Pollution � Toulon : Les particules exc�dentaires
Le serpent de mer de la travers�e souterraine de Toulon a depuis peu sorti la t�te hors de l’eau, et l’id�e d’un deuxi�me tube reprend de plus belle... Comment fluidifier la circulation routi�re et l’air de la capitale varoise ?
Elargissez, �largissez, c’est la loi et les proph�tes... QUELQUES automobilistes et actionnaires de groupes d’�quipementiers routiers poussent la DDE (Direction D�partementale de l’Equipement) et la municipalit� � �largir les voies d’acc�s � Toulon, en passant d’une 2X2 � une 2X3 voies. Le but serait d’�viter les bouchons aux entr�es et sorties de la ville. Probl�me : aucune 2X3 voies ne traverse Toulon, l’effet-entonnoir jouera donc � plein. L’�largissement des autoroutes n’a jamais effac� les embouteillages.
Car la fluidit� de la circulation est avant tout contrari�e par les entr�es et les sorties d’autoroute. Si l’on prend l’exemple de l’arriv�e sur Marseille en venant de Toulon, on note que les ralentissements (1�re-2�me, 1�re-2�me...) commencent bien avant le p�age de Prado-carr�nage, avec l’entr�e du centre commercial de la Valentine ou la sortie de La Pomme. A l’entr�e est de Toulon, les bouchons des heures de pointe sont du m�me genre : retenues � Grand Var, La Valette et Saint-Jean-du-Var. Le seul gain concerne la fluidit� du trafic dans le tunnel et sur le boulevard de Strasbourg. Du c�t� de la sortie ouest, ceux qui s’�chappent du tube vers le Pont des Gaux jouent � la roulette russe du rabattement d�s que le trafic devient plus dense.
Contournez les probl�mes. La travers�e souterraine de Toulon n’est pas la seule solution envisag�e pour d�sengorger la pr�fecture du Var. On a aussi pens� � contourner Toulon. Pourquoi pas ? Les camions passent aujourd’hui, pour la plus grande s�curit� de tous, devant des �coles maternelles (avenue des Dardanelles notamment), mais les d�placer n’annulera ni les dangers li�s � la conduite au volant, ni la pollution. Et puis, les riverains appr�cieront : un bon 38 tonnes toutes les minutes devant son jardin ou son balcon, comme c’est d�j� le cas � Beno�t Malon, �a fait de la distraction. Certes, l’int�r�t collectif passe avant l’int�r�t individuel, mais quel int�r�t collectif servent exactement les camions et la pollution atmosph�rique ? Le pr�sident du Conseil National de l’air, M. Bernard, a estim� r�cemment que la pollution tuera cette ann�e plus que la route. Et toujours selon ce m�me monsieur, "m�me en dessous des seuils administratifs, il y a d�j� des risques de mortalit�" [1].
Ce probl�me de pollution se pose d’ailleurs, encore et toujours, pour le centre-ville. En effet, si le tunnel a dans un premier temps vid� les art�res dans le sens Nice-Marseille, l’augmentation continue du trafic annulera d’ici 5 ans les b�n�fices obtenus. Aujourd’hui, la travers�e souterraine n’absorbe que 20 � 30 % du trafic de surface de l’agglom�ration [2], et provoque un effet inattendu : celui de la d�t�rioration du temps de trajet moyen sur le r�seau Mistral (ex-RMTT). Des transports publics moins performants, c’est autant d’automobiles en plus.
Trac� Connu mais Sans Priorit�. En attendant, il reste peut-�tre le TCSP (Transport collectif en site propre), commun�ment appel� tramway. La solution id�ale pour de nombreuses personnes, comme les �tudiants seynois par exemple, qui traversent Toulon et se rendent au campus de La Garde. Pour ceux qui bossent dans des villes un peu plus �loign�es, on peut ais�ment imaginer des trains express d’agglom�ration en plus des TER (Trains Express R�gionaux), les infrastructures sont pr�sentes ou pr�vues de longue date. Ce syst�me de d�placement sur rail pr�sente le triple avantage d’�chapper aux bouchons (� la diff�rence des bus sur les portions d’autoroute), de causer moins d’accidents graves, et de moins polluer.
Une telle �volution demande une v�ritable volont� politique. Doux r�ve quand on sait que l’Etat a choisi de se d�sengager du financement des transports publics, au moment m�me o� il justifiait la hausse des taxes sur la gazoline par la n�cessit� d’investir dans le ferroutage. Le budget 2004 du minist�re des transports, pr�sent� jeudi 25 septembre 2003, supprime les subventions pour les Transports Collectifs en Site Propre. De plus, le gouvernement ferme le robinet des aides aux Plans de D�placement Urbain (PDU), cr��s par la loi sur l’air de 1996 et obligatoires pour les agglom�rations de plus de 100.000 habitants. Les subventions aux PDU incluaient, notamment, le financement � hauteur de 35 % des r�seaux cyclables. Autant dire qu’� Toulon, on n’est pas pr�s de voir poser le premier rail de tramway ni de voir la construction de v�ritables pistes cyclables (tout au plus d’autres bandes vertes).
Certains �lus de TPM sont d�j� soulag�s. Ils auront de quoi justifier l’ent�tement de M. Falco � subordonner la mise en place du TCSP � l’ouverture du second tube. Ils auront �galement de quoi donner raison aux promoteurs immobiliers qui visent les terrains agricoles d’Ollioules et de La Seyne [3]. Pas de casse-t�te non plus quant � leur soutien au gouvernement Raffarin : « c’est la faute aux 35 heures ! »
Nous m�nerait-on en bateau ? Si l’option du tram est s�duisante, elle conna�tra tout autant que le tunnel automobile les effets du vieillissement. Le TCSP fera reculer un temps la voiture avant de voir celle-ci grignoter � nouveau du terrain, comme c’est par exemple le cas � Nantes. T�nacit� automobile d�routante, n’est-ce pas ? Devra-t-on s’en remettre � une r�volution morale et politique pour ma�triser nos d�placements et revoir notre fa�on de consid�rer la ville ? Peut-�tre. En tout cas, Jean-Marc Ayrault, pr�sident social-tra�tre-marxiste-l�niniste de la Communaut� urbaine de Nantes, conc�de que si les �lus locaux n’appuient pas leurs transports collectifs, ils seront oblig�s de se reporter « un jour ou l’autre, sur le choix de solutions extr�mes, que nous ne voulons pas, comme l’instauration, � Londres, d’un p�age urbain ». L’option du tramway conna�t un second d�savantage, plus imm�diat : celui de ne pas r�soudre le probl�me des camions. Le gouvernement Raffarin l�gitime sa taxe sur le gazole pour investir dans le ferroutage (il lutte contre l’�mission de gaz � effet de serre) sans pour autant taxer les routiers (il encourage l’�mission de gaz � effet de serre). Et puis, l’am�nagement du territoire par une droite lib�rale, �a fait un peu antith�tique [4]. On a donc le temps de voir nos poumons noircir.
Outre le chemin de fer, certains ont pens� qu’une partie du trafic des transporteurs routiers pourrait �tre prise en charge par le cabotage. L’agglom�ration toulonnaise est concern�e au premier plan puisque, selon une source patronale inv�rifiable [5], La Seyne deviendrait une plate-forme multimodale o� l’on chargerait des camions pour le Sud de l’Italie. La question reste de savoir si cela pourrait �tre efficace. Le doute est permis puisque les camions qui viennent de Galicie ou du Brabant en direction de la V�n�tie passent le plus souvent par le centre Var. Ceux qui traversent Toulon alimentent en gros TPM, m�me si cela ne les emp�che pas de rallonger � discr�tion leurs feuilles de route. Une plate-forme de cabotage conduirait donc un flux suppl�mentaire de routiers vers la r�gion toulonnaise, et un beau nuage brun continuerait de flotter sur la « plus belle rade d’Europe ». Ce projet aurait tout de m�me l’avantage de cr�er des emplois autres que touristiques dans un bassin industriel sinistr�.
Ces histoires de pollution sont vraiment un cauchemar.
[1] Le Monde, 21 septembre 2003.
[2] Var Matin, 19 septembre 2003.
[3] Voir le combat des Olivades, par exemple.
[4] NDLR : ce n’est pas tout � fait vrai car jadis, Pasqua entreprit la construction de tr�s beaux et multiples ronds-points.
[5] M�tropole n°66, septembre-octobre 2003.
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> Pollution � Toulon : Les particules exc�dentaires 13 novembre 2004, par
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