FRAUDES et tripatouillages.
Les raisons de la violence sont multiples. D’abord, beaucoup de citoyens ayant vainement tent� d’obtenir leur carte d’�lecteur ont �t� priv�s de leur droit de vote. Et au soir de l’�lection, les urnes de certains bureaux ont �t� r�cup�r�es par des hommes en uniforme. Des images en t�moignent. Irruption dans les salles o� les d�comptes avaient lieu, fusils et menaces, main basse sur les bulletins et fuite � toutes jambes. Un western avec une version actualis�e de l’attaque de la banque.
Enfin, les r�sultats n’ont pas �t� publi�s � la r�guli�re. La presse priv�e avait re�u l’interdiction formelle de diffuser la moindre information sur les �lections. L’annonce anticip�e de la victoire de Faure Gnassingb� �tait donc tomb�e comme un cheveu sur la soupe, sans que personne ne s�t trop comment. « Des pourcentages coup�es � la t�te du client » (commentaires entendus).
Malgr� cette pantalonnade qu’aucun observateur �tranger ne pouvait ignorer, les �lections ont �t� valid�es avec la caution des envoy�s de la CEDEAO (Communaut� Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et la b�n�diction des chefs d’Etats africains via l’Union Africaine. A la stup�faction g�n�rale.
Les d�s �taient pip�s.
Les violences �lectorales au Togo, tout le monde s’y attendait. M�me le ministre de l’int�rieur charg� d’organiser le scrutin. Il avait tir� la sonnette d’alarme � l’occasion d’une conf�rence de presse donn�e le 21 avril, en demandant le report des �lections et la mise en place d’un gouvernement de transition pour garantir l’honn�tet� et la transparence des �lections, et �viter ainsi un bain de sang.
Il parlait en connaissance de cause. Des machettes et gourdins auraient �t� distribu�s � de jeunes d�linquants. A quel dessein ? En tout cas, ce n’�tait pas pour caresser les membres de l’opposition dans le sens du poil.
Le lendemain de sa d�claration, le ministre de l’int�rieur a �t� limog� par l’�quipe dirigeante. L’ambassade d’Allemagne l’a accueilli et lui a sans doute sauv� la vie. Le 29 avril, le centre culturel germanique sera d’ailleurs br�l� par des assaillants cagoul�s : on accuse l’Allemagne de prot�ger les « tra�tres » togolais.
Malgr� tant de signes avant coureurs, il ne s’est trouv� aucun chef d’Etat pour soutenir ouvertement le ministre et pr�venir le danger. Pire, le Pr�sident de la CEDEAO a estim� les d�clarations de celui-ci irresponsables et anticonstitutionnelles.
Rien de surprenant donc si l’on compte aujourd’hui les morts, les bless�s et les r�fugi�s, et il ne faut pas s’�tonner non plus de la r�pression militaire. Dans tous les cas de figure, la victoire du fils d’Eyad�ma Gnassingb� devait �tre annonc�e. Le contraire n’�tait m�me pas envisageable. Apr�s Eyad�ma Gnassingb�, Eyad�ma Gnassingb� 2nd. La France et l’ensemble des chefs d’Etat de la sous-r�gion ont donn� leur caution � cette mascarade. Laissez les N�gres de la R�publique banani�re s’entre-tuer, on parlera d’action humanitaire plus tard.