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LETTRE D'INFORMATION |

Sanary et Six-Fours, stations baln�aires qui puent

dimanche 17 août 2008
par Gilles Suchey
Deux communes voisines. Rivalit� des maires, d�cisions incons�quentes et n�gligences administratives pourrissent la rivi�re mitoyenne ainsi que la vie des riverains, depuis pr�s de trente ans.

LA Reppe prend sa source au Nord du Beausset.

Embouchure de la Reppe. � l’Est du pont, Six-Fours-les-plages. � l’Ouest, Sanary-sur-Mer (Google earth).

Elle file sous terre (hors crue), traverse Evenos, jaillit en surface sur la commune d’Ollioules, replonge, �merge peu avant la M�diterran�e o� elle termine sa course entre Six-Fours et Sanary.

Les cours d’eau sont d�cid�ment p�nibles : ils rebondissent selon des m�andres �chappant � toute logique urbaine. Il faut les m�ter.

L’Homme s’attaqua � l’estuaire de la Reppe. Surtout l’Homme UDF, dans les ann�es soixante-dix. L’homme UDF se pr�occupa du nombre de parkings � proposer aux touristes souhaitant bronzer sur les plages avoisinantes, un peu moins de la pr�servation de l’�cotone. Les �lus ignoraient d’ailleurs jusqu’� l’existence de ce mot, �cotone [1], quand ils b�tirent en 1979 les deux �pis qui conditionnent aujourd’hui le delta de la rivi�re. La digue de Six-Fours fait 70 m�tres, celle de Sanary 180. Sanary a donc la plus grosse.

Pour exprimer son indignation, la Reppe se mit � d�gager des odeurs pestilentielles, dans son cours ultime, le long d’immeubles et de maisons individuelles. Depuis, la presse quotidienne nous apprend chaque ann�e (en g�n�ral au d�but de l’�t�) que les riverains n’en peuvent mais, qu’il faut faire quelque chose, que �a ne peut plus durer. 1979-2008 : voil� presque trente ans que �a ne peut plus durer. Autant dire epsilon, au regard de l’�chelle temporelle locale [2].

D�j�, en 1982... Outre les odeurs, on sent bien qu’une "amiti�" ind�fectible lie les deux communes voisines (le docteur Baptiste est alors maire de Six-Fours).

La Reppe n’est pas une rivi�re domaniale. Quiconque ach�te un jardinet la surplombant devient propri�taire — et donc responsable — des m�tres cubes d’eau relatifs [3]. Les riverains ne sauraient toutefois assumer une gestion globale du site. Apr�s les crues dramatiques de 1973, les neuf cit�s figurant au trac� de la Reppe ou du grand Vallat [4] install�rent en mairie de Sanary un syndicat intercommunal charg� de veiller sur les deux rivi�res. Missions : anticiper les probl�mes, alerter les pouvoirs publics, proposer des solutions et pourquoi pas, engager des travaux. Pour financer la structure, les habitants furent mis � contribution [5].

Malgr� le syndicat, l’estuaire de la Reppe resta envas�, son cours sali par des pollutions diverses, ses rives urbanis�es. Les amoureux du cours d’eau regrettaient la n�gligence des autorit�s dites comp�tentes et les riverains, dans des revendications nettement moins d�sint�ress�es, se consid�raient eux-m�mes abandonn�s par les pouvoirs publics (ce qui n’emp�cha pas Jean-S�bastien Vialatte et Ferdinand Bernhard, respectivement maires de Six-Fours et Sanary, d’�tre r�guli�rement r��lus).

Des conseils de copropri�t� se sont organis�s — c’est la r�sistance canal Clochemerle.
On a invent� une Amicale de la Reppe — r�sistance canal �colo.
Depuis un quart de si�cle, les requ�tes crois�es des uns et des autres font la navette entre les �diles, le syndicat intercommunal, la Pr�fecture, la Direction D�partementale de l’�quipement et diverses officines plus ou moins sp�cialis�es.

Diagnostics
Le fait est qu’aucune �tude d’impact rigoureuse, qui prendrait en compte chaque �l�ment du dossier, ne semble avoir �t� jamais conduite. R�sultat : les diagnostics, forc�ment partiels, divergent quand ils ne s’opposent pas, et les solutions envisag�es de mani�re ponctuelle n’ont pas r�solu le probl�me.

En 1998, le syndicat de la Reppe affirmait dans une lettre � la DDE que « l’ensablage important [de l’estuaire] entrave l’�coulement naturel de la rivi�re et emp�che le retour en mer des posidonies amen�es par la houle lors des largades [6] ». La plante marine stagne et finit par pourrir, d’o� l’odeur. Cette th�orie favorable au curage de l’estuaire a longtemps domin� les d�bats et tient encore la corde chez les savants attabl�s au zinc � l’heure de l’ap�ro.

Changement de cap : selon des rapports distincts du Centre d’�tudes Techniques de l’�quipement et du Minist�re de l’Agriculture datant de 2001, « il appara�t inutile d’essayer de r�soudre le probl�me soit par curage soit en interrompant le transit des feuilles de posidonies, lesquelles ne concourent sans doute que tr�s peu � la formation des vases ». « Du fait d’un curage trop important et d’une acc�l�ration de la circulation de l’eau dues aux berges endurcies et redress�es par des murs, le fond du lit a �t� descendu de peut-�tre 50cm en 30 ans. On voit bien cet affaissement de part le d�caissement des fondations des murs de berge et des travers�es d’assainissement, gaz et �lectricit�, qui, d’origine, devaient �tre enterr�es et invisibles. Cette descente permet aux eaux du mar�cage ancien d’�tre � fleur d’o� ce probl�me d’odeur ».

Solutions
Dragages et curages furent entrepris — sans effet sinon celui d’emboucaner davantage les riverains au moment des travaux.
On d�versa de la craie comme alternative au curage apr�s le rapport des experts de l’�tat. Sans effet � moyen terme.
On pr�conisa la construction d’un radier, la couverture de la rivi�re, l’extension des digues !
Enfin, le maire de Sanary connut la r�v�lation en regardant l’int�grale des Shadocks � la t�l� : « j’ai propos� au syndicat une solution, celle de pomper l’eau de mer pour faire EFFET CHASSE. Tout le monde �tait d’accord, c’est � dire tous les repr�sentants des communes concern�es qui phosphorent sur le sujet depuis plus de 20 ans, sauf le maire de Six-Fours qui a refus� pour cause de pollution de ses plages adjacentes » [7].

C’est jamais moi, c’est toujours l’autre. La vieille rivalit� entre Sanary et Six-Fours �claire, au del� du ping-pong administratif et de la mollesse end�mique du syndicat de la Reppe (l�ch� d’ailleurs, au fil des ans, par cinq communes sur neuf), la situation dans toute sa dangereuse absurdit�.

Car il y a bien plus grave que les odeurs, m�me si ces derni�res minent au quotidien le moral des riverains : les risques d’inondation.

Le PPRI de la Reppe (Plan de Pr�vention des Risques d’Inondation) est en discussion depuis 1999, date � laquelle il fut prescrit par le Pr�fet du Var. Son �laboration flotte quelque part entre les trois communes concern�es, Ollioules, Six-Fours et Sanary.
Cela signifie qu’aucun outil d’envergure n’est aujourd’hui op�rationnel pour pr�venir les crues et limiter leurs effets, sachant que l’envasement de l’estuaire ne peut �tre qu’un facteur aggravant [8]. « Les petits fleuves c�tiers comme le Grand Vallat, la Reppe, le Batailler, le Pr�conil sont affect�s par des crues torrentielles. Pour ces cours d’eau, dont les bassins versants se mesurent en quelques kilom�tres carr�s, voire dizaine de kilom�tres carr�s, le temps de mont�e de la crue est rapide » explique la Pr�fecture. Et dans une mouture du PPRI datant de 2003, la DDE pr�vient : « en cas de crue exceptionnelle (centennale), les d�g�ts mat�riels seraient consid�rables [...] Les secteurs d’habitats (maisons individuelles et immeubles collectifs) sont pr�dominants dans le champ d’inondation. La population r�sidente en zone inondable est probablement au nombre de plusieurs milliers [9] dans des secteurs o� l’on constate parfois plus de deux m�tres d’eau. Dans de telles conditions, la probabilit� de pertes de vies humaines n’est malheureusement pas n�gligeable ».
Bah ! Le cas �ch�ant, Bernhard et Vialatte pourront toujours maudire la « catastrophe naturelle » en levant les bras au ciel.

Le maire d’Ollioules Robert Beneventi, qui ne saurait prendre part aux disputes opposant ses deux coll�gues, est charg� de l’�laboration du Sch�ma de COh�rence Territoriale de l’agglom�ration toulonnaise (SCOT), un machin « destin� � fixer de grands objectifs et orientations en mati�re de d�veloppement et de pr�servation du territoire ».
En octobre 2007, il r�pondait � la �ni�me supplique d’une repr�sentante de riverains de la Reppe ne sachant plus � qui s’adresser :

Vous avez bien lu : trois d�cennies apr�s le d�but de l’affaire, ceux qui le souhaitent peuvent contribuer au lancement d’une d�marche d’�laboration qui devrait permettre (au conditionnel) de d�finir des objectifs et des orientations. C’est certainement ce qu’on appelle le volontarisme en politique.

Rendez-vous dans trente ans.

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Lire aussi : les risques hydrologiques dans le Var.

[1] Espace o� deux �cosyst�mes de nature diff�rente (par exemple eau douce / eau sal�e) se rencontrent.

[2] Pour �tayer cette assertion en �voquant un autre sujet, rappelons que c’est avant 1980 que l’agglom�ration commen�a � se pencher sur l’opportunit� d’un tramway. En 2008, elle est toujours pench�e.

[3] Article L2145-2 modifi� du Code de l’Environnement : « le lit des cours d’eau non domaniaux appartient aux propri�taires des deux rives. si les deux rives appartiennent � des propri�taires diff�rents, chacun d’eux a la propri�t� de la moiti� du lit, suivant une ligne que l’on suppose trac�e au milieu du cours d’eau, sauf titre ou prescription contraire ».

[4] Cours d’eau voisin, partant du Castellet et achevant sa course dans la baie de Bandol.

[5] 1,15 euro par personne en 2003.

[6] Vents du large.

[7] Conseil municipal du 26 juin 2008.

[8] « Le PPRI est destin� � pr�server des vies humaines et � r�duire les co�ts des dommages caus�s par une inondation. Il a pour finalit� : d’�tablir une cartographie aussi pr�cise que possible des zones de risque ; d’interdire les implantations humaines dans les zones les plus dangereuses ; de r�duire la vuln�rabilit� des installations existantes ; de pr�server les capacit�s d’�coulement et d’expansion des crues ».

[9] En gras dans le document.

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