LE 23 d�cembre dernier, Henri Guaino, conseiller tr�s sp�cial d’un Pr�sident de la R�publique � talonnettes, d�clarait que « la mondialisation [avait] fragilis� les identit�s » et posait la question de savoir s’il restait un « consensus national aujourd’hui ? » [1]
Le m�me jour, Andr� Glucksmann, dont l’organisation capillaire h�site de plus en plus entre Marianne (� l’�poque o� elle �tait incarn�e par Mireille Mathieu) et Jeanne d’Arc pr�te � bouter l’envahisseur hors de France, se laissait aller � quelques �lucubrations historicisantes selon lesquelles « jadis, la France �tait un peuple de paysans qui vivaient dans une sorte de s�r�nit� antique » [2] alors qu’« aujourd’hui les enfants du si�cle se d�placent et ils sont dans une angoisse d’�tre d�racin�s » [3]. D�racin�s, un mot cher � Barr�s dont le th�me du retour � la terre est repris tous les six mois par notre Pr�sident.
Le d�bat sur l’identit� nationale avait d�j� eu lieu � Toulon au d�but des ann�es 40. Le commandant Davin, �rudit local et membre �minent de la Soci�t� Des Amis du Vieux Toulon [4], avait tent� d’y apporter sa contribution car selon lui, l’« unit� fran�aise » �tait alors tr�s « �branl�e ». Alors que les rois de France avait b�ti un �difice solide, en �cartant les femmes du tr�ne pour �viter toute malfa�on dans la maison France, celle-ci se retrouva � terre par la d�faite de 1940. Or la ruine de ce beau pays ne trouvait qu’une cause : « l’id�ologie de 1789. Les divers sympt�mes de la d�cadence fran�aise furent tous les produits d’une m�me aberration : le d�veloppement des id�es d�mocratiques entra�nant soit un affaiblissement de l’autorit�, soit une alt�ration du sens national, soit ces deux maux � la fois ». Pour lui, « une condition s’impos[ait] : [exercer] notre esprit � ne plus penser allemand, anglais, am�ricain, russe, turc ou chinois mais ne [penser] qu’� la France seule, c’est ce que faisaient nos grands rois ». Davin lan�ait dans son expos� un cri du coeur : « Puisse le futur redressement de la France n’�tre pas encore manqu� par la faute de cette satan�e d�mocratie ».
Les d�sirs du Commandant Davin ne furent pas exhauss�s, mais sa pens�e perdure. Le Pr�sident de la R�publique n’a-t-il prononc� dans son joli discours de Chapelle en Vercors le 12 novembre 2009 que « depuis deux cents ans, � part l’exp�rience sanglante de la Terreur, nul totalitarisme n’a menac� nos libert�s » ? Lionel Luca, d�put� des Alpes-Maritimes, accuse de son c�t� la gauche d’avoir « depuis le r�gime de Vichy [...] un probl�me avec la Nation » et la droite mod�r�e d’avoir capitul� « au nom d’un id�al f�d�raliste europ�en » [5]. Lionel Luca en veut � cette anti-France qui a �rig� « la repentance (...) en syst�me, a fait des cours d’histoire une flagellation permanente sur les crimes commis par tout ce qui a repr�sent� la France au cours des si�cles et plus particuli�rement pendant la p�riode coloniale assimil�e � l’esclavage ».
Un ancien directeur du Service Action des Services Secrets fran�ais ne d�sesp�re pas de ranimer la flamme. La "po�sie" dont sont extraits les vers ci-dessous a �t� publi�e dans la derni�re plaquette annuelle, celle de 2009, de la promotion "Mar�chal Bugeaud" (1958-1960) de l’�cole Sp�ciale Militaire de Saint-Cyr.
Restons � droite : S�gol�ne Royal souhaite « remettre des r�gles » contre ce qui « fragilise la nation » [6]. Qui dit r�gles, dit traditions. Traditions qui glorifient les vraies valeurs de la France vraie. Les �l�ves de l’�cole Sp�ciale Militaire de Saint-Cyr Co�tquidan, d�cid�ment � l’honneur, ont relanc� en 2004 « le Demi-Tour », une ancienne f�te de l’�cole o� �tait retourn� tout ce qui pouvait l’�tre. Avec la r�forme « ESM 2002 », il n’�tait plus possible � nos braves soldats de c�l�brer la kermesse du 240 [7].
Les �l�ves de l’�poque sont all�s chercher au plus profond de l’identit� nationale leur tenue de kermesse. Rappelons que ces types sont aujourd’hui officiers de l’arm�e de terre ou de la gendarmerie. L’image figure parmi d’autres sur le site de la promotion "G�n�ral Vanbremeersch". Inscription : Tu niques la DGER... D�gage ! [8]. L’origine de l’autre image, celle dont se sont servis ces jeunes gens incarnant l’avenir de la France �ternelle, ne souffre aucune ambigu�t�.
SJ
[1] Source : Le Figaro, 23/12/2009.
[2] Notez la po�sie du propos mais aussi son ineptie, en cliquant l� par exemple
[3] Source : Orange actu et lefigaro.fr, 23/12/2009.
[4] Soci�t� dont Ch. Bottarelli soulignait le conservatisme d’alors
[5] Voir le site de l’int�ress�.
[6] Source : AFP, 28/10/09.
[7] F�te des �l�ves pour exprimer leur impatience � quitter les �coles � 240 jours de la fin de la scolarit�.
[8] DGER : Direction G�n�rale de l’Enseignement et de la Recherche, o� se d�roulent les cours suivis par les �l�ves des �coles de Saint-Cyr Co�tquidan.