Le groupe de presse Nice-matin pète la forme, nous dit le journal Nice-matin  Huit ans de solitude au Parquet de Toulon  Joann Sfar, entretien  Vigipirate : autres effets collatéraux  Rentrée politique toulonnaise : enfin un peu d’action !  Radié des listes de l’ANPE pour incontinence ?  Vivons sereins en attendant la canicule  Cuverville sans frontière, une nouvelle rubrique 

 

 


.:: TOULON VAR AGGLOMÉRATION ::.

 

 

 

 

 

LCR-LO : Cr�puscule au Grand Caf� de la Rade
Version imprimable Envoyer à un(e) ami(e)

jeudi 19 février 2004

par Saint-Just

Samedi 14 f�vrier : r�union publique de campagne organis�e par la liste Ligue Communiste R�volutionnaire-Lutte Ouvri�re (LCR-LO), juste � c�t� de la statue de Cuverville, au premier �tage d’un bar plut�t hyp’. Les drapeaux rouges �taient de sortie, notre reporter aussi.

n haut des marches du Grand Caf� de la Rade (GCR), on est accueilli par deux stands litt�raires pour se documenter sur la pens�e d’extr�me-gauche. A votre gauche, messieurs dames, la table LCR ; � votre droite, la table LO. Une trentaine de personnes se sont dispos�es sur les chaises mises collectivement � leur disposition individualiste. Une journaliste semble perdue... Vais-je la r�conforter en lui proposant un caf� en t�te � t�te au rez-de-chauss�e ? Non, le devoir avant tout camarade !

Travailleurs de tous les pays, votez pour nous !

Au fond de la salle sont assis les quatre guides de la r�volution. T�chons de ne pas trop nous faire remarquer et �coutons-les parler. En fait, seuls deux tribuns prendront la parole : un candidat LO dont le nom m’a �chapp�, et la t�te de liste aux R�gionales, Samuel JOHSUA (LCR). Il leur faut d’abord expliquer pourquoi leurs deux formations, qui comme toujours � l’extr�me-gauche se sont le plus souvent tir�es dans les pattes, se trouvent aujourd’hui r�unies. La liste LCR-LO a �t� form�e « pour les opprim�s qui en ont assez de recevoir des coups et qui sont pr�ts � les rendre ». Elle serait donc la liste de l’offensive contre le capitalisme et ses promoteurs. La seule � gauche � rompre avec les partis traditionnels dont les �lus sont « les pantins bien nourris, bien pay�s pour faire le sale travail » du Medef. De ce point de vue, la Gauche Plurielle est inexcusable puisqu’elle « a servi de tremplin au gouvernement Raffarin ». Les arguments contre le grand capital sont d�ball�s, avec quelques exemples choquants � la clef. La gauche en prend autant que la droite, la seule diff�rence retenue par nos Rouges se situe dans la s�mantique et la dur�e du processus. La gauche ne dit pas « privatisation » mais « ouverture du capital », et fait en cinq ans ce que la droite fait en deux ann�es maximum. Le Front National et son Duce, Jean-Marie le Pen, en prennent aussi pour leur grade. Cet homme, borgne et baveux, n’est pas seulement fasciste, raciste, sexiste, la liste-est-longue, mais en plus Le Pen est un « ennemi r�solu de la classe ouvri�re qui pi�tinera les pauvres et aidera les riches ». Malgr� tous ces �l�ments accablants, l’assistance reste assez passive : il manque encore l’�tincelle qui mettra le feu � la plaine.
La critique du syst�me se doit d’�tre radicale. Les opprim�s sont tromp�s par les promesses des r�formistes, qui d’ailleurs prononcent de moins en moins de promesses puisque comme le d�clare le PS, il faut juste affirmer une opposition plus dure que celle de l’UDF. �a risque de faire mal ! Revenons � nos moutons : la critique radicale du mode de production capitaliste. Pourquoi cette remise en cause, braves gens ? Parce que tout simplement « les int�r�ts des riches et des pauvres sont irr�conciliables, les int�r�ts du grand capital ne seront jamais ceux de la classe ouvri�re ». Ainsi, la France restera � tout jamais dans la fracture. La prise de pouvoir n’a rien d’utopique : c’est par les luttes, camarades, que la classe ouvri�re pourra s’affirmer et peser de tout son poids dans la vie politique fran�aise. Derri�re moi, un gosse que son p�re avait amen� pour parfaire son instruction politique se plaint du discours r�p�titif du monsieur de LO. Le g�niteur feint de ne pas entendre ; moi, je me retiens pour ne pas lui foutre une gifle : insulter un membre du politburo, non mais !
Le gouvernement Raffarin est un gouvernement de « guerre sociale qui prend dans la poche des pauvres pour donner aux riches ». C’est pourquoi les mesures phare du programme LCR-LO aux R�gionales consistent � interdire les licenciements, � ne plus donner d’argent public aux grandes entreprises, et � reprendre ce qu’on leur a vers�. C’est tout un plan de publicisation des riches qui est pr�vu : rendre public le salaire des grands patrons, rendre publics leurs r�seaux de relations, etc., etc. Les tribuns rassurent l’assembl�e : « nous ne sommes pas utopistes. Nous savons que c’est un programme pour les luttes futures et que la r�volution n’est pas vraiment � l’ordre du jour ».

Deux heures pour convaincre

Les speechs termin�s vient le temps des cerises... euh non, des questions. Un monsieur se plaint de ne pas retrouver dans les discours des candidats ici pr�sents une v�ritable proposition de renversement du capitalisme. Pour lui, il faudrait nationaliser, parce que ce sont « 200 familles qui font le malheur du peuple ». Ce projet, toujours selon ce monsieur, doit �tre port� par un grand parti de gauche comme l’�tait le PCF d’il y a vingt ans - sic. Sur ce, il sort fumer une clope. Bon. Nos candidats r�p�tent � l’absent que leur programme promeut les luttes futures et que « c’est par ces luttes que nous construirons un monde meilleur ». Un vieil homme amer se l�ve alors, prend la parole pour d�noncer la « mondialisation cosmopolite » et d�rive vite fait sur la franc-ma�onnerie qui gangr�ne le monde. Hol�, hol� ! On s’arr�te, grand-p�re ! On est chez les internationalistes ici, pas chez les bras tendus. Un jeune homme bien habill�, bien coiff�, plut�t beau gosse, intervient pour poser trois questions � savoir : quels changements institutionnels les candidats comptent-ils mettre en �uvre pour permettre aux citoyens de mieux participer � la d�mocratie locale ? Les candidats sont-ils pour un revenu minimum d’existence � l’�chelle r�gionale ? L’impact des interdictions de licencier au niveau r�gional ne risque-t-il pas de se r�v�ler n�gatif ?
C’est Samuel Johsua qui r�pond le premier : cela fait longtemps que la LCR r�fl�chit sur les possibilit�s d’am�liorer la participation citoyenne, notamment avec l’exp�rience de la d�mocratie participative de Porto Alegre au Br�sil. En ce qui concerne le revenu minimum d’existence, la LCR est pour, bien entendu, elle est m�me pour un RMI plus que revaloris�, mais elle est contre l’id�e de suppression du travail. Selon la Ligue, il faudrait r�duire de fa�on drastique le temps de travail (jusqu’� 24 heures s’il le faut !) pour que tout le monde contribue � la production de richesse. Quant � l’interdiction des licenciements, cette mesure doit �tre prise au niveau national, mais de toute mani�re, apr�s une telle d�cision, il y a tout lieu de croire que la r�volution sera contagieuse, parce que les gouvernements ne pourront pas refuser � leur peuple ce que la France a donn� au sien [1].
La r�union se termine vers 20h15. Juste le temps de rentrer chez mou� regarder le JT de France 2 sans David Pujadas. Le pied.

Un mariage. Deux raisons ?

Certains lecteurs parmi les plus attentifs auront remarqu� que votre humble serviteur a, lors du pr�c�dent paragraphe, bien fait attention � pr�ciser que les r�ponses �taient donn�es par la LCR. Car Johsua a fait de m�me. La Ligue Communiste R�volutionnaire a beau avoir conclu un accord pour les R�gionales avec Lutte Ouvri�re [2], cela ne l’autorise pas � employer le « nous ». Le pacs s’est fait sous le r�gime de la s�paration de biens. Et les deux parti(e)s n’ont peut-�tre pas eu tort.
Sur une question telle que celle de la d�mocratie et des changements institutionnels pour l’am�liorer, LO se diff�rencie nettement de son concubin. Pour notre candidat LO : « IIIe-IVe-Ve R�publique : �a n’a pas vraiment chang� les choses » - sic -, car seules la lutte, la gr�ve peuvent changer ces choses. Si l’on comprend bien, c’est � force de recevoir des coups de matraque que les classes populaires se sortiront de la mouise. L’article voulait �viter de hi�rarchiser les deux partis sur l’�chelle de la d�mocratie, mais vu l’embarras que laissaient transpara�tre les froncements de sourcils de Samuel Johsua, on comprend que la LCR est plus en avance que LO sur le rejet des r�gimes totalitaires. Ceci n’est pas vraiment �tonnant lorsque l’on analyse les points de vue des deux partis. S’ils se montrent « assez responsables pour s’unir et pr�senter un front commun sur la base du programme qu’elles partagent », s’ils se revendiquent l’un et l’autre du « camp des travailleurs », ils ne sont pas d’accord sur la d�finition du concept. La LCR entend par « camp des travailleurs » toutes les formes de luttes : f�ministes, �cologistes, altermondialistes, alors que LO ne participe pas � la construction et � la vie de ces mouvements, pronon�ant m�me de s�rieuses r�serves quant � l’altermondialisation. Lutte Ouvri�re se dit « en comp�tition » avec ce courant et cela les « am�ne avant tout � combattre politiquement les fondements de la plupart de ses id�es, � montrer les limites qu’il impose tant � ses objectifs qu’� ses combats », l’altermondialisme n’�tant « certainement pas l’expression d’un nouvel internationalisme, mais un de ses avatars r�formistes caricaturaux ». La LCR se d�marque encore de LO par sa conception du parti r�volutionnaire : chez la LCR, il doit �tre pluraliste, alors que LO est « monolithique ».
En m�me temps, la Ligue Communiste R�volutionnaire est tiraill�e en son sein m�me par les courants et les rivalit�s de personnes. Dernier �pisode en date : la scission entre le comit� local d’Aix-en-Provence et celui de Marseille au sujet du foulard islamique. Un candidat LCR a �t� exclu de la liste pour les R�gionales parce qu’il avait particip� � la manifestation contre la loi sur les signes religieux ostensibles. Cette exclusion a provoqu� le retrait volontaire de trois militants d’Aix-en Provence ainsi que de l’un des animateurs historiques de la LCR Bouches-du-Rh�ne, R�mi Jean, qui s’est mis en cong� de ses responsabilit�s.
Ce soir-l�, au GCR, il n’y avait ni la ferveur des grands jours, ni l’espoir des grands soirs. Mais une jolie journaliste que je n’ai pas invit�e au restaurant, pensant beno�tement que la r�volution n’�tait pas un d�ner de gala.


[1] C’est ainsi que la Birmanie a r�cemment donn� � son peuple un r�gime de retraite bas� sur le mod�le fran�ais, et une constitution lib�rale � l’am�ricaine. Bernard Kouchner peut le confirmer.

[2] Voir le texte du protocole d’accord ici.



> LCR-LO : Cr�puscule au Grand Caf� de la Rade
20 mars 2004, par   [retour au début des forums]

Mon petit journaliste,

Tu sais un peu �crire, mais le contenu de ta prose est vraiment minable.

Allez, va voter demain pour Strauss-Kahn ou pour son double, Raffarin.

Et dors bien sur tes deux oreilles, surtout.

JPhD (Et mod�rez bien le site, surtout !)

  • > LCR-LO : Cr�puscule au Grand Caf� de la Rade
    21 mars 2004, par   [retour au début des forums]
    Camarade, souviens-toi Cronstadt !

    Je ne sais pas encore dormir sur mes deux oreilles, une probl�me physique d� au peu de d�collement de mes esgourdes, mais je m’y entra�ne assidument et je m’en r�jouis.

    Des journalistes, ou pour mon cas, des pseudo-journalistes, n’ont pas vraiment l’occasion de dormir tranquillement dans des pays o� la rh�torique (mal) d�riv�e du marxisme a �t� �lev�e au rang de rh�torique d’Etat. Mais rassurez- vous, cher ami : je ne confonds pas l’extr�me gauche fran�aise avec les dictatures sovi�tisantes. J’�mets simplement quelques s�rieux doutes sur les germes anti-�mancipateurs des th�ories marxistes-l�ninistes.

    Ces doutes n’�taient cependant pas l’objet de cet article, qui se voulait un compte-rendu satirique d’une r�union publique.

    Quant au �lections r�gionales, je rappelle seulement qu’Alfonsi n’est pas DSK. Il y a une envergure nationale de diff�rence.

    Je terminerai en paraphrasant Engels : on ne lutte contre les dominations qu’en apprenant � les conna�tre. Ce qui par extension rejoint la n�cessit� de conna�tre ses points faibles pour les am�liorer. Dans le cas contraire, il se trouve que ce sont les moins critiques qui dorment sur leurs deux oreilles, ou que les camarades Brejnev vivent plus longtemps que les po�tes Maiakovski.