QUEL avenir pour le r�seau ferroviaire m�diterran�en ? Va-t-on d�velopper les TER et l’intermodalit� ? Va-t-on « soulager le couloir autoroutier de l’actuel trafic de poids lourds et de voitures, en absorbant une partie du fret », comme semblent le r�clamer messieurs Falco, Lanfranchi et Estrosi [1] ? Va-t-on privil�gier le service rendu au public ?
...Ou va-t-on d�velopper le service rendu aux restaurateurs et aux sp�culateurs immobiliers ?
La c�te m�diterran�enne n’est plus seulement le bronze-cul de l’Europe, selon la terminologie employ�e il y a une trentaine d’ann�es. Elle voit son avenir en vaste r�sidence secondaire ou banlieue de luxe au fur et � mesure que les distances s’amenuisent. Grappiller une heure sur le trajet Paris-Nice en TGV n’aura peut-�tre pas d’influence sur le prix du billet, mais contribuera certainement � la promotion du m�tre carr� de logement. On peut faire encore plus cher, c’est s�r. Bienvenue aux jeunes. Bienvenue aux fonctionnaires. Bienvenue aux salari�s [2].
Mardi 8 mars s’ouvre � Toulon le d�bat public concernant le « Projet de liaison ferroviaire � grande vitesse en PACA » [3]. Il s’ach�vera le 21 juin prochain.
Les documents soumis au public comprennent, entre autres, le dossier de RFF [4] pr�sentant les objectifs ainsi que les solutions �tudi�es.
Falco, Lanfranchi et Estrosi contestent ce dossier et financent (avec vos p�pettes) une contre-expertise. Pensez : Parmi les trois sc�narios retenus par RFF, deux �cartent la liaison directe Marseille-Toulon-Nice de « l’arc latin » qui s’�tend de Barcelone jusqu’� G�nes. Un sc�nario propose le chemin Aix-Toulon-Nice, un autre Aix-Nice, avec des d�crochages (c’est-�-dire, en gros, sans rien changer � l’existant) vers les m�tropoles n�glig�es.
Deux sc�narios �cartant Marseille ou Toulon, ce sont au moins deux sc�narios de trop. Voil� pourquoi nos �lus ne souhaiteraient soumettre � discussion qu’une seule id�e - la leur - pour pr�server le citoyen de la rupture d’an�vrisme qui survient quand on r�fl�chit trop. C’est encore bien parti cette histoire.
On peut se demander pourquoi Falco tient absolument au passage de la voie rapide par Toulon. Pour « soulager le couloir autoroutier » ? Pour « rendre le meilleur service au plus grand nombre » ? Peut-�tre faudrait-il chercher les �l�ments de r�ponse d�cisifs dans cette intervention de Horace Lanfranchi, r�pondant aux questions du Point en mars 2003 : « il est impensable que nous soyons mis � l’�cart d’une ligne de TGV alors que notre d�partement est le premier de France en terme d’accueil touristique ». Il ne doit pas parler de l’accueil touristique du haut-Var, puisque la seule LGV qui soit digne d’int�r�t � ses yeux suit la c�te.
Quelques chiffres de RFF. Supposons que, par un heureux hasard, le sc�nario pr�f�r� de nos �diles aboutisse. RFF estime entre 700 et 900.000 le nombre de nouveaux voyageurs qui passeront par Toulon chaque ann�e. On va pouvoir augmenter le prix du caf� en terrasse. Gain de temps pour effectuer le trajet de la pr�fecture du Var vers la capitale : 30 minutes (de 3h50 � 3h20). Passionnant. Co�t du projet : une poign�e de milliards d’euros. Ah oui, quand m�me.
[1] Respectivement maire de Toulon, pr�sident du Conseil g�n�ral du Var et pr�sident du Conseil des Alpes maritimes. Propos tenus lors d’une conf�rence de presse le 10 f�vrier 2005, rapport�s par le mensuel M�tropole.
[2] Pour mesurer l’ampleur des d�g�ts, on lira avec int�r�t le livre blanc du logement dans les Alpes maritimes, disponible sur le site de la FAPIL - F�d�ration des Associations pour la Promotion et l’Insertion par le Logement.
[3] 18h/21h, palais Neptune, entr�e libre.
[4] R�seaux Ferr�s de France, soci�t� charg�e de la construction des voies ferr�es issue de la SNCF.