. Le r�sultat constitue-t-il une immense surprise ? Ah, quand m�me, un d�tail important : comment se d�roulent les votes ? La Caisse d’Epargne est une soci�t� coop�rative, et "un homme �gale une voix", que vous ayez une part sociale, ou cinquante, ou cent... A la rigueur, un autre soci�taire peut vous donner une procuration, et une seule. Bel exemple de d�mocratie, non ? ?

Sauf que... C’est le Pr�sident du Directoire [1], Jean Merelle sur CAZ, qui �tablit l’ordre de pr�sentation des candidats sur la liste propos�e dans chaque SLE, comme en 2000. Les premiers de la liste sont �lus, jusqu’� concurrence du nombre de si�ges. S’il y a 18 si�ges, et que M. le Pr�sident du Directoire vous pr�sente en 19�me position, vous �tes mal. Donc, vous avez tout int�r�t � ce que le Pr�sident du Directoire vous mette en t�te. D’autant que le jour de l’Assembl�e g�n�rale de la SLE, les absents sont r�put�s approuver les "propositions" du Pr�sident, qui est pr�sent, lui, et qui vote ainsi � leur place : seul cas ou le nombre de "procurations", en quelque sorte, est illimit�. Il y a entre 100 et 200 pr�sents, chacun disposant d’une voix, voire deux s’ils ont une procuration. Ils peuvent demander � "inverser" l’ordre de pr�sentation des candidats, histoire de mettre le vingti�me candidat en premi�re position. Mais il y a entre 1000 et 1200 absents... qui assurent sans coup f�rir la "victoire" des candidats du Pr�sident du Directoire ! ! Apr�s tout, me direz vous, ils n’ont qu’� �tre l�...

Voil� comment le Pr�sident choisit les administrateurs de la SLE.

Ceux ci d�signent ensuite leur repr�sentant � l’Assembl�e G�n�rale des soci�taires, le plus souvent la t�te de liste et pr�sident de la SLE, et l’Assembl�e �lit le COS. R�sultat logique : les treize pr�sidents de Soci�t�s Locales d’Epargne sont �lus au Conseil d’Orientation et de Surveillance. Deux autres membres sont choisis par les salari�s (dans ce cas l�, le scrutin a lieu de fa�on "normale", le Pr�sident du Directoire ne peut pas intervenir), et les deux derniers, enfin, se trouvent �lus directement par les collectivit�s territoriales pour celles soci�taires de la CE.

Ainsi constitu�, le COS d�signe son Pr�sident... et �galement le Pr�sident du Directoire ! Enfin, il le "propose" � l’agr�ment de la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne, qui a invent� ce processus avant de nommer en 2000 les gens charg�s de l’appliquer...

Le Pr�sident du Directoire est donc logiquement cautionn� par des �lecteurs qu’il a lui m�me pratiquement d�sign�s. Un bel exemple de d�mocratie, disions nous. Aucun dictateur n’a en effet trouv� le moyen de faire aussi bien : avoir 100 % des voix, en ayant choisi lui m�me ceux qui votaient, le tout sans que personne ne s’�meuve outre mesure...

En France, c’est le Parlement qui, en 1999, sous Jospin, a concoct� cette r�forme, avec l’appui des d�put�s de gauche et l’abstention des communistes. Le journal Lib�ration tirait alors "Vote au soviet des Caisses d’Epargne" [2].

Depuis, d’ailleurs, les Caisses d’Epargne, poursuivant peut �tre dans la voie de la bolchevisation, ont particip� au rachat de l’Humanit� ! !

Ajoutons que la droite n’avait rien trouv� � redire, et qu’en 2003, le m�me m�canisme est en place.

Cette ann�e, sans doute pour montrer sa volont� de dialogue social et son amour des syndicats, M. Merelle a une nouvelle fois d�sign� comme t�te de liste de la SLE de Nice Ouest le Secr�taire de l’Union d�partementale Force Ouvri�re des Alpes Maritimes. Ce dernier a donc �t� reconduit comme Pr�sident de la Soci�t� Locale d’Epargne, et, du m�me coup, membre du COS. Patron, en quelque sorte, d’une entreprise o�, bienheureux hasard, le syndicat FO est devenu majoritaire. Il �tait donc inutile de faire des sondages sur les intentions de vote : le r�sultat �tait couru d’avance.

La seule incertitude concerne la volont� de l’actuelle pr�sidente du COS de le rester. Et de savoir si M. Merelle restera lui m�me Pr�sident du directoire, ou demandera � partir sous d’autres cieux. Si c’�tait le cas, il emporterait avec lui les regrets de M. Falco, notre Ministre des Anciens. Il a en effet vendu l’ancien si�ge de la caisse d’�pargne de Toulon, place de la Libert�, � TPM... Au grand d�sespoir des salari�s de cette ex-Caisse... Que voulez vous, garder les symboles, �a n’am�liore pas les r�sultats � court terme. En plus, M. Merelle vient de la Caisse d’Epargne de Versailles, qui �tait, avant la p�riode des fusions de 1991-92, la rivale directe de celle de Toulon dans le classement national. Des mauvaises langues pensent que M. Merelle vient ainsi de r�gler un vieux compte... sur le dos des Toulonnais !


[1] Le directoire fixe un plan triennal "d’orientations strat�giques", bas� sur les directives nationales de la Caisse d’Epargne, et le soumet au COS. Il pr�sente aussi le bilan, les comptes de la caisse, etc. Le COS approuve (ou non. En l’occurrence, ce serait plut�t oui, lisez la suite). Il �met quelques voeux (pieux), et fixe le montant du taux d’int�r�ts servi aux porteurs de parts sociales.

[2] Edition du 14 Juin 2000.