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L’enseignement sous la coupe des march�s - entretien avec Nico Hirtt
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samedi 15 novembre 2003

par Marie Ghigo

Agora Campus, association n�e du mouvement social de mai, propose, depuis la rentr�e, un espace de parole au sein de l’UTV [1] � diff�rents acteurs europ�ens de la r�sistance au n�olib�ralisme galopant, tous d�tenteurs d’une parole alternative.
Cuverville a ainsi pu interviewer Nico Hirtt, premier intervenant et cofondateur de l’APED [2], virulent pourfendeur de la marchandisation de l’�cole et du sacrifice de l’une des premi�res institutions publiques sur l’autel des d�mocraties n�olib�rales.

e sp�cialiste des questions d’�ducation nous fait partager les conclusions de 15 ans d’�tudes rigoureuses sur les �volutions du syst�me �ducatif et nous offre un point de vue comparatiste remettant en perspective les enjeux du mouvement social enseignant du printemps. D’autant que l’histoire de la Belgique (Flandre, Bruxelles, Wallonie) est celle d’une r�gionalisation effective, et donc d’une exp�rience de la d�centralisation de son syst�me �ducatif bien ant�rieure � celle de la France.

Les dix derni�res ann�es ont marqu� en Europe la fin de l’�re de la massification, la baisse de tous les budgets de l’�ducation, et conjointement une d�centralisation accrue de l’�cole. Pourrais-tu nous dresser un �tat des lieux du syst�me �ducatif belge ?
La Belgique a une grande avance en mani�re de d�r�gulation de l’�cole puisque depuis la naissance de l’�tat belge, en 1830, la constitution pr�voit, et ce point n’a jamais �t� modifi�, que l’enseignement est « libre ». Quiconque le souhaite peut ouvrir un �tablissement scolaire et les parents ont une totale libert� de choix en la mati�re. Il n’existe aucune forme de carte scolaire telle que vous la connaissez en France. Par voie de cons�quence, il y a une esp�ce de march� scolaire, de mise en concurrence des �tablissements et des ph�nom�nes de concentration sociale plus importants que ceux que conna�t d�j� un pays comme la France. On entend souvent en France que c’est � cause de la carte scolaire qu’il y a des ph�nom�nes de concentration li�s aux quartiers riches mais en Belgique, o� il n’y a pas de carte scolaire, les ph�nom�nes de concentration sont encore plus patents, �videmment d�s aux strat�gies �ducatives diff�rentes des parents bourgeois et de ceux des classes populaires. Cela g�n�re sans aucun doute encore plus d’in�galit�s sociales sur ce semi-march� scolaire. J’emploie le terme « semi-march� » parce que c’est bien un march� sur le plan du fonctionnement bien que l’on n’y paie pas l’enseignement, celui-ci �tant gratuit.

Quel est le statut de l’enseignement priv� en Belgique quelle place occupe-t-il au sein de ce « semi-march� » �ducatif ?
On parle en Belgique d’enseignement libre, bien mal nomm�, et 80% des �tablissements dits libres sont des �coles confessionnelles. Catholiques pour la tr�s grande majorit� d’entre elles, quelques unes juives, une musulmane. Elles sont, plus que majoritairement, subventionn�es par l’Etat. A ma connaissance, 3 �coles en Belgique seulement ne sont pas subventionn�es. Enfin pas directement, car si l’on y regarde de plus pr�s, il s’agit par exemple pour deux d’entre elles, du Lyc�e Fran�ais de Bruxelles, financ� par la France et d’un lyc�e europ�en, financ� par l’Union europ�enne.

Observe-t-on ce flux de population d’�l�ves du public vers le priv�, menace h�morragique brandie en France pour l�gitimer les processus actuels et d�cr�dibiliser les gr�ves ?
Il y a une �volution lente, tr�s lente. Jusqu’� aujourd’hui, l’enseignement libre subventionn� recrute 60% des �l�ves. C’est un des taux les plus �lev�s d’Europe apr�s les Pays-Bas et leur 80%. La France occupe une position interm�diaire avec ses 20-25% alors que des pays comme la Finlande ou la Su�de sont � 1% d’�l�ves scolaris�s hors du syst�me public. Ce pourcentage est diff�rent selon les communaut�s linguistiques (ndlr : francophone, n�erlandophone). Il est plus �lev� en Flandre o� plus de 60% des �l�ves fr�quentent l’enseignement catholique contre 50% en communaut� fran�aise. Cela est li� � la tradition cl�ricale beaucoup plus forte en Flandre qu’en Wallonie. Les 15 derni�res ann�es ont montr� par exemple en Communaut� Fran�aise une augmentation de 45-47% � 50% de participation � l’enseignement confessionnel. Pas plus. En fait, la paup�risation de l’enseignement touche les deux r�seaux de la m�me mani�re par ce jeu des subventions. Toutes les restrictions budg�taires qui ont frapp� l’enseignement depuis le d�but des ann�es 80 ont touch� les deux r�seaux de la m�me mani�re. M�me chose sur le plan des principes suivis par ces deux syst�mes.

De quand datent les derni�res r�formes de l’enseignement en Belgique et quel est leur bilan � ce jour ?
Les derni�res grandes r�formes, dans les ann�es 80, ont �t� des r�formes de d�centralisation de l’enseignement et de d�r�gulation surtout, l’Etat jouant un r�le de moins en moins important en mati�re de r�gulation de l’offre scolaire. On est pass� par exemple d’un mode de financement calcul� en fonction du nombre d’�l�ves inscrits dans chaque fili�re d’enseignement et pour chaque ann�e, � un financement global par enveloppe. Chaque �tablissement peut d�s lors faire � peu pr�s ce qu’il veut avec cette enveloppe. Parall�lement, on a r�duit ces enveloppes. C’�tait un moyen de d�l�guer � l’autorit� locale la gestion des �tablissements scolaires tout en attribuant plus d’autonomie aux �tablissements, ce qui revenait � les placer davantage en situation de concurrence mutuelle, en faisant jouer plus efficacement les m�canismes de march� scolaire d�j� largement pr�sents dans la tradition belge. Les ann�es 89-90 ont, elles, �t� des ann�es de d�centralisation au sens de d�l�gation du pouvoir aux communaut�s linguistiques. La fin d’une �ducation nationale. On a eu enfin, dans les ann�es 90, une r�forme importante de l’enseignement sup�rieur visant � regrouper les �tablissements au sein d’entit�s de plus grande taille, � l’int�rieur desquelles chaque �tablissement devait se sp�cialiser dans un domaine li� aux entreprises locales et r�pondant � la demande des acteurs du travail.

Une « ï¿½volution/involution » que la France suit avec retard, en somme...
La France a en effet un « sacr� » retard, si je puis dire, elle est � ce sujet r�guli�rement montr�e du doigt dans les rapports internationaux de l’OCDE, de la Banque mondiale et de l’Union europ�enne pour sa lenteur � « moderniser », �tant entendu que par modernisation, on entend la mise en ad�quation de l’enseignement avec les attentes des entreprises, la cr�ation de march�s scolaires, la lib�ralisation li�e � la comp�titivit� internationale. La Belgique a en effet un temps d’avance consid�rable dans ces domaines. Mais il faut � ce stade ajouter que la Belgique est aussi en Europe, et m�me dans l’ensemble des pays industrialis�s � l’�chelle mondiale, le pays dans lequel les in�galit�s sociales � l’�cole sont les plus importantes. Les le�ons de l’enqu�te PISA [3]) montrent qu’en Belgique la d�termination sociale des niveaux de comp�tence est plus forte que dans n’importe lequel des pays europ�ens. La France occupe une position m�diane. Les pays � la pointe en mati�re de d�mocratisation de l’enseignement sont les pays scandinaves, la Finlande notamment.

Dans quelle mesure peut-on penser que les m�canismes de reproduction � l’�cole tels que nous les livre l’analyse bourdieusienne sont accrus par la lib�ralisation de l’enseignement ?
Ce que montrent pr�cis�ment nos �tudes sur l’exemple belge -�tudes r�alis�es sur la base des chiffres de l’enqu�te PISA, enqu�te fort int�ressante car fournissant un mat�riau statistique important m�me si les conclusions qu’en tire l’OCDE sont tr�s marqu�es id�ologiquement- est que l’on peut mettre le degr� d’in�galit� sociale dans l’enseignement en corr�lation avec trois facteurs. A commencer par l’existence ou non de semi-march�s scolaires, la libre concurrence en mati�re �ducative. Rep�rable par le pourcentage d’�l�ves fr�quentant l’enseignement priv�, subventionn� ou non, et la libert� de choix en mati�re d’�tablissement scolaire. On constate nettement une corr�lation positive de la reproduction des in�galit�s sociales avec ces donn�es. Un autre �l�ment mis en corr�lation avec les in�galit�s sociales � l’�cole est l’�ge de la premi�re s�lection hi�rarchisante, c’est-�-dire l’�ge auquel les �l�ves sont pour la premi�re fois amen�s � choisir ou �tre orient�s vers des fili�res qui, m�me si elles sont r�put�es sur un pied d’�galit� avec les autres, sont en r�alit� parfaitement hi�rarchis�es en mati�re de destin social et en terme de contenu enseign�. En Belgique, la s�lection se fait � l’�ge de 12 ans, ce qui correspond au moment o� l’enfant quitte l’enseignement primaire et passe dans l’enseignement secondaire. Il entre alors dans des �tablissements sp�cialis�s soit dans l’enseignement g�n�ral, soit dans l’enseignement technique, soit dans l’enseignement professionnel. En Allemagne, la s�lection se fait � 10 ans, apr�s 4 ann�es d’�cole primaire ; Allemagne et Autriche �tant les pays o� la s�lection est la plus pr�coce. En France, c’est vers 15 ans, au terme du coll�ge, encore qu’il y ait d�j� certaines fili�res orient�es (ndlr : voies technologiques au coll�ge). On observe 16 ans de tronc commun pour les pays scandinaves. Pour ce facteur, une tr�s forte corr�lation, m�me la plus forte des �l�ments analys�s : l’�ge de cette s�lection joue bien un r�le majeur en mati�re d’in�galit�s de r�sultats des �l�ves � l’�ge de 15 ans.

On en revient au d�bat sur les �cueils de la massification, « le niveau baisse » semble pourtant �tre aujourd’hui un constat assez consensuel.
Force est pourtant de constater aussi que le fait de ne pas faire de s�lection n’entra�ne pas une baisse du niveau moyen, discussion en effet r�currente dans le d�bat sur le coll�ge unique. Au contraire, il s’av�re que, plus le tronc commun est long, plus le niveau moyen est �lev�. C’est l� une r�ponse assez forte � ceux qui partagent la lutte contre la marchandisation de l’enseignement mais qui en m�me temps pensent que tout le mal vient de la d�mocratisation de l’enseignement, de la massification, du coll�gue unique.

Cette lib�ralisation du syst�me �ducatif est-elle r�versible ?
Tout � fait. Il faut une augmentation cibl�e des d�penses publiques de l’enseignement vers les fili�res directement en prise avec la n�cessit� de comp�titivit� des entreprises locales, r�gionales, ou nationales. Or, ce que garantit une d�centralisation, c’est tr�s certainement un retrait de l’Etat. L’enseignement d�centralis� est directement en prise avec les besoins des entreprises locales. L’objectif avou� de toutes les d�centralisations, dans quelque pays que ce soit, est de r�aliser cette instrumentalisation de l’�cole au service de l’�conomie.

Ne serait-ce pas m�me un argument de vente : une �cole « efficace », enfin reconnect�e avec la r�alit� du monde du travail ?
Parfaitement, et cela �vite d’avoir � envisager la r�elle n�cessit� de moyens suppl�mentaires fournis � l’enseignement d�s le primaire, pour lutter contre les in�galit�s sociales � l’�cole mais aussi �lever le niveau de culture commune que l’enseignement peut apporter � tous. L’�cole de demain, ce ne sera plus �a.

Comment rendre cette menace perceptible hors du champ p�dagogique ?
Le probl�me, c’est que l’argument de l’adaptation de l’enseignement aux attentes du march� du travail est un argument auquel les parents sont tr�s r�ceptifs parce qu’eux savent bien que sur le plan individuel, celui qui a la formation la plus ajust�e aux attentes du march� du travail aura le plus de chance de bien se positionner sur ce march�. Mais ils tombent dans le panneau qu’on leur tend de croire que cette �quation, qui est correcte sur le plan individuel, formation �gale emploi, l’est aussi sur le plan macro�conomique. Ce n’est pas parce que vingt personnes, aujourd’hui au ch�mage par manque de formation, seraient mieux form�es demain aux demandes des employeurs que ceux-ci vont cr�er davantage d’emplois. En r�alisant l’ad�quation de l’�cole avec les besoins des entreprises, on va changer les chances relatives des uns et des autres en mati�re d’acc�s � l’emploi mais on n’augmentera pas le volume des emplois. On peut, tout au plus, permettre ainsi aux employeurs de trouver en plus grand nombre la main d’�uvre dont ils ont besoin, comp�tente et comp�titive, de niveau de qualification moyen comme le n�cessitent 60% des emplois aujourd’hui en Europe, et faire donc davantage pression sur les salaires, sur les conditions sociales de l’emploi. Enfin, quand les employeurs trouveront une main d’�uvre plus performante, ils pourront envisager alors d’augmenter leur productivit�, et donc produire plus avec moins de main d ’�uvre.
En somme, l’ad�quation de l’�cole avec l’entreprise n’est pas un facteur favorisant mais au contraire un des facteurs contribuant � d�truire l’emploi. C’est un point difficile � faire entendre, pourtant, l’adaptation des syst�mes �ducatifs aux attentes dictats de l’entreprise n’apporte aucune garantie � l’�chelle macro�conomique sur le plan de la lutte contre le ch�mage. Il faut s’atteler � faire entendre ce raisonnement aux parents.

Que donne cette argumentation � l’�chelle europ�enne ?
Si on envisage par exemple un enseignement europ�en enti�rement d�centralis�, il ne faut pas oublier alors que, toutes les r�gions en France et en Europe appliquant les m�mes recettes, cela va augmenter le m�canisme de comp�tition et le r�le de l’�ducation dans la comp�tition entre r�gions europ�ennes ne servira certainement pas � augmenter le volume de l’emploi. Cela peut donc permettre temporairement � une r�gion plus dynamique dans un domaine de gagner de l’emploi mais elle le gagnera au d�triment d’une autre r�gion qui aura plus de difficult�s dans ce domaine. On s’inscrit l� dans une strat�gie de concurrence et pas d’unit� europ�enne.

L’�cole instrumentalis�e acc�l�rerait ainsi le processus de sectorisation des r�gions europ�ennes ?
Circonstances aggravantes, toutes les r�gions ne sont pas �gales dans cette concurrence. Les r�gions d�j� plus ais�es auront une comp�titivit� sup�rieure sur les autres. Dans ce sch�ma, le processus de la d�centralisation de l’enseignement contribue � creuser les �carts.

Ce n’est pourtant pas ce qui est sous le feu de l’actualit� aujourd’hui : quelle est ton analyse sur les d�bats actuels autour de la la�cit� � l’�cole, le retour � l’autorit�, la fin de la mixit� et autres g�niales « inventions » r�actionnaires ?
On retrouve un peu partout en Europe ce genre de d�bats, un retour de l’id�ologie de droite, r�actionnaire en mati�re d’�ducation. Je le per�ois moins comme un mouvement de fond que comme une r�ponse in�vitable mais �videmment mauvaise � la croissance des probl�mes que connaissent les syst�mes �ducatifs d�sargent�s. Syst�mes �ducatifs qu’on a partout fait entrer dans un mouvement de massification dans les ann�es 50, 60, 70 et auxquels on a coup� les moyens de mener � bon terme cette massification � partir de la fin des ann�es 70, pour r�pondre � la crise �conomique. La grogne des enseignants qui s’exprime parfois sur des �l�ments superficiels ou apparents de la probl�matique scolaire, comme le coll�ge unique en France, la question de la discipline � l’�cole, la violence dans les �tablissements scolaires, etc... est judicieusement r�cup�r�e. R�cup�ration � bon march� par un discours ultrar�actionnaire sur l’enseignement. Pour autant, je ne pense pas que ce soit l� une strat�gie fondamentale mais plut�t une tactique politique provisoire pour essayer de donner le change par rapport � la politique fondamentale de marchandisation de l’�cole.

Des d�bats artificiels ont un large �cho. On « D�bat national sur l’�ducation » en France, une « Commission sur la la�cit� » re�oit les t�moignages avis�s confrontant la�cit� et voile .
La question du voile est une question compl�tement artificielle. On peut comprendre parfaitement l’absence du voile ou autres signes religieux � l’�cole, mais au moins autant que la raison qui en fait apparemment maintenant un probl�me �ducatif majeur ! Pourquoi ne pas s’attarder, hors champ religieux, sur l’infiltration des marques dans le champ scolaire ? Il est clair qu’il s’agit de d�tourner l’attention des vrais probl�mes. Cela d�passe aussi tr�s largement la question de l’enseignement et s’inscrit dans une strat�gie, qui elle-m�me rel�ve d’ambitions imp�rialistes, de criminalisation de l’islam. L’islam, et je le regrette profond�ment, semble incarner aujourd’hui la seule porte qui r�siste aux volont�s de conqu�tes des pays du tiers-monde par le monde occidental. Il devient donc l’ennemi.

Le champ �ducatif serait donc l’ar�ne dans laquelle se rejouent les enjeux politiques sociaux internationaux tels que le n�ocolonialisme d’�tat ou �conomique ?
Oui, et il serait int�ressant de renvoyer ceux qui tombent dans ce panneau-l� � un tout r�cent dossier particulier traitant de l’enseignement de la religion � l’�cole. Notifiant par exemple des faits enseign�s en tant qu’�v�nements historiques aujourd’hui clairement reconnus comme formant partie des doctrines fondatrices de la religion catholique...
A m�diter.
Tous nos remerciements � Nico Hirtt.


[1] Universist� de Toulon et du Var.

[2] Appel Pour une Ecole D�mocratique, mouvement de r�flexion et d’action en faveur du droit pour tous � un m�me niveau d’instruction, n� en Belgique en 1995. Site de l’Ecole Democratique belge ici.

[3] enqu�te de l’OCDE �valuant les comp�tence des �l�ves de 15 ans.