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Studyrama : l’�tudiant est l’avenir de la saucisse
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lundi 10 février 2003

par Gilles Suchey

Les annonceurs aiment l’universit�, ce formidable vivier de consommateurs presque autonomes. 18-20 ans, la post-adolescence : le fruit n’est pas encore tout � fait m�r, mais d�j� bien juteux.

Si l’universit� n’aime traditionnellement pas les annonceurs, elle ne r�siste plus gu�re aux sir�nes publicitaires. Les marques s’invitaient d�j� aux soir�es �tudiantes, elles s’assoient d�sormais aux tables des caf�t�rias, collent aux murs des couloirs, et, d’une mani�re g�n�rale, profitent de chaque d�mission de l’administration pour envahir le syst�me.

avez-vous qu’il est interdit de nommer un salon de l’�tudiant "salon de l’�tudiant", sous peine de convocation au tribunal ? En effet, la marque "l’Etudiant", �ditrice de la revue du m�me nom, organise des manifestations de ce type et le logo lui appartient. Il est heureux qu’elle ne taxe pas encore les jeunes titulaires de la carte justifiant de leur appartenance � la grande famille universitaire.

La soci�t� Studyrama, concurrente de l’Etudiant, a donc intitul� "carrefour des formations" le salon de l’�tudiant toulonnais qu’elle a r�cup�r�. Jusque-l�, une bo�te locale animait ce traditionnel rassemblement des formations post-bac, parce qu’en g�n�ral, les collectivit�s n’interviennent que tr�s peu : juste une petite subvention, ou la mise � disposition d’un lieu d’accueil, ou rien du tout.

Studyrama, � l’instar de ses pr�d�cesseurs, offre aux �coles sup�rieures motiv�es de quoi tenir un stand... moyennant une contribution financi�re. L’universit� est sans doute la seule � obtenir une repr�sentation gratuite [1], comme "produit d’appel" de l’�v�nement sans lequel il perdrait toute cr�dibilit�.

Pour ses premiers faits d’armes toulonnais, l’op�rateur a voulu am�liorer les r�gles de fonctionnement : si les �coles crachent au bassinet, les visiteurs devront faire de m�me... 3 euros de droits d’entr�e au Palais Neptune.

En bon professionnel du marketing, Studyrama a bien s�r inond� les lyc�es "d’invitations" permettant d’�chapper au racket. Les jeunes gens �taient toutefois nombreux, en ce samedi 8 f�vrier, � ouvrir leur porte-monnaie pour un droit � l’information. Payer pour d�couvrir que la formation Pigier est payante. Mais payer pour acc�der aux offres du service public, payer pour demander aux exposants de la CAF [2] comment obtenir une bourse ou des facilit�s de logement...

Argument sarkozien avanc� par les organisateurs, qui nient vouloir faire de l’argent � tout prix : gr�ce � cette s�lection, seuls les plus motiv�s visitent les stands. Les exposants �chappent aux ind�sirables � casquette ne venant l� que pour draguer la minette. Hum. Le salon aurait-il, au cours des ann�es pr�c�dentes, connu des d�bordements ? Pas la moindre incivilit�, comme dirait l’autre.

Tous vendeurs

Organisatrice de carrefours des formations un peu partout en France, la soci�t� Studyrama varie les plaisirs. Toujours en parasite de l’Education nationale. Toujours en faveur d’int�r�ts priv�s. Elle avoue fi�rement la propri�t� de nombreux titres de presse �tudiante (distribu�s dans les lyc�es, les restos-U, etc.), et d�veloppe une activit� d’�dition (guides pour la poursuite d’�tudes, etc.). Son r�le est aussi de permettre aux marques d’investir directement les campus, via l’agence Studyrama direct, le marketing op�rationnel des 12-25.

Un exemple. De mars � avril 2003, Studyrama direct propose une "animation" aux associations �tudiantes [3] de l’universit� de Toulon. Proposition d’animation, jargon technico-commercial qui signifie "campagne de pub" : au b�n�fice exclusif de Studyrama et de son annonceur du moment, la soci�t� Herta, bien connue pour ses saucisses tr�s calibr�es. Libell� de l’offre : "nous vous proposons de faire go�ter aux �tudiants les recettes Max (Panini, hot dog et sandwichs chauds) et leur distribuer des cartes � gratter permettant de jouer pour gagner des t-shirts collector et de gagner d’autres lots par tirage au sort". Remarque destin�e � ceux qui d�barquent apr�s un long s�jour chez les indiens d’Amazonie : un tee-shirt "collector" est un tricot sur lequel une soci�t� a appos� sa marque. Ainsi, des jeunes gens peuvent se promener � la campagne, dans les magasins, sur la plage, en faisant la promotion d’une marque sous le simple pr�texte d’�tre habill�s, d’�tre tendance ou d�cal�s. Parce qu’avouons-le : seuls les plus furieusement d�cal�s osent se balader dans la rue avec des knackies Herta en bandouli�re.

Evidemment, pour �tre efficace, l’animation doit se tenir sur le campus. Les associations �tudiantes joueront le r�le du cheval de Troie : "l’association partenaire se charge de : l’obtention de l’autorisation ; le respect des contraintes techniques ; la pr�sence du logo Herta Max sur les supports de communication dans le cas d’une soir�e."

Qui d�cide de l’autorisation ? Logiquement, l’autorit� administrative, mais aussi les directeurs d’UFR [4], les profs. Les premiers pr�venus, en somme. Certains refusent, d’autres s’en foutent. D’autres encore sont contents pour les �tudiants : une belle id�e, que de permettre � des jeunes gens un peu d�munis d’obtenir une gratification sans avoir � d�bourser le moindre euro.

L’universit� conna�t de toutes fa�ons des pr�occupations plus importantes. Savoir attirer les lyc�ens dans son giron ; redorer le blason de formations � la fr�quentation d�ficitaire. Et si, pour en revenir � ce samedi 8 f�vrier, une soci�t� priv�e organise un salon de l’�tudiant comme elle organiserait une foire � la brocante, ne cillons point, allons-y quand m�me. C’est le seul � Toulon, ne prenons pas le risque de rater des clients.

Remarque en forme de moralit�. Certains membres (tr�s minoritaires) de l’administration universitaire se sont �mus du racket impos� par l’op�rateur. En cons�quence, l’apr�s-midi, il lib�rait l’acc�s au palais Neptune... Comme quoi, on peut imposer des limites � la fatalit�.

Studyrama : 800 panneaux d’affichage publicitaire r�partis sur 600 sites �tudiants. Chiffre d’affaires d’environ 70 millions de francs pour l’ann�e 2002. Croissance moyenne de 34 % sur les 5 derni�res ann�es. Esp�rons que le manque � gagner inh�rent � la gratuit� finalement conc�d�e ne ralentira pas cette superbe progression.


[1] Il y a toutefois des limites � la gratuit� : les organisateurs facturent 170 euros hors taxe l’utilisation d’une prise �lectrique, pour la journ�e, que vous repr�sentiez une �cole priv�e ou publique. 170 euros la prise, �a fait 85 euros le trou.

[2] Caisse d’Allocations Familiales.

[3] Il y a en moyenne une association loi 1901 par section, � la charge des �l�ves. La plupart du temps, l’objet est d’animer la vie universitaire hors du cadre strictement p�dagogique : gestion de la machine � caf�, soir�es, s�jours touristiques, challenges sportifs, etc.

[4] Unit� de Formation et de Recherche.



> Studyrama : l’�tudiant est l’avenir de la saucisse
4 septembre 2003, par   [retour au début des forums]
MEDEF et L’Etudiant en ligne

Une autre Saucisse, l’Etudiant...

"Universit�s, grandes �coles, IUT, BTS, �coles sp�cialis�es..., l’enseignement sup�rieur vous offre une multitude de possibilit�s. Pour vous aider dans vos choix d’orientation, nous vous proposons ici un panorama des principales fili�res autour de fiches r�alis�es par L’Etudiant."

D’o� viennent ses pieuses paroles ?

Mais , voyons, du site du MEDEF (on va � "www.medef.fr", info jeune, et orientation, voir lien ci -dessous) !

Il est important de savoir que les conseillers d’orientation du public ont de plus en plus l’heureuse surprise de voir supplanter leur fonction par celle du fameux Magazine...

En effet, on a vu � la "cit� des m�tiers" ( Paris) ou en ligne sur le site de L’Etudiant une proposition de service d’orientation : t’as 3 entretiens de 20 minutes au t�l�phonne et un truc informatis� pour 99 euros et pi, si t’es fan, t’as la compl�te l’abonnement � L’Etudiant et les conseils pour 149 euros !

On remarquera le prix psychologique -99 et pas 100 ; 149 et pas 150 ; c’est sans doute pour �a qu’on nomme nos conseillers d’orientation dans le public, conseiller d’orientation psychologue.

Ne pas oublier que l’histoire de l’orientation scolaire et professionnelle est fortement politique, et la menace de la disparition de ce service public- comme cette ann�e - r�appara�t � chaque fois que le vaisseau "entreprise" se rapproche de la terre !

NB : on retrouve le Groupe l’Etudiant comme partenaire de France 5 emploi ; ce groupe � quatre activit�s Quatre activit�s - presse, �dition, salons et multim�dia - et une filiale qui intervient aupr�s des professionnels
-  filiale G�n�ration Formation dont lactivit� principale est le e-learning ; elle fait des associations avec les GRETA (�ducation nationale), france telecom, bull... -

Cette filiale a pour DG Philippe Joffre ; elle se joint au groupe FORAGORA Accor.

Vacances et saucisses, n’est ce pas un pur d�lice !

> Studyrama : l’�tudiant est l’avenir de la saucisse
11 février 2003, par   [retour au début des forums]

Cher Cuverville,

mis � part le fait que me pr�nommant Max j’ai bien envie de demander des droits � la saucisse, je souhaite apporter ma contribution un peu critique � cette tribune . La nature (commerciale) a horreur du vide, demandons-nous pourquoi les salons commerciaux fonctionnent . Parce que le service public est d�faillant . Dans notre Acad�mie le d�partement des Alpes Maritimes, sous l’impulsion de l’Inspection acad�mique et du Rectorat, organise chaque ann�e un salon � destination des lyc�ens ; ces derniers sont m�me transport�s sur le lieu du salon dont l’entr�e est gratuite, et les �tablissements lib�rent leurs �l�ves � tour de r�le . Alors pourquoi pas dans le Var qui, rappelons-le, d�pend du m�me Recteur ? La r�ponse expliquera peut-�tre pourqoi il y a un vide dans lequel s’engouffrent les vendeurs . Cordialement