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LETTRE D'INFORMATION |

TCSP toulonnais : bus ou tramway, M. Chenevard nous m�ne en bateau

mardi 9 novembre 2010
par Charles Bottarelli

C’est fait. Sans concertation v�ritable, TPM s’appr�te � enterrer le tramway dont il est pourtant question � Toulon depuis 40 ans, pour nous mettre � la place... un gros bus. On admire alors l’exercice d’�quilibriste de M. Chenevard qui, dans une interview � Var Matin du 8 novembre, nous annonce que les �lus de TPM vont "choisir" le BHNS.

CET article fait r�f�rence � un entretien lisible ici.

Il a des pudeurs de jeune fille, l’adjoint aux transports. « La d�cision ne sera prise qu’en 2011. Ce serait insulter les �lus que d’anticiper leur vote ». Certes, certes, mais il nous annonce comment ils vont voter, simplement parce que c’est le chef qui l’a dit. On ne s’�tonnera pas que M. Masson, maire de la Garde, annonce qu’il « choisit » le BHNS [1], la solidarit� entre membres de l’UMP s’exer�ant. On s’�tonnera un peu plus de la position du maire de la Seyne, qui se dit socialiste, et qui, au nom sans doute de la d�fense des int�r�ts des salari�s qui vont s’entasser quotidiennement dans un BHNS inefficace, veut bien se laisser faire. Quant � tous les autres �lus de TPM, on aurait aim� les entendre depuis d�j� longtemps. Ont-ils au moins ouvert le dossier ?
Mais revenons � M. Chenevard dont l’interview en forme d’intox n�cessite quelques r�ponses.

« Le BHNS est en outre moins cher et les travaux sont plus courts ». Vrai en apparence, faux en r�alit�. L’argument du co�t est primordial puisque c’est le contribuable qui paye, mais encore faut-il donner � celui-ci tous les �l�ments de r�flexion. Il faut d’abord consid�rer qu’un am�nagement de ce type porte sur plusieurs g�n�rations, et que la diff�rence �ventuelle de co�t au d�part ne signifie pas grand chose eu �gard au service rendu. De plus, il convient d’appr�cier ce co�t en fonction du nombre de passagers pouvant �tre transport�s selon le mode retenu, point sur lequel nous reviendrons plus loin. On ne peut que renvoyer � l’�tude s�rieuse de l’association Toulon@Venir, qui se fonde essentiellement sur des chiffres �manant du tr�s officiel CERTU, organe d’�tudes du minist�re des Transports (pas vraiment un repaire de gauchistes), qui conclut � un montant d’investissement, certes sup�rieur de 15% pour la version rail, mais qui est �quivalent si on se r�f�re au nombre de voyageurs transport�s. Quant � la dur�e des travaux, d�s lors que m�me le BHNS n�cessite d�sormais le d�placement des r�seaux souterrains, cette dur�e est sup�rieure de deux mois pour le tramway. On notera de plus que, gr�ce � une nouvelle technique, il est d�sormais possible de poser 200 m�tres de rail par jour, ce qui n’existait pas jusqu’ici.
Et, � l’usage, l’exploitation du BHNS est plus on�reuse que celle du rail. Le mat�riel est moins p�renne, et le prix d’un seul pneu de bus est bien sup�rieur � celui d’une mobylette.
Enfin, si comme c’est plus que probable le BHNS s’av�re rapidement insuffisant, il faudra bien se r�soudre au rail. Il n’est pas certain que le contribuable appr�cie cette rallonge.

« Avec des rames de 24 m�tres, il (NDLR : le BHNS) peut transporter jusqu’� 4000 personnes par heure et par sens. C’est autant qu’un tramway et beaucoup plus que les 2600 pr�vus dans la DUP de 2005. » Archifaux ! Un BHNS peut transporter au maximum 3000 voyageurs / heure / sens alors que le tramway, gr�ce � sa longueur sup�rieure, en transporte 4200 selon le CERTU. Quant � la pr�vision de 2600 de la DUP [2] de 2005, elle est aujourd’hui largement d�pass�e puisque la r�alit� �tait, selon un comptage de la RMTT, de 3000 en 2006, que ce chiffre �tait r�cemment de 4000, et il ne pourra qu’augmenter au fil des ans. Donc, la capacit� du BHNS appara�t insuffisante d�s maintenant.
Mais M. Chenevard, homme ing�nieux, a trouv� le moyen de gonfler le BHNS. Il tient l’astuce pour aller au-del� des 3000 voyageurs / heure / sens que le CERTU lui attribue ; « 3000 si on prend une base r�f�rence de 4 personnes au m�tre carr�... La r�alit� se rapproche plut�t de six ou huit personnes par m�tre carr� dans les rames ». On se pince car on croit d’abord ne pas avoir compris. M. Chenevard ne prend pas souvent le bus. D�j�, 4 personnes au m�tre carr�, c’est beaucoup. Essayez de dessiner au sol un carr� de 1 m�tre sur 1, et entassez-y 8 personnes. Vous avez en gros deux rang�es de 4 individus. Le m�tre n’exc�dant pas 100 centim�tres, chaque individu ne doit pas avoir plus de 25 centim�tres d’�paisseur ! On ne peut tout de m�me pas remplir un bus rien qu’avec des anorexiques. L�, on est tent� de dire que M. Chenevard se fout du monde. On pourrait lui proposer �galement de placer des voyageurs � l’horizontale sur la t�te des verticaux. Au point o� nous en sommes...

Le grand atout du BHNS : sa mobilit�.

« Sans compter que le BHNS est mobile alors que le rail fige un v�hicule sur un circuit donn� ». Gros malin ! C’est justement l’un des �l�ments de la sup�riorit� du rail en mati�re d’am�lioration de la circulation et pour dissuader certains comportements de nature � provoquer des obstacles. Avec le rail, pas question pour le livreur en retard o� l’acheteur de clopes de se garer o� bon lui semble. On voit l� la limite des choix de M. Chenevard pour donner la priorit� au transport collectif sur l’individuel.

« Il s’agira d’avoir un TCSP, soit hybride, soit tout �lectrique ». Parler au futur, comme dit l’autre, �a ne mange pas de pain. Car un hybride, c’est quoi ? C’est, en l’�tat actuel de la technique un moteur diesel qui fabrique l’�lectricit� qu’il pourra employer de temps en temps dans des conditions pr�cises, c’est-�-dire pour de courts d�placements en ville. Mais l’essentiel de la motricit� demeure le diesel, merci pour l’air. Et un bus �lectrique ? En 2010, il n’en existe pas, sauf le trolleybus. Les constructeurs de v�hicules l�gers n’ont pas encore r�solu la difficile question de la dur�e d’autonomie mais M. Chenevard a certainement la solution pour le bus. Faire p�daler les voyageurs pour actionner une dynamo, peut-�tre ?

Il est dommage que l’interview publi�e dans la version papier de Var matin soit une version raccourcie de l’entretien figurant sur le site internet du journal. On ne peut que recommander ceux qui se branchent d’aller y voir. A la question du journaliste s’�tonnant que lorsque le "Grenelle de l’environnement" a permis aux collectivit�s qui le souhaitaient de pr�senter des dossiers visant � obtenir des subventions pour am�liorer leurs transports, TPM ne se soit pas manifest�, M. Chenevard r�pond que nous avions d�j� « par le pass� » obtenu une subvention, et que l’Etat n’�tait pas g�n�reux � ce point-l�. Ah bon ? Qui ne tente rien... Et m�me si � l’�poque le maire de Toulon �tait aussi... secr�taire d’Etat � l’am�nagement du territoire ?
Mais la meilleure perle est justement dans cette partie r�serv�e aux internautes. Dans la version papier, la r�ponse sur la question de la validit� de la DUP de 2005 a perdu sa derni�re phrase qui est celle-ci : « Je me demande parfois si il n’y a pas des lobbyistes du fer derri�re les partisans du tramway ». Quand on est � bout d’arguments... Les membres des deux associations, Toulon@venir et Toulon Var D�placements qui militent pour un vrai tramway, seraient donc b�n�ficiaires des stock-options des fabricants de rail ! Stipendi�s par Arcelor Mittal ! Consternant...

Au lieu de perdre son temps � d�montrer l’ind�montrable, M. Chenevard ferait mieux de chercher � savoir pourquoi, � ce jour, 25 agglom�rations dont certaines beaucoup plus petites que TPM, (Mulhouse, Angers, Le Mans...) ont choisi le tramway. Leurs �lus, de toutes couleurs, sont-ils des irresponsables ? Et pourquoi Aubagne et Avignon s’appr�tent � faire ce choix ? Une fois encore, une fois de trop, Toulon sera-t-elle cette ville marqu�e par l’archa�sme et l’absence d’ambition ? Quant aux villes qui adoptent le BHNS, ce n’est que comme compl�ment pour rabattre les voyageurs sur la ligne ferroviaire existante. Ce qui prime trop souvent chez nous, et depuis des d�cennies, c’est le manque de courage politique. Car il est vrai que partout o� on l’a install�, le tramway a suscit� des lev�es de boucliers � cause des perturbations entra�n�es par les travaux. Partout la question a �t� r�gl�e, et maintenant, les m�mes qui hurlaient r�clament des lignes suppl�mentaires.

Un dernier gag pour la route : dans son interview, M. Chenevard d�clare sans rire : « le BHNS est r�volutionnaire ». Salut, le Che !

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[1] Bus � Haut Niveau de Service.

[2] D�claration d’Utilit� Publique.

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  • La concertation 10 novembre 2010, par
  • Confusion des genres 10 novembre 2010, par
  • TROLLEY � TOULON 10 novembre 2010, par


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