Crise oblige, Cuverville ne pourra vous rapporter les exub�rances scatologiques de ses r�dacteurs dans les r�sidences hupp�es du Cap N�gre, ni leurs soir�es poudr�es dans les clubs de rugby anglais, ne comptez pas non plus sur d’hypoth�tiques photos d�nud�es de notre comptable sur une plage des �les Ca�man. Non, car cet �t�, Cuverville est sagement rest� � Toulon.
LE mois de juillet est un mois excitant. Le d�fil� du 14, avec ses jolis marins, ses beaux pompiers ; le soir, c’est le bal, voire plus si t’emballes. Tous les jours, on peut lier la sueur et l’huile de mono� en se frottant � Brigitte sur les plages du Monaco au Pradet ; quel r�gal ! Bien s�r, ces plaisirs simples ne laissent pas de place � la monotonie lorsqu’on aime le jazz et les musiques du monde.
Ce n’est pas que l’environnement des surfeurs de l’Almanarre ou que les odeurs des plages six-fournaises soient insupportables, mais que voulez-vous ? Comme beaucoup de Toulonnais, votre d�vou� a une �me de grand voyageur, doubl� d’une solide culture tintinophile. Et un de ses amis les plus proches, J.-N. Savelli pour ne pas le citer, lui a propos� de partir pour l’Afrique sans prendre ni bateau ni avion (de toute fa�on Le Cl�zio et Saint-Ex �taient d�j� sur le cr�neau). Tout de suite, des r�ves emplirent mes songes. Ah l’Afrique ! Ses habitants d’un naturel si joyeux, sans histoire, et ses dirigeants si taquins !
Notre voyage a commenc� par la rue d’Alger, direction le Sahara.
La travers�e du d�sert jusqu’� Niamey, au Niger, ne se fit pas sans encombres : un automobiliste intr�pide br�la un feu rouge et faillit emboutir la jolie voiture que mon ami avait achet� gr�ce � la prime � la casse, mise en place par notre g�n�reux gouvernement pour combattre les effets d’une �ventuelle taxe carbone.
Tels des aventuriers du XIXe si�cle, nous avons altern� pirogues et mulets, combattant inlassablement les moustiques porteurs du paludisme � grands coups d’�ventail, et avons rejoint Cotonou.
L’escale aurait pu durer des semaines, tellement la vie nocturne locale dans certains quartiers nous rappelaient les meilleurs bars de Chicago. Mais l’aventure, c’est l’aventure et apr�s des adieux sinc�res � notre guide libanais, nous avons embarqu� pour le Cameroun.
Autant dire de suite que nous n’y avons pas trouv� les sources qui ont permis � Yannick Noah de gagner Rolland-Garros en 1983. Seule, peut-�tre, la statue de la nouvelle libert� � Douala, nous a procur� quelques sensations de secousses propres aux chansons de notre Yannick-pr�f�r�-des-Fran�ais-qui-votent-quand-m�me-Sarkozy.
D��us, il ne servait � rien de s’attarder. D’autant que nous avions h�te de nous immerger dans le pays qui a fait la r�putation de Tintin : le Congo ! Ses animaux f�roces, ses habitants na�fs, ses colons pas toujours nets, surtout d’apr�s Herg�, quand ils viennent du Proche-Orient...
Nous avions d�j� les r�ves emplis de songes (bis repetita) quand l’arriv�e � Pointe Noire fit battre nos cœurs aussi fort que tous les tam-tam de l’Afrique r�unis ! A l’aff�t du moindre renseignement mais aussi assoiff�s par la chaleur et l’excitation, nous nous install�mes � un caf� pour commander deux Coca Z�ro (n’oublions pas de conserver notre ligne pour draguer sur les plages du Mourillon � notre retour). Le serveur nous apprit que nous nous �tions tromp�s de Congo et que Tintin, comme tout bon Belge qui se respecte, s’�tait aventur� au Za�re, soit de l’autre c�t� du fleuve.
D�pit�s, nous ne pr�mes m�me pas soin de visiter la c�te ouest de l’Afrique et ses �les � �pices.
Mon camarade et moi sommes de gros dragueurs, comme il a d�j� �t� dit. De retour d’Afrique, nous avons fonc� sur l’avenue du commandant Marchand, d�val� la rue Fabi� sur du Lady Gaga (en hommage au po�te), et avons gar� la voiture d’un coup de frein � main dans le parking de Mayol.
De l�, vite � la salle de muscu, o� entre deux sirops � la cr�atine et 40 kg de fonte sur chaque bras, Olivier (c’est notre coach perso, enfin qu’il dit) me passe de la cr�me bronzante. Nous ne serons jamais aussi costauds que Pascal Brutal mais �a a tout de m�me son petit effet quand on se rend � la plage de la source puis au Satins. Qu’est-ce qu’on a pu r�colter comme num�ros de t�l�phone ! Autant que des r�teaux !
Le 16 ao�t dernier, avec Jean-No�l, on s’est dit qu’avec la revue de la Patrouille de France, il y aurait des minettes � foison. Derri�re nos Ray Ban Sarko, on s’est point� au milieu de la foule. Mais je crois qu’on a trop forc�, � la salle de muscu : on n’arrivait pas � lever les yeux vers les avions tellement nous �tions raides du cou.
Tant pis, l’an prochain, on ira en Am�rique.
Les photos des plaques sont sign�es Jean-No�l SAVELLI.