Toulon  Var agglomération Qualité France Média Economie Culture Justice et injustices Cuverville sans frontière Cuverweb pratique
Maison fondée à Toulon en 1995

LETTRE D'INFORMATION |

Muselier : tous feux �teints

Meeting UMP � Toulon (1/2)
vendredi 5 mars 2004
par Saint-Just

Muni d’un stylo-bille Figaro magazine offert par Jean-Claude Gaudin en personne, votre reporter pr�f�r� s’est rendu au meeting du candidat UMP pour les R�gionales.

CE mercredi 25 f�vrier est pluvieux. Quel contraste avec les dimanches radieux de juin 2002 ! � croire que m�me Dieu en revient. Le Palais Neptune, cern� d’escouades de policiers nationaux et municipaux (ce qui permet d’engager moins de personnel de s�curit� priv�e, all�geant par l� les comptes de campagnes), accueille les militants venus �couter leur champion : Renaud Muselier. Apr�s s’�tre fait bousculer par quelques manteaux en fourrure, on arrive tant bien que mal � p�n�trer dans l’antre. Les h�tesses d’accueil sont extr�mement charmantes, et l’on s’en veut presque de passer pour un droitier � leurs yeux d�licats. On s’installe dans un fauteuil pas trop loin de la sc�ne pour bien y voir, pas trop pr�s pour ne pas se faire prendre en photo par Var Matin.
La salle est comble, des personnes restent dans le hall en bas faute de places et suivront debout la r�union sur un �cran. La moyenne d’�ge est assez �lev�e, les quelques militants de l’UNI [1] ne la rabaissent pas. Le show commence avec une heure de retard, Nicolas Sarkozy �tant retenu aupr�s des pompiers en col�re. Sur l’estrade se tiennent les 25 colistiers de la liste varoise de l’UMP, ainsi que plusieurs cadors de la politique de notre r�gion : H. Lanfranchi (le patriarche du Var), Mme Joissain (l’impayable maire d’Aix-en-Provence), J.-S. Vialatte (le maire boxeur de Six-Fours), J. Pons (la gardienne du Beausset), M. Couve (le gendarme de Saint-Tropez), sans oublier -last but not least - l’�minence grise de M. Sarkozy, le sourire carnassier, Christian Estrosi.

Hubert Falco fait pousser le vent

C’est � notre maire pr�f�r� d’assurer le premier discours de cette soir�e. C’est l’homme fort du Var. Et « ce Var que nous aimons a aujourd’hui besoin d’une R�gion forte », comme PACA a besoin d’un d�partement fort ; comprenez � chaque fois : de droite.
Hubert s’en prend de fa�on virulente � l’adversaire socialiste, d�non�ant le d�ficit de « politique claire et transparente » comme au temps de Jean-Claude Gaudin. La R�gion Provence Alpes C�te d’Azur doit devenir une « plaque tournante des �changes » entre le Nord et le Sud, toujours comme elle l’�tait � l’�poque du maire de Marseille (les fr�res Perletto adorent ce langage). Pour redonner � notre « belle » r�gion son lustre d’antan, Hubert Falco s’en remet � « un Mistral gagnant », au seul programme « qui d�coiffe » : celui de Renaud Muselier. Etant donn�e la capillarit� d�clinante de l’enfant de Pignans, on essaiera de ne pas retenir cette derni�re citation. On se souviendra par contre de l’envol�e lyrique accompagn�e d’une chor�graphie des plus combatives : la main gauche cramponn�e au pupitre, le poing droit fendant l’air, le buste en avant.
Hubert montre l’exemple. Parce que tout de m�me ! «  Il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent ». Ceux qui parlent sont les ennemis d’Hubert et de Renaud et de la droite. La droite agit comme Ariel liquide sur les t�ches alors qu’Omo micro parle trop crapoto. M. le Secr�taire d’�tat aux vieux gr�ements d�plie un v�ritable pan�gyrique � l’�gard du gouvernement Raffarin. Qui se d�bat contre vents et mar�es « dans des conditions difficiles, avec la plus mauvaise croissance de ces vingt derni�res ann�es ». Jospin, lui, avait toutes les conditions pour moderniser la France mais il a fait preuve de « p�toche politique ». De la part d’un maire qui se refuse � d�baptiser un carrefour, le coup est rude.
Concernant la s�curit�, les socialistes se « pr�occupaient plus de l’agresseur que de la victime » ; Nicolas Sarkozy, de son c�t�, fait un travail remarquable : la d�linquance prise en compte baisse, Jupp� est condamn�, Chirac mis en examen, Oussama Ben Laden sur le point d’�tre arr�t� ! N. Sarkozy, � ce moment pr�cis, regarde sa chaussure droite.
Puis une tirade sur la « r�volution sociale du vieillissement » que M. Falco a accompagn�e en sauvant le syst�me d’Allocation Personnalis�e d’Aide � l’Autonomie des personnes �g�es. Les directeurs de maisons de retraite sont d’ailleurs tous unanimes : « L’id�e est simple : on prend de l’argent aux vieux, on rogne l’APA, personne ne s’en aper�oit » [2]. Hubert pourra toujours r�torquer que la majorit� parlementaire pr�c�dente n’avait pas pr�vu les cr�dits n�cessaires et qu’il a d� se coltiner tout le boulot pour trouver les fonds, les associations ne lui en sont pas pour autant reconnaissantes ; pour preuve, elles lui demandent « de revenir sur votre projet et, au contraire, d’am�liorer le fonctionnement de cette aide pour prendre mieux en compte les besoins r�els des personnes �g�es d�pendantes » [3]. Qu’importent les auteurs de ces phrases d�sobligeantes : ils ne sont pas l�.
Et l’enthousiasme du sous-ministre est in�branlable, surtout quand il �voque la construction d’un deuxi�me porte-avions et l’augmentation du budget de la D�fense qui, dit-il, se ressent et se ressentira dans notre ville sans m�me que l’arsenal ne participe � quelque phase de construction que ce soit (d’ailleurs il n’y a pas qu’� la Direction des Constructions Navales que les hausses du budget militaire accompagnent un all�gre d�graissage. GIAT Industrie lutte contre son comit� d’entreprise pour supprimer plus de 3000 emplois).
C’est pour toutes ces raisons qu’Hubert et les siens ont d�cid� de soutenir Renaud Muselier. Ils lui promettent : « Nous allons pousser. Ici on sait ce que �a veut dire pousser, dans ce pays de rugby ». Vazi minot.

Olivier Audibert-Troin : le disciple jedi

L’adjoint drac�nois est un homme propre sur lui. Dynamique, il monte les marches de la salle du Palais quatre � quatre pour s’enqu�rir du futur imm�diat de la r�union avec l’assistant technique. Il salue d’un signe de la main les grands-p�res qui l’interpellent et applaudissent sa r�ussite : si jeune et d�j� si haut.
Malgr� son empressement, Olivier est rest� humble. Il sait que le clou de la soir�e n’est en aucun cas sa petite personne, mais ce Little Big Horse de Sarko descendu de Paris. Il sait aussi qu’il ne doit pas se laisser impressionner, m�me si un futur pr�sident de la R�publique l’accompagne. Alors il s’empare de son couteau � tartiner et se met par d’amples mouvements de bras � �taler des « gratitude et reconnaissance » � tous ses a�n�s. Gratitude et reconnaissance � Hubert Falco pour �tre pass� avant lui, gratitude et reconnaissance � Renaud Muselier de l’avoir post� en t�te de liste d�partementale, gratitude et reconnaissance � Nicolas Sarkozy d’�tre Nicolas Sarkozy, gratitude et reconnaissance � Pento pour l’aider � se coiffer tous les matins et � l’Ultra Levure pour combattre les effets secondaires du stress.
Malgr� son obs�quiosit�, l’homme est un lutteur. Sa s�mantique est d’ailleurs assez agressive : ce n’est rien de moins que « l’�tendard de la reconqu�te » qu’il faut brandir tout au long de la campagne des R�gionales, pour bouter hors du Conseil R�gional Michel Vauzelle et sa cinqui�me colonne !
Les vingt-cinq colistiers du Var sont successivement pr�sent�s et testent leur popularit� � l’applaudim�tre. Le pr�sident de l’Universit� del Sud Ravaz sort grand vainqueur gr�ce aux veaux de l’UNI, alors qu’Audibert-Troin oublie quelques compagnons de route. Sans doute ne les connaissait-il pas. Certainement des militants UDF.
« Gratitude et reconnaissance » � vous tous de brandir si haut ce drapeau au nom de tous les Proven�aux, tous les Alpins et tous les Azur�ens.

Rudy Salles : le vilain petit canard

La parole est laiss�e au d�put� des Alpes Maritimes et vice-pr�sident de l’Assembl�e Nationale. Rudy Salles a fait grincer bien des dents en se maintenant « droit dans ses bottes » pour une liste UDF autonome avant de c�der sur un accord � l’amiable avec l’UMP. Le grand argument en faveur de l’alliance �tait relatif � la pr�sence de Le Pen, qui aurait pu laisser en troisi�me position une droite d�sunie. Mais maintenant que le Jean-Marie est retourn� dans sa tani�re de Saint-Cloud, allez savoir ce que se dit Rudy. En tout cas, en ce 25 f�vrier, il ne faut pas montrer sa g�ne.
Il met l’accent sur les liens tiss�s au fil du temps avec les membres de l’UMP. Hubert Falco devient ainsi un « vieux complice » avec qui il d�nait chaque semaine « ï¿½ la table des sudistes » de l’Assembl�e Nationale. Certaines juxtapositions lexicales sont hasardeuses, mais ne choquent ni Muselier ni Sarkozy qui bavardent tranquillement entre eux pour montrer � quel point ils respectent le tribun. Cela n’emp�che pas le t�nor de l’UDF de poser lui aussi sa pierre au panth�on du ministre de l’Int�rieur. Et il termine par un vibrant compliment � l’�gard de Renaud Muselier : cet homme par son envergure de secr�taire d’�tat aux Affaires �trang�res « a donn� un visage � notre r�gion » [4].

Renaud Muselier ou la gloire de mon grand-p�re

C’est lui la ceinture noire de karat�. C’est lui qui cassait les gr�ves d’�tudiants en m�decine. C’est lui qui prend le bateau avec les marins p�cheurs en rogne contre l’Europe avec un manteau de l’OM sur les �paules, et qui fait de la voile � Pointe Rouge v�tu d’un polo Lacoste n�gligemment d�boutonn�. Pour ce qui nous int�resse, c’est lui qui conduit l’UMP dans la tourmente des R�gionales. C’est lui le fils de Provence Alpes C�te d’Azur. Lui, c’est Renaud Muselier.
Pour les habitu�s des spectacles de Titoff, son allocution sera une franche poilade. Pour tous ceux qui ne go�tent pas aux plaisirs de Rire et Chansons, ce sera plus consternant. Avec un accent caricatur� � l’extr�me, Renaud est pr�t aux gal�jades. C’est parti.
Il est ravi de se « retrouver avec [ses] amis du gouvernement » pour parler de « la r�gion, toute la r�gion, rien que la r�gion ». Et quoi de mieux pour parler de la r�gion que de commencer son discours par cirer les pompes � Sarkozy ? « Nicolas, c’est le dynamisme, c’est la volont�, c’est l’intelligence de l’action », c’est son ami. Tout comme Hubert. Et il existe un point commun entre Nicolas, Hubert et lui : ils sont au gouvernement et n’ont pas fait l’ENA - ce dont, entre nous, on se serait dout�. Muzo se vante de s’�tre fait tout seul et de n’avoir pas « re�u de circonscription dor�e en h�ritage », mais n’h�site pas � faire valoir la figure de son glorieux a�eul, l’amiral Muselier, avec sa croix de Lorraine et ses croisi�res � Saint-Pierre et Miquelon.
Il a choisi de s’exprimer � Toulon sur trois symboles : « l’incapacit� du Front � g�rer », rapportant sans trop de mal que Le Chevallier a succ�d� � Fran�ois Trucy ; « les rapports incestueux de l’extr�me droite et de la gauche », proposition qui nous apprend donc que Maurice Arreckx �tait de gauche ; « la dynamique de l’union » par laquelle les agglom�rations marseillaise puis toulonnaise ont v�tu un costume bleu marine.
Cette dynamique de l’union est un peu l’oeuvre du p�re d’entre tous les UMP de la r�gion, le truculent Jean-Claude Gaudin, celui � qui Edmonde Charles-Roux attribuait « une b�tise moli�resque » [5]. Muzo fait remarquer � Hubert qu’une m�me amiti� les lie � ce grand monsieur de la politique locale. Gaudin « ne se trompe jamais en termes politiques » et pour les R�gionales, le candidat UMP entend ne « plus voir notre r�gion g�cher ses atouts et gaspiller l’h�ritage » de Jean-Claude. Muselier s’en prend au « perdant » Vauzelle, « sortant bient�t sorti » dont il gratifie le bilan de « z�ro ». L’UMP propose au moins la construction par la R�gion de boulodromes couverts. Pour un pays qui compte plus de trois cents jours de soleil par an, on sent le pragmatisme.
Le programme de Renaud Muselier est, selon l’int�ress�, « ambitieux » et sa m�thode « simple » : « la r�gion doit �tre l’architecte de son avenir. Ce n’est ni un tiroir caisse, ni une collectivit� isol�e ». La t�te de liste entend r�ussir en Provence Alpes C�tes d’Azur ce qu’il a r�ussi � Marseille : une vaste zone franche dans laquelle les droits sociaux sont l�galement oubli�s, une r�novation du centre-ville par l’expulsion progressive des plus pauvres vers les arrondissements des quartiers nord, une America’s Cup qui aurait servi d’alibi � la municipalit� pour cr�er une super zone franche (encore !), et se d�barrasser d’un projet de mus�e mal fagot�. Un objectif port� par un homme d’exp�rience : Muzo compte dix ann�es au Parlement, neuf ans comme 1er adjoint � Marseille, six ann�es � la t�te d’Eurom�diterran�e et deux ans au gouvernement. Et s’il est �lu pr�sident de la R�gion, il d�missionnera du gouvernement parce que son nouveau poste demandera un investissement � 100%. A croire qu’il ne s’investit aucunement dans ses autres mandatures.
Se r�f�rant � Nicolas Sarkozy, qui repr�sente � lui tout seul le refus de « la fatalit� de l’inaction », il d�clare que l’UMP doit � ses �lecteurs le s�rieux et le respect des r�gles. Roselyne Bachelot et Alain Jupp� approuvent. Muzo compare d’ailleurs, � grands coups de gauloiseries, les statures des ministres de Jospin et ceux de Raffarin, insistant sur le duel Vaillant-Sarko. C’est vrai que c’est plus facile que DSK-Mer.
Le Sud doit choisir la carte de l’UMP, ne serait-ce que parce que la liste de la droite unie, « c’est le peuple de PACA en concentr� », c’est « le reflet de la population, des communaut�s, des comp�tences et des territoires ». Le peuple de PACA est donc plut�t couillu et sent la lavande. Mais ne vous inqui�tez pas, chers �lecteurs, Renaud Muselier saura toujours vous faire voir le bon c�t� de la vie, car il fait « partie de ces gens qui sont bien leur peau ». (Suite et fin : Sarkozy ! Sarkozyy !!)

Imprimer Imprimer

[1] Union Nationale Inter-universitaire. Autrement dit, "la droite universitaire".

[2] Propos tenus par le directeur de l’Association des directeurs d’�tablissements d’h�bergement pour personnes �g�es (ADEHPA), Pascal Champvert, dans la Voix du Nord le 19 ao�t 2003.

[3] Mathieu Scrivat, pr�sident de l’association Cultures, Humanisme et Citoyennet�.

[4] Ce fut d’abord une voix. En d’autres circonstances, Muzo a fait r�sonner une phrase destin�e � la post�rit� : « Villepin s’occupe de tout, je fais le reste ».

[5] Edmonde Charles-Roux avait d�clar� cela � propos du remplacement � la t�te du Ballet national de Marseille de Roland Petit par Marie-Claude Pietragalla, dont on sait aujourd’hui les talents de gestionnaire. Edmonde Charles-Roux est l’�pouse de feu Gaston Deferre. Rappelons que Gaudin fut le premier adjoint de Deferre, gr�ce � un d�coupage �lectoral d�favorable au PCF, d�coupage concoct� par Gaston lui-m�me.

Répondre à cet article



Copyright | 2020 | cuverville.org
R�gionales Paca 2004"/>
Retour vers la rubrique
Qualit� France"/>
Dans le m�me dossier
Cuverville n’aime pas les raz-de-mar�e
(01/04/2004)
Rapports de force � l’issue du 1er tour des �lections r�gionales
(23/03/2004) (2 messages)
Le grand match Muselier-Vauzelle : la m�thode
(17/03/2004) (6 messages)
R�ves de France � Marseille - entretien avec Michel Samson et Tahar Rahmani
(14/03/2004)
Sarkozy : laissez venir � moi les �lecteurs du FN
(07/03/2004) (11 messages)
Paca 2004 : les 25 varois de la liste Gauche Unie
(29/02/2004)
Sondage exclusif ISI-Cuverville
(28/02/2004)
La d�ontologie politique par l’exemple
(25/02/2004)
Paca 2004 : les 25 varois de la liste UMP-UDF
(22/02/2004)
LCR-LO : Cr�puscule au Grand Caf� de la Rade
(19/02/2004) (2 messages)
Les br�ves
Paca 2004 : les 25 �lus du Var
(29/03/2004)
La roustasse
(28/03/2004)
Renaud Muselier : le compte est bon
(25/03/2004)
Paca 2004 : r�sultats du premier tour
(22/03/2004)
Elections r�gionales Paca : tous les sondages (mise � jour du 15 mars)
(11/03/2004) (1 message)
Elections r�gionales en Paca : le programe de Museli�
(02/03/2004) (6 messages)
Muselier communique son programme
(25/02/2004) (1 message)
Le mage Cuvervyl, ce gros nul...
(23/02/2004)
Le mage Cuvervyl souhaite rassurer les �lecteurs du FN...
(14/02/2004)
Elections r�gionales en Paca : l’UDF est dans la place !
(26/01/2004) (1 message)