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LETTRE D'INFORMATION |

Mon commerce au centre-ville - �pisode 2 : le syndrome du Projet

jeudi 18 mai 2006
par Pierre Robert
Les propri�taires de biens immobiliers situ�s en plein coeur de Toulon attendaient leur grand soir. Mais depuis que Monsieur le S�nateur-maire a obtenu que le site soit class� en zone franche, les paralytiques se remettent � marcher et les aveugles voient, les sourds entendent, les agences sp�culent. Hubert Falco serait-il l’Elu ?

R�SUM� de l’�pisode pr�c�dent : Cuverville piste des copains qui veulent monter un commerce et cherchent un local. Nos limiers s’aper�oivent que "l’immigration choisie" est d�j� � l’oeuvre dans le BTP.

On croit savoir pourquoi les rues sont d�sertes. Parce que les pouvoirs publics ont choisi d’implanter une galerie commerciale au coeur m�me de la cit� avec, en attrape-mouches de premi�re cat�gorie, un hypermarch� Carrefour. Plus les enseignes habituelles, de Sephora � la Fnac en passant par Go Sport et Mc Do, mais c’est Carrefour — et peut-�tre un peu Sephora — qui permet � tout ce beau monde d’optimiser son chiffre d’affaires. Lieux et denr�es universellement appr�ci�s. Rien de neuf sous les n�ons.
Alors on pointe la b�tise des �lus qui ont accompagn� de telles anomalies. L’�quation para�t simple : d�portation des badauds vers les grandes enseignes bunkeris�es �gale mort des petits commerces de plein air. Sauf que c’est sans doute un peu plus compliqu� que cela.

« Toulon bouge, Toulon avance » dit la r�clame.
Apporter une petite pierre � l’�difice. Ouvrir autre chose qu’un restaurant salade/formule ou une boutique de fringues.
Dans leur id�e de cr�er une activit� commerciale, nos potes n’envisageaient pas d’autre endroit que le centre ancien. Ils pensaient que les proprios viendraient leur bouffer dans la main, ravis que des fous s’int�ressent � leurs murs d�cr�pis. Erreur.

Il y a quelque chose d’intriguant � longer des vitrines poussi�reuses sans renseignement aucun. De loin en loin, un num�ro de portable ou une pancarte d’agence marquent des locaux qui ne restent sans doute jamais vides tr�s longtemps. A croire que les autres se foutent de vendre ou louer des espaces dont m�me les rats se sont lass�s.

A Toulon, les lendemains chantent toujours.

Diagnostiquons. Ces propri�taires apparemment n�gligents sont victimes du syndrome du Projet [1]. C’est une maladie qui se transmet � grands coups de programmes �lectoraux, un effet collat�ral du changement r�gulier d’�quipe municipale, une pierre jet�e dans la mare de ceux qui militent pour le non cumul des mandats.
Toulon a connu en moins de vingt ans quatre maires diff�rents et autant de batteries d’id�es extraordinaires pour le d�veloppement de la ville. Chacun veut apposer son empreinte et d�tricote avec application le travail accompli par ses pr�d�cesseurs. Les exemples ne manquent pas. Prenez le tramway, conceptualis� � la fin des ann�es soixante-dix. Pr�s de trente ans plus tard, malgr� les expropriations, les enqu�tes publiques, les consolidations de ponts et les appels d’offre, aucun rail n’est pos� ni m�me encore command�, ni m�me encore fondu. On pr�te les propos suivants � l’adjoint Bru�re, charg� de la coop�ration intercommunale : « le tramway sera inaugur� avant la fin du mandat, le probl�me �tant de savoir lequel ».
D’autres �l�ments du syndrome ? Le maire Trucy (UDF) initia la r�habilitation du centre ville dans les ann�es quatre-vingt. Il cr�a � cette fin une soci�t� d’�conomie mixte nomm�e "Toulon Am�nagement D�veloppement". Le Chevallier (FN), �lu en 1995 et m�content des r�sultats de la SEMTAD, prit une grande d�cision en la rebaptisant "Toulon Am�nagement". Puis Falco (UMP), aussit�t arriv� en 2002, vira la SEMTA et installa "Var Am�nagement D�veloppement". Trois maires, trois SEM [2]. Une quinzaine d’ann�es apr�s le d�but de l’op�ration, le label ZFU, « une chance � saisir ensemble » que vient d’obtenir Pomponnette marque un �ni�me nouveau d�part. Mais cette fois-ci, n’en doutons pas, c’est le bon.

Des projets sur le coeur de ville ? Celui qui semble le mieux engag� vise au rapatriement d’une partie de l’Universit� du Sud Toulon-Var vers la fac de Droit. Le « nouveau sch�ma » pr�voit l’am�nagement des anciennes halles Raspail en « Maison des services � la population et aux �tudiants ». Des immeubles, quand ce ne sont pas des p�t�s entiers (c�t� Ouest de la rue Baudin, par exemple), sont r�serv�s aux futures r�sidences universitaires. TPM envisage ainsi de lib�rer 500 logements dans le centre ancien � destination exclusive des �tudiants. « Ces logements ram�neront ainsi, au cœur de la cit�, une mixit� sociale n�cessaire � son dynamisme », explique le dossier d’expertise de TPM [3]. Traduction pour les mal-comprenants : �a nous changera des arabes. Les plus enthousiastes parlent d’une concr�tisation d’ici quatre ou cinq ans, mais les relations conflictuelles qu’entretiennent le Pr�sident de TPM Falco (favorable au projet) et le Pr�sident de l’USTV Ravaz (oui, non, peut-�tre, � voir, j’h�site, reprenons tout depuis le d�but) ne laissent rien augurer de bon.

On pourrait aussi parler de la dalle de b�ton couvrant le parking de la rue Pierre S�mard : la mairie projette d’y rapatrier les galeries Lafayette depuis le boulevard de Strasbourg, en compl�tant le tableau avec d’autres grandes enseignes encore introuvables � Toulon. Il en reste.

Falco a certes concr�tis� certaines propositions plus ou moins dat�es. L’am�nagement de la gare routi�re. La construction d’un palais omnisports en plein p�rim�tre d’urgence nucl�aire. Le dallage tr�s salissant de la Place de la Libert�. Des palmiers. Un b�ret de marin en b�gonias � l’entr�e Ouest de la ville. Et l’�rection d’une b�tisse que Trucy avait r�v�e en m�diath�que avant que Le Chevallier ne l’envisage en galerie commerciale (et cin�ma), et que l’�quipe actuelle ne finalise l’espace en bureaux (et cin�ma).

Harpagon sur son or.

Alors les propri�taires d’immeubles — logements � l’�tage et local commercial en rez-de-chauss�e — attendent. Je vendrai/louerai mieux demain qu’aujourd’hui. La zone franche a ceci de pervers qu’elle encourage la sp�culation. Ses z�lateurs n’en parlent pas mais la Chambre de Commerce s’en est d�j� rendue compte. Il faut pr�ciser qu’� la date de r�daction de cet article on ne conna�t toujours pas pr�cis�ment les contours du p�rim�tre concern�. Pourtant, soutenues par les agences immobili�res, les petites grenouilles du patrimoine gonflent, gonflent... Et les prix suivent le mouvement. Trop d’attente vous fait p�ter les plombs. « C’est la loi de l’offre et de la demande », assurent les agents. La demande est-elle � la mesure de l’offre ? La ZFU suscite objectivement des vocations, mais il faut avoir les reins particuli�rement solides pour supporter les tarifs — hallucinants — qui se pratiquent depuis l’annonce faite par Hubert... On en reparle dans le prochain �pisode.
Autre discours convenu : je pr�f�re garder mes appartements vides plut�t que les louer � des bougnoules dont chacun sait qu’ils ne paient pas le loyer, qu’ils pissent dans l’escalier et fr�quentent des mosqu�es d’appoint en sous-sol. Variation sur le th�me : certains proprios ont r�ussi � louer leurs bonbonni�res � des gens civilis�s, dans le genre fonctionnaires, et ne souhaitent pas que l’activit� d�velopp�e dans la rue vienne tout g�cher. Non au kebab, non � l’�picerie kacher et � toute forme de commerce sale et bruyant. Oui au centre ville r�sidentiel et mort calme.

En d�but d’ann�e, Falco donnait les chiffres de la d�saffection du centre : 24% de locaux commerciaux laiss�s en jach�re. On pourrait ajouter que beaucoup d’appartements gardent leurs volets ferm�s — sans parler des immeubles en voie de requalification. Les propri�taires concern�s sont-ils tous atteints du syndrome du Projet ? Peut-�tre pas, mais une chose est s�re : ils n’ont pas besoin de ces biens immobiliers pour vivre.

(A suivre : quatre exemples)

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[1] Quand ils ne rel�vent pas de la psychiatrie ou de la g�riatrie.

[2] Il faut pr�ciser que les deux premi�res ont, par leur capacit� � signer des ch�ques et leur incapacit� � faire fructifier ce qu’elles achetaient ou "requalifiaient" � prix d’or, vid� les caisses de la ville. VAD n’a pas les m�mes pr�rogatives.

[3] Nouveau sch�ma universitaire 2004-2012, �labor� par la Direction du D�veloppement �conomique, de l’Enseignement sup�rieur et de la Recherche.

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