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LETTRE D'INFORMATION |

Hubert Falco, le sp�cialiste

jeudi 3 avril 2008
par Olivier Vermert

Le Maire de Toulon en sous-ministre de l’�cologie, c’est un peu comme si on offrait la Justice � Charles Pasqua ou l’�ducation nationale � Xavier Darcos.
La conscience, plus la passion, plus l’expertise.

HUBERT Falco revient au gouvernement ! Son secr�tariat d’�tat � l’Am�nagement du Territoire est une sous-branche du M�DAD dirig� par Jean-Louis Borloo, "Minist�re de l’�cologie, du D�veloppement et de l’Am�nagement Durables" [1].

Monsieur le Maire a su faire valoir ses comp�tences. L’am�nagement du territoire « correspond � mon travail, � ce que je fais pour ma ville, mon agglom�ration », confiait-il r�cemment � Var Matin.

En quoi consiste l’am�nagement du territoire ? La DIACT [2] explique qu’il s’agit de « renforcer l’attractivit� �conomique et la comp�titivit� des territoires fran�ais, notamment en accompagnant l’�mergence de p�les de comp�titivit�, et mieux anticiper les mutations �conomiques, en soutenant les acteurs territoriaux qui y sont confront�s, afin de d�velopper activit� et emploi » ; et aussi d’ « assurer la coh�sion et l’�quilibre entre les territoires fran�ais en conservant une r�elle solidarit� nationale au profit des territoires d�favoris�s, � travers l’ex�cution des projets structurants, la cr�ation d’infrastructures de transport et de communication num�rique, la modernisation des services aux publics ».
Cette pr�sentation riche en mots est bien pratique : elle permet de faire entrer dans le cadre � peu pr�s tout ce qu’on veut.

Un bilan �loquent

Hubert Falco fut Pr�sident du Conseil G�n�ral du Var entre 1994 et 2002, huit ann�es pendant lesquelles il a pu am�nager le d�partement � sa guise. Force est de constater que le Var voit ses d�s�quilibres se renforcer et son territoire se morceler avec la mise en place des intercommunalit�s. La c�te est toujours rong�e par l’urbanisme. L’agglom�ration Toulon Provence M�diterran�e a perdu 29% de ses espaces naturels entre 1973 et 2002, tandis que les superficies urbanis�es augmentaient de 169% [3]. Le centre-Var conna�t une urbanisation galopante, en attendant le haut-Var.

Et puis, l’eau se fait rare. Les pr�cipitations sont insuffisantes et les cours r�guli�rement � sec. L’inqui�tude des �diles grandit : comment faire pour arroser convenablement les pelouses de nos parcs, ronds-points et autres golfs ? Comment faire pour remplir les piscines ornant les villas de nos meilleurs �lecteurs ? � l’automne dernier, huit communes du d�partement [4] annon�aient triomphalement leur connexion au Canal de Provence qui leur permettra de pomper le Verdon comme le font d�j� tous les coll�gues ...tant qu’il y a de l’eau en amont du barrage.
Rappelons qu’en mati�re de « gestion coordonn�e des ressources », comme on dit, la Pr�fecture du Var publie r�guli�rement des arr�t�s visant � limiter la consommation d’eau. Rappelons que les communes du coin ne les respectent r�guli�rement pas.
� commencer par Toulon.
Toulon, c’est cette ville m�diterran�enne dont le maire continue d’inaugurer des parcs � l’Anglaise en janvier 2008, avec du gazon qui n�cessite un arrosage soutenu [5].

Toulon, c’est aussi cette ville parmi les plus ensoleill�es de France, balay�e par des vents violents 300 jours par an. Une ville dont les b�timents publics sont exempts de tout panneau solaire, une ville aux environs de laquelle on n’a jamais vu pousser la moindre �olienne.

Par contre, on peut savoir gr� � M. Falco de d�velopper durablement l’automobile et de laisser prolif�rer une pollution hors-norme. En 2007, Toulon a d�pass� pendant 117 jours les seuils d’alerte � la pollution atmosph�rique. Il faut dire qu’une autoroute qui d�bouche en coeur de ville, �a aide.

La r�alisation d’un tramway est envisag�e depuis une trentaine d’ann�es. Quand Falco a pris les commandes en 2001, il a commenc� par d�noncer les march�s pass�s par ses pr�d�cesseurs pour repartir sur des bases saines. Puis il a engag� des concertations (les bases saines), d�fini un Plan de D�placement Urbain qui sp�cifiait l’installation � moyen terme d’un tramway, �a y est, nous y voil�. Mais en novembre 2006 le maire annule tout, s’avisant soudain que le pneu est pr�f�rable au rail. R�sultat : on attendra encore une dizaine d’ann�es — au moins — avant le premier tron�on. C’est pas de l’am�nagement du territoire qui d�chire, �a ?

Une des plus belles, des plus audacieuses entreprises de la municipalit� Falco restera sans doute la r�fection d’une partie de la Corniche Escartefigue qui longe le Mont Faron au dessus de la ville : des dos d’�ne � faire saliver les amateurs de trial, un �clairage qui tue la nuit, un trottoir large comme les Champs �lys�es pour des pi�tons inexistants. Mais pas de piste cyclable.

Pourtant, de l�-haut, le spectacle est beau. On peut deviner de loin ce qu’on ne voit jamais de pr�s, � savoir ce qui se trouve derri�re les portes de l’Arsenal. On distingue tr�s nettement les sous-marins � propulsion atomique et la piscine nucl�aire paisiblement install�s � deux cents m�tres du centre ancien, d’un coll�ge et d’un complexe sportif accueillant les enfants des �coles. Les militaires ont expliqu� � Falco que les Toulonnais pouvaient dormir tranquille, et il n’y a aucune raison de ne pas leur faire confiance, n’est-ce pas ? Une des qualit�s requises pour travailler au minist�re de l’�cologie est en effet l’�coute et la compr�hension. Regardez Nathalie Kosciusko-Morizet : elle sait elle aussi �couter et comprendre, surtout quand les VRP de Monsanto lui expliquent les bienfaits de la vie transg�nique, mais revenons � notre sujet.

Les pistes cyclables, disiez-vous ? Ah oui, vous voulez sans doute parler de ces bandes blanches sur les trottoirs ?

Hubert Falco est tellement droit dans ses bottes qu’il n’a pas voulu dialoguer avec l’association �colo Toulon Var D�placements lors de la derni�re campagne �lectorale, tout comme il n’avait pas daign� r�pondre au questionnaire de Alternatives �conomiques qui enqu�tait sur les villes et le d�veloppement durable.

�a grenouille � l’Environnement

Hubert Falco revient au gouvernement ! Son secr�tariat d’�tat n’existait pas, Sarko l’a invent� � sa demande expresse.

Pourquoi une telle requ�te ? On aura compris qu’il n’est question ni de comp�tence, ni d’app�tence particuli�re pour l’am�nagement de l’Hexagone.

Par contre, Falco Hubert cherche des sous pour construire son busway (dans dix ans), et pourquoi pas, une rallonge afin d’achever le second tube autoroutier traversant sa ville dans la joie et la bonne humeur.

Surtout, il voudrait convaincre RRF (R�seaux Ferr�s de France), avec le comp�re Gaudin, de faire passer la future LGV Paca par Marseille et Toulon — contre l’avis de nombreux observateurs. Le co�t de cette option est estim� � deux milliards d’euros de plus que les projets alternatifs. Mais quand il faudra s’asseoir autour d’une table pour discuter gros sous et arbitrer le choix du trac�, gageons que le Secr�taire d’�tat � l’Am�nagement du Territoire saura pr�ter une oreille attentive aux propositions du Maire de Toulon.

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[1] Le M�DAD devient ainsi M��DDAT, "Minist�re de l’�cologie, de l’�nergie, du D�veloppement Durable et de l’Am�nagement du Territoire". France, terre d’acronymes.

[2] La D�l�gation Interminist�rielle � l’Am�nagement et � la Comp�titivit� des Territoires est fille de la DATAR (D�l�gation � l’am�nagement du territoire et � l’action r�gionale), cr��e apr�s la Seconde Guerre Mondiale pour mener � bien un r��quilibrage entre les r�gions fran�aises et Paris.

[3] Alternatives Economiques, Hors-s�rie pratique n°29, mai 2007.

[4] Partenaires du Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau des Communes de la R�gion Est de Toulon : Bormes, Carqueiranne, Collobri�res, Hy�res, La Crau, La Londe, Le Lavandou et Pierrefeu.

[5] Am�nagements de la Tour Royale.

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  • Hubert Falco, le sp�cialiste 11 février 2009, par (1 r�ponse)
  • Hubert Falco, le sp�cialiste 8 avril 2008 (1 r�ponse)


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