Jean-Louis Gombeaud r�fl�chit tr�s fort
JEAN-LOUIS Gombeaud est un �conomiste qui vit de ses �ditoriaux dispens�s dans la presse Lagard�re, et des ses responsabilit�s comme « chef des informations �conomiques » au sein de la cha�ne de t�l�vision Public-s�nat. Gombeaud votera "oui" lors du r�f�rendum � venir, car il est Europ�en.
Le fl�chissement du "non" dans les sondages souffle aujourd’hui une bouff�e d’oxyg�ne dont se saoulent les �ditorialistes de la presse institutionnelle. Jean-Louis s’emballe, et ose une analyse qui sera publi�e lundi 2 mai dans Lagard�re matin (Nice matin + Var matin + Corse matin).
« Fragilit� des "non". L’offensive du "oui" semble en train de payer ! Attention il n’a pas pour autant emport� la partie bien que l’affaire puisse se compliquer pour le "non" qui avec les derniers sondages pourrait �tre atteint au moral. Mais sa principale fragilit� - et elle a fort bien �t� relev�e par M. Lionel Jospin au cours de son entretien t�l�vis� - est d’�tre fait d’un alliage fragile. Plus le temps va passer, plus cela se verra et le "oui" ne se privera pas de taper dessus.
Certes le "non" se soude autour du m�contentement qui dans notre pays est fort grand, mais dans un r�f�rendum de ce type o� il s’agit d’avenir, la capacit� d’un des deux camps � dresser des perspectives ou pas est d�cisive quand on cherche � deviner l’issue du combat.
De ce point de vue les "oui" m�me divers sont plus coh�rents entre eux ("homog�nes" � dit l’ex-premier ministre) que les "non". La preuve, certains dans ce camp-l� se disent Europ�ens de toujours et voteront "non" � l’unisson d’anti-Europ�ens historiques. Peut-on voter "non" � l’Europe en esp�rant � travers ce bulletin jeter les bases d’une Europe conforme � ses voeux ? Un client qui entrerait dans une boutique et d�daignerait le costume propos� au pr�texte qu’il n’est pas sur-mesure aurait de fortes chances de se retrouver tout nu dans la rue.
Dans ces conditions si le "non" dispose de nombreux angles d’attaque, c’est-�-dire d’arguments pour mener sa gu�rilla contre le "oui", celui-ci a plus d’�nergie en son sein parce que plus compact que son adversaire aux rangs dispers�s.
Tiraill� de l’int�rieur, le "non" aura donc plus de mal � organiser son retour que le "oui" n’en a eu pour mettre en branle le sien ces dix derniers jours.
Nous nous retrouvons donc dans un cas de figure tr�s classique connu de toutes les �coles de strat�gie qui enseignent que l’unit� d’un camp est une condition absolument d�cisive pour le conduire � la victoire. Le "oui" sait ce qu’il veut : l’Europe. Les "non" ne cernent pas bien leur objectif. Aucun de ses partisans ne dit qu’il faut remettre des barri�res commerciales comme avant le trait� de Rome, r�imprimer des billets de banque comme avant celui de Maastricht, violer les r�gles budg�taires comme avant Amsterdam, etc.
Ainsi, non seulement les "non" sont moins homog�nes mais en plus ils sont nettement moins logiques que le "oui" qui somme toute - et la position est confortable - propose de continuer le chemin.
Ca n’a rien d’exaltant mais �a peut para�tre moins risqu�. Par ces temps troubl�s et incertains, l’argument est de taille. Dans l’�p�tre de Saint Jacques on peut lire : "que votre oui soit oui, que votre non soit non". La grande fragilit� du "non" est l�.
Pour une grande partie de ceux qui choisiront ce bulletin, ce "non" aimerait pouvoir dire oui. Il y a donc pour le "oui" des soutiens � gagner � l’int�rieur du camp adverse. L’inverse pourrait devenir de moins en moins vrai. »
Passons sur la remarquable parabole costumi�re et sur la sainte parole d’�vangile, pour nous int�resser � l’essentiel du propos soulignant l’homog�n�it� du "oui" contre les tiraillements du "non".
Homog�ne le "oui" ? Messieurs Chirac, Cohn-Bendit, Madelin, Jospin, Hollande, Sarkozy, ou cette bande d’allum�s pr�chent donc pour la m�me paroisse ? Objectivement, n’allons pas jusque l� (m�me si la tentation est grande). Messieurs Madelin et Jospin, par exemple, n’ont sans doute pas tout � fait les m�mes points de vue sur l’organisation de la soci�t�. Or, quand le "oui" s’exprime dans les m�dias, il ne s’agit que de celui de Jospin, celui de Hollande, Ch�r�que et Chirac : celui de "l’Europe sociale". Pour la paix, contre la Chine, etc. O� est pass� Madelin ? Pourquoi ne s’exprime-t-il pas sur les ondes ? Et pourquoi l’ultra-lib�ral Barroso, pr�sident de la Commission europ�enne, est-il interdit d’antenne fran�aise ? L’Europe qui s’annonce est-elle si sociale que �a ? De l’autre c�t�, quand il s’agit d’�couter le "non", on invite de pr�f�rence ses pires repr�sentants, de Charles Pasqua � la famille Le Pen, avec un zeste d’Emmanuelli pour pimenter le tout.
Gombeaud confond la v�rit� m�diatique avec la r�alit�. Mais son �dito ne s’arr�te pas l�.
On connaissait ceux qui jouent les m�diums, affirmant que Charles de Gaulle ou Fran�ois Mitterrand voteraient "oui" � la Constitution s’ils �taient encore parmi nous. Ils volent d�j� tr�s haut dans le ciel azur de la grosse couillonnade.
Certains magiciens ont par ailleurs le pouvoir d’analyser la pens�e des objets inanim�s, en soutenant que l’Airbus A380 voterait "oui" lui aussi si on l’inscrivait sur une liste �lectorale [1]. Eux, on pourrait les qualifier de chefs d’escadrille.
Aujourd’hui, en r�v�lant qu’ « une grande partie de ceux qui choisiront » le "non" � la Constitution « aimerait pouvoir dire "oui" », Jean-Louis Gonzo franchit les limites de la stratosph�re.
[1] Un r�cent article de l’Humanit� disait exactement le contraire il y a peu. C’est tout aussi cr�tin.
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