Offre politique m�diocre, d�bats indigents et "pipolisation" du personnel politique cr�ent un vide intersid�ral entre citoyen et classe politique.
Dans cet espace b�ant naissent des mouvements, des associations, des groupes de r�flexion plus ou moins formels, mais qui tentent tous de redonner un sens � la chose politique.
C’est le cas de la toute jeune association Mouvement Citoyen Gard�en qui propose de "rassembler les citoyens gard�ens soucieux de s’engager dans la vie de leur commune dans une d�marche de d�mocratie participative" et d’"agir sur le territoire de la commune de La Garde pour la promotion de la d�mocratie participative".
A l’occasion du premier diner-d�bat du MCG (le 6 juin dernier), sa Pr�sidente, St�phanie SUBY, se lance, devant le micro de Cuverville, dans le difficile exercice de l’argumentation.
QUI �tes-vous ?
Le Mouvement Citoyen Gard�en est officiellement n� en janvier 2007 mais travaille ardemment depuis octobre 2006. C’est une bande d’amis qui a d�cid� de se r�unir r�guli�rement pour d�battre de th�matiques politiques, ou, pour reprendre les vieilles expressions, pour s’occuper de la vie de la cit�.
On commence vraiment ce soir avec un d�bat sur la d�mocratie participative avec l’objectif de redonner aux citoyens les moyens de cog�rer leur environnement. C’est une vaste id�e qui n’a rien � voir avec l’anarchie. On entend tr�s souvent le terme de d�mocratie participative, terme aujourd’hui tr�s galvaud�. Nous nous le sommes r�appropri�s et l’avons associ� aux deux autres axes majeurs de notre association qui sont : le d�veloppement durable et la citoyennet�.
En fait, des th�mes hyper bateaux et donc hyper casse-gueule, mais on assume totalement. Pour nous ils ont une signification noble. C’est pourquoi 1°) on se documente, 2°) on d�bat et 3°) on essaie d’�changer avec d’autres.
C’est d’ailleurs un peu la nouvelle �tape de la vie de l’association : on a beaucoup d�battu entre nous pour savoir ce que devait �tre l’association, puis sur ce qu’on pouvait apporter aux gens et maintenant on emm�ne les gens � nos th�matiques via l’�change et � travers le t�moignage de personnes qui mettent d�j� en pratique ces th�matiques. C’est par exemple le cas ce soir avec la ville d’Aubagne.
Vous dites que le terme de d�mocratie participative a �t� galvaud�. Vous pensez aux derni�res �lections pr�sidentielles ?
Tous les candidats ont utilis� « le poids de mots et le choc des photos »... Ceci dit, le concept de jury populaire ne me faisait pas peur. Le probl�me est de savoir ce que l’on met derri�re. Est-ce une v�ritable volont� ou est-ce du marketing ?
Dans le MCG, il n’y a aucun enjeu personnel. C’est du d�bat d’id�es et on y croit. On est capable si l’on tombe sur une exp�rience de d�mocratie participative ou de jury populaire qui fonctionne, de se demander si cela peut fonctionner sur La Garde. Nous avons une d�marche purement intellectuelle sans aucun a priori.
La d�marche intellectuelle est certes n�cessaire, mais pour quoi ?
Il faudra en effet passer � l’action, mais il faudra aussi �tre plus nombreux au sein de l’association - c’est le but de ce type de r�union, rallier des gens. Quand les th�matiques seront consolid�es, nous verrons si nos propositions int�ressent de futurs candidats aux �lections municipales.
Vous vous pr�sentez comme un think tank ?
C’est un peu �a. Une bo�te � id�e.
Votre association pourrait-elle pr�senter des candidats ?
C’est une possibilit�. Il y a des gens charismatiques, d’autres pugnaces, d’autres encore, comme moi, qui ont d�j� �t� �lus dans d’autres villes et qui ont envie de faire de la politique autrement. Cela viendra. On y r�fl�chira. On a rencontr� beaucoup de personnes impliqu�es dans la vie politique de La Garde et des communes environnantes. Notre mouvement est transparent. Nos id�es sont disponibles sur notre blog. On ne peut pas faire mieux pour le moment. Quand le temps viendra, on verra ...
L’offre politique ne satisfaisant plus le citoyen, on assiste � l’�mergence de groupements associatifs qui s’apparentent au v�tre. Comment par exemple vous situez-vous par rapport � l’association Ensemble ? Ne craignez-vous pas de rajouter � la confusion ambiante ?
C’est le grand dilemme. Le cas d’Ensemble nous a fortement inspir�. Nous les avons bien s�r rencontr�s. Il y a quand m�me une petite diff�rence entre nous. Ils ont d�cid� de proposer leurs id�es � un parti politique. Le jeu est clair [1]. Ceci dit, peut-�tre nous noyons-nous dans la masse ? Nous l’avons vu sur le march� de La Garde. Les gens sont fatigu�s de recevoir des tracts politiques.
Le cr�do du MCG, quand bien m�me on soutiendrait un candidat, c’est de garder son autonomie. Le MCG n’est pas un parti, il n’a pas d’�tiquette et doit perdurer au del� de toute �lection � travers ses diners-d�bats et son travail de clarification de la chose publique. Si d�j� on assure cette base, cela sera bien.
Maintenant si l’on se met dans la course �lectorale, il est certain que l’on peut d�sorienter les gens. En m�me temps pourquoi ne voter qu’utile ? Pourquoi ne pas assumer ses choix et int�grer des mouvements qui ne sont pas des partis « classiques » ? Les partis politiques ne proposent plus d’id�aux. On en est l�. Si on s�duit les gens, c’est qu’il trouve quelque chose, sinon, on en prendra acte.
ATTAC a un peu cette d�marche didactique. Pourquoi ne pas avoir mont� une antenne de ce mouvement � La Garde ou dans la r�gion ?
Pourquoi pas ? On n’a pas vraiment pens� � aller les voir mais le MCG �tant un mouvement ouvert, pourquoi pas ? Cela sera soumis de toute fa�on aux membres de l’association qui n’ont pas forc�ment tous la m�me appr�hension d’ATTAC. Nous insistons particuli�rement sur le fait qu’on ne ferme la porte � personne. Ce qui est aussi int�ressant c’est que le MCG n’a pas l’ambition de grandir au-del� de la sph�re gard�enne.
Mais nous avons rencontr� tellement de gens, pourquoi pas ATTAC.
Vous dites que vous ne fermez la porte � personne. Mais vous vous situez bien quelque part sur l’�ch�quier politique ?
Certainement � la gauche de Sarkozy. Ce qui n’est gu�re difficile. En revanche nos statuts sont tr�s clairs et devraient emp�cher tout porteur d’une id�ologie extr�me et fascisante de pousser notre porte.
Comme seules les id�es rentrent en ligne de compte, des gens peuvent passer, ne pas �tre en phase et donc repartir. Mais je ne pourrai pas vous dire si des membres de l’association ont vot� Sarkozy. Si l’on se base sur les 53% des �lections, certainement.
Et cela ne vous pose pas de probl�me ?
Notre mode de fonctionnement est simple : nous d�battons longtemps, jusqu’� �puisement des sujets et des d�batteurs, et nous votons sur des propositions concr�tes pour la ville de La Garde. Si les gens ne sont pas d’accord ... D’un c�t�, je crains le consensus qui peut d�boucher sur des mouvements un peu mous, d’un autre c�t�, le temps o� les id�es s’opposent doit laisser la place � un temps o� les id�es se compl�tent.
Cela peut paraitre tr�s th�orique dit comme cela. Mais pourquoi pas imaginer qu’un �lecteur de N. Sarkozy et un de J. Bov� s’entendent � un instant T sur une th�matique particuli�re ? Cela ne me parait pas une id�e folle que de le croire.
Le fait de dire qu’il suffirait de rassembler le bon � droite et le bon � gauche, ce n’est pas une vision Bayrouiste ?
Il a en effet s�duit quelques millions d’�lecteurs mais il ne nous correspond en rien. La seule confusion dont nous avons fait l’objet concerne notre d�nomination. Nous avons bien d� sp�cifier que nous n’avions rien � voir avec le Mouvement Citoyen de JP Chev�nement. Ceci dit, certains d’entre nous ont aussi d� voter Fran�ois Bayrou.
Dans le cadre des �lections municipales de 2008, quels sont vos rapports avec les �lus locaux ?
On les conna�t tous parce que certains d’entre nous ont une activit� professionnelle ou associative importante � La Garde. On a en rencontr� certains. D’autres ne veulent pas nous voir.
Lesquels ?
Cela n’a pas vraiment d’importance. Ils affirment vouloir nous voir sans concr�tiser le moindre rendez-vous. S�rement des strat�gies politiques qui nous �chappent. Nous avons nos id�es. Et elles sont publiques.
Mais cette phase de rencontre avec les �lus est r�volue. On est maintenant dans une nouvelle dynamique, plus tourn�e vers l’action. Le diner-d�bat de ce soir et la rencontre avec les gens en est la premi�re �tape.
Dans une p�riode o� on assiste � une radicalisation du discours - on parle par exemple de droite d�complex�e - vous continuez de penser que le d�bat, la discussion et la d�mocratie participative ont un avenir ?
Compl�tement. C’est pourquoi nous sommes l� ! Nous d�fendons des id�es nobles, jusqu’� ce jour mal utilis�es et galvaud�es. Cela ne me d�range pas d’�tre dans le ZIG quand la majorit� est dans le ZAG. Ce n’est pas grave d’�tre � contre-courant, et de devoir sans cesse r�expliquer les fondamentaux.
Une derni�re question sur cette soir�e. Que se passe-t-il exactement ?
On est content d’organiser notre premier diner-d�bat. On re�oit David CHIOUSSE, charg� de mission de la ville d’Aubagne, dont la mission depuis 2003 est d’organiser la d�mocratie participative et de la traduire dans les faits � travers un forum local. Aubagne s’ouvre ainsi au monde et aux th�matiques alter-mondialistes.
David CHIOUSSE vient donc faire le point sur l’exp�rience d�velopp�e � Aubagne � travers des applications concr�tes qui compl�tent et enrichissent les propositions du MCG.
Propositions qu’il faudra bien que quelqu’un porte.
Nous travaillons en effet sur des propositions qui seront soumises � un moment donn�. Mais nous ne savons pas encore comment. Mais ce n’est pas grave.
[1] Mais n’est-ce pas aussi l’objectif du MCG qui pr�cise dans ses statuts qu’il d�sire « soutenir une liste avant et pendant la campagne �lectorale » ?