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R�solution
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dimanche 2 janvier 2005

par Olivier Vermert

ourquoi les informations en provenance de l’Oc�an indien me laissent-elles de marbre ? Ce n’est pas que je veuille du mal � ces gens mais l’�motion n’est pas au rendez-vous. Oh, je sens que ce n’est pas bien et n’en tire aucune gloire, m�me si j’�cris ces lignes.
Mais je m’en fous.
J’entends les chiffres et le branle-bas de combat humanitaire, l’agitation, les avions pr�ts � d�coller, les annonces de la Croix rouge qui, � la radio, ont avantageusement remplac� celles de Reporters sans fronti�re (« je ne les oublie pas, ne les oubliez pas »).
L’absence d’image, sans doute. Pas de t�l�vision. Affranchi des reportages du 20 heures, les larmes et les mains tendues des sinistr�s � la peau mate, boue et fausse pudeur, le cam�raman qui ne trouve pas de bateau haut perch� dans un arbre paie la tourn�e.
Pas un raz-de-mar�e : un tsunami. C’est plus ethnique. Le tourisme pour � peine le prix d’un �chantillon de redevance. Tsunami, et on s’�vade du traintrain festif de la fin d’ann�e. De quoi inspirer ceux qui �conomisent en attendant de pouvoir se payer un charter en low-cost pour Bali, et mettre des �toiles dans les yeux des petits occidentaux. Tu vois ces pauvres gens ? S’ils avaient la chance d’avoir du jambon dans leur assiette, eux, ils mangeraient ! Comment �a musulmans ? Tu la vois celle-l� ? Mange !
Tsunami : de quoi oublier Raffarin, Seilli�re et Dassault. M�me en s’appliquant, ils ne pourront jamais g�n�rer autant de malheur aussi rapidement. Ce sont pourtant des pointures dans le genre de ces trois-l� qui, au nom de la croissance �conomique, ont niqu� les for�ts de pal�tuviers et les barri�res de corail susceptibles d’att�nuer la vague. On disait que gouverner c’�tait pr�voir. Vaste fumisterie. Gouverner, c’est monter une commission d’enqu�te a posteriori.
Cette comptabilit� ! 12000 morts un jour, 50000 le lendemain, 150000 plus tard en attendant les �pid�mies. Presque un r�sultat sportif. Des chiffres comme une accumulation de m�dailles aux jeux olympiques, bient�t valid�s par le Guinness book et le Quid. Je m’en fous, le sport m’indiff�re. Mais je suis l’actualit� quand m�me, comme on ralentit � l’approche d’un accident sur l’autoroute. Comme on ouvre une vieille encyclop�die m�dicale : certainement pas pour s’apitoyer. Envie d’exc�s horrifique, dans un cocon de guimauve m�diatique et humanitaire. Le chapon n’�tait sans doute pas assez gras. La douzaine d’hu�tres pas assez nombreuse.
J’ai appris par une d�p�che AFP qui alimentera nos quotidiens, parce qu’il faut bien que les agences de presse donnent du grain � moudre aux journaux qui n’ont plus assez de journalistes, que les raz de mar�e pouvaient aussi survenir en M�diterran�e. Voil� une bonne nouvelle. Pendant quelques semaines, les micros de toutes les agences du monde seront braqu�s sur le cul de Pos�idon. Mais on finira bien par passer � autre chose. Un autre drame. On aura toutefois du mal � faire pire, c’est-�-dire mieux.
Je me souviens des ascenseurs qui oubliaient de fonctionner. Deux malheureux ayant rejoint le rez-de-chauss�e plus vite que pr�vu, de fa�on quasi simultan�e quoique non concert�e et en des endroits bien distincts du territoire, on eut l’impression que tous les ascenseurs de l’Hexagone allaient se casser la gueule. C’�tait il y a deux ou trois ans. Otis, Roux et Combaluzier ont depuis sacr�ment bien boss� puisqu’on n’en parle plus. Je me souviens aussi de la catastrophe de Furiani. C’est plus ancien. Des supporters �cras�s sous une structure m�tallique cens�e les supporter. Pendant deux mois, journalistes et �lus ont resserr� les boulons des stades de France. D�sormais tout va bien.
Et puis le tunnel du Mont Blanc et ses petits fr�res, et puis AZF et Erika. Evidemment, la catastrophe prend ici une autre ampleur.
Qui se souvient de Bam, en Iran ? Tout le monde, car on vient de c�l�brer le premier anniversaire du tremblement de terre qui a tu� l�-bas 30000 personnes. Le pr�sident Khatami en a profit� pour affirmer que sur le milliard de dollars promis au soir du drame, au moment du branle-bas de combat humanitaire, de l’agitation et des avions qui d�collent, seuls 17 millions avaient effectivement �t� vers�s. Et puis il a ajout� que les Etats-Unis ont voulu profiter du drame � des fins politiques. Je m’en fous.
Pauvre Julien Dray, scandalis� de la ti�deur de Chirac concernant l’aide fran�aise destin�e aux sinistr�s des c�tes indiennes. Il fallait bien que le PS finisse par se d�marquer du Pr�sident.
Je me fous de savoir combien de cadavres fran�ais figureront au palmar�s. Le secr�taire d’Etat Renaud Muselier en tient le compte dans son petit carnet de moleskine. Tr�s � la mode, la moleskine. Bien fait pour lui. Il n’avait qu’� se faire �lire � la pr�sidence du Conseil R�gional de Provence Alpes C�te d’Azur s’il voulait se trouver des occupations plus int�ressantes. On va peut-�tre d�passer les 150, dit-il. Il est important qu’ici comme ailleurs la France t�moigne de son excellence et enfonce les chiffres des autres nations occidentales.
Je me fous de savoir que David Ginola et Marc-Oliver Fogiel ont �chapp� au drame.
D�sincarn�. Loin. Conceptuel. L’odeur de la charogne n’arrive pas jusqu’� mes narines. Et puis je me dis qu’avec l’implication d’humanistes tels que Dray, Chirac ou Muselier, le monde n’a pas vraiment besoin de moi. Tant mieux.
Non vraiment, allez-y � ma place. J’ai autre chose � faire, comme par exemple �crire mes cartes de voeux et lister les r�solutions de l’ann�e. Voici la premi�re : en 2005, j’assume mes contradictions.



> R�solution
4 janvier 2005, par   [retour au début des forums]
EMPATHIE

CHER OLIVE

Effectivement tu me semble en phase depressive ( perte de l’ elan vital gout a rien etc)ce qui moi me semble interressant dans cette catastrophe c’ est que chaque nation par le biais des touristes a perdu des vies humaines et je ne me rappelle pas de situation similaires ainsi donc l’ empathie internationale est amplifiee grace a ca de maniere plus importante que si seulement 150 000 indonesiens etaientdecedes. Nous sommes tous frappes et donc l’ humanite se resserre un peu mieux dans la douleur

Voila une mondialisation a visage humain pour une fois.

  • > R�solution
    9 janvier 2005, par   [retour au début des forums]
    Compassion s�lective

    Il faut donc que des occidentaux meurent pour que nous nous sentions concern�s et que la mondialisation prenne "un visage humain"* ? Crevez donc en silence habitants d’Irak, du Darfour, d’Iran, d’Afrique, de Palestine...

    *� visage humain : d�licieuse expression qui rappelle bien des souvenirs. Pour les amn�siques : signifie atrocit�s cach�es tant mal que bien par un discours de propagande � tonalit� humaniste. Voir communisme � visage humain.

    • > R�solution
      10 janvier 2005, par   [retour au début des forums]

      question : Cette prise de conscience (si prise de conscience il y a) est-elle due aussi au fait que des touristes aient �t� touch�s ? Autrement dit, "�a pourrait nous arriver � tous" ?

      Marc Aug� : Oui, je crois que la pr�sence de nombreux touristes originaires d’Europe, ou plus largement du monde occidental, a frapp� l’opinion en Europe. Car il y a eu dans le pass� des catastrophes naturelles aussi �pouvantables qui n’ont pas d�clench� la m�me �motion. La sensibilit� du public europ�en a �t� d�velopp�e par le fait que des milliers d’Europ�ens �taient menac�s ou victimes. Il y a l� une sorte de solidarit� objective, je dis bien objective, entre les pays exportateurs de touristes et ceux qui les accueillent.

      voici un extrait du chat du monde de ce jour avec marc auge qui me semble preciser a peu pres ce" que j’ exprime mais de maniere plus claire donc compassion selective certe mais pouvant permettre de renouer les fils d’ une solidarite qui n’ a jamais exist�e !!!

  • > R�solution
    25 janvier 2005, par   [retour au début des forums]

    Solidarit� ? Quelle solidarit� ? En gros cela signifie que 150.000 indon�siens (quel que soit le chiffre, car je suis d’accord avec l’auteur pour estimer que le comptage des victimes dans les medias ressemble � un palmar�s, qui �volue en parall�le de la course aux dons, et vas-y que je donne un million, et moi deux, et moi alors sept... bon je referme la parenth�ses, voil� la suite de la phrase) �a ne p�se rien. Avouer que c’est le touriste qui compte, c’est admettre que le r�sident n’existe que pour vendre des frites sur les plages de r�ves. Il n’existe pas, il meuble, il cr�e la couleur locale, le d�paysement. Ce que les touristes ont regrett�, c’est la destruction (temporaire) des plages ! Et par dessus-tout, que cela ai gach� leurs vacances. D’ailleurs les touristes aussi on s’en moque un peu : si les m�dias n’avaient pas vers� dans le sentimentalisme et le sensationnalisme, l’opinion se serait-elle vraiment saisie ? En d’autres termes, cette fameuse opinion ne serait-elle pas tr�s b�te, et tr�s mall�able, puisqu’il faut tout lui souligner ? Tout �a ce sont des accroches, du marketing, si la solidarit� existait, elle se mobiliserait m�me si l’info restait confidentielle. Se mobilise-t-elle parce qu’un pays, en dehors de tous les clous de toutes les conventions de Gen�ves, au m�pris de toutes les lois et usages qui ont parfois donn� � notre monde un semblant d’humanit�, fait une guerre "pr�ventive" dans un pays souverain ?

    L’apparition du portable, voil� un sujet qui a saisi l’opinion. Les m�dias n’en parlaient pas : ils se sont vendus quand m�me. Mais quand il faut mobiliser l’antenne et les r�dactions pour provoquer une r�action, ce n’est pas une solidarit�, c’est du bourrage de cr�ne.

    Envoyons un euro, deux euros, et retournons la conscience claire �couter les labos pharmaceutiques �voquer leurs brevets pour emp�cher la gu�rison de malades qui n’ont que les moyens de mourir. Pass�e o�, la solidarit� ? Inconnue au bataillon. Continuons, apr�s ce modeste don, d’envoyer des hordes de touristes se bronzer au soleil de pays �conomiquement asservis, car c’est beau la solidarit� : apr�s tout, "on les fait vivre", ces pays-l� non ?

    On devrait pas avoir � se soucier de la nationalit� des morts et des bless�s. Un humain en d�tresse, on l’aide ou bien on ne l’aide pas. En g�n�ral, on ne l’aide pas. Voil�.

    Ce que vend ce discours (car en mode lib�ral tout se vend) c’est du spectacle. Je pense que personne ne s’int�resse aux morts, qu’ils soient touristes ou r�sidents. Ce qui int�resse les amateurs d’images fortes (car tout comme Marc Aug� je ne regarde pas la t�l� et suis assez indiff�rent � cette catastrophe. Je la d�plore, un peu, comme je d�plore la guerre, le sida, la dette internationale, le commerce lib�ral qui asservit l’humain � l’�conomie), c’est uniquement le spectacle. Une fois le rideau tomb�, un autre surgira, et le "tsunami" ne ressurgira qu’� la fin de l’ann�e, au moment des b�tisiers... Est-ce cela une conscience ? Est-ce cela, l’empathie ? Ca ressemble � l’empathie de l’humain pour la mouche tomb�e dans le lait, un bref coup d’oeil, d�j� on oublie la mort pour se replonger dans le lait...

    C’est pourtant vrai que la mondialisation � un visage humain. Ce visage est crisp�, avare, haineux � l’�tranger, s�v�re aux siens, indiff�rent � la douleur des autres si elle se sert pas ses int�r�ts, calculateur, hideux.

    En plus je suis m�me pas sur qu’il se brosse les dents. C’est dire si je suis pessimiste.