C’est ainsi sans doute que doit s’entendre, au vingt-et-uni�me si�cle, l’expression d�mocratique. On te fait voter. Si le r�sultat n’est pas satisfaisant, on te refait voter jusqu’� ce qu’il le devienne.
L’exemple vient de tr�s haut, on conna�t les tentations des dirigeants europ�ens en la mati�re. T�moin le peuple Irlandais qui dut se prononcer deux fois sur le m�me trait� de Nice (2001 et 2002), sous pr�texte qu’il avait dit NON lors de la premi�re consultation r�f�rendaire.
Comment s’�tonner alors que les d�mocrates amateurs reprennent la m�thode � leur compte ? Vertu de l’exemple. C’est un peu comme au foot : quand Barthez donne un coup de boule � l’arbitre, c’est la pagaille annonc�e dans les derbys de cantons le dimanche suivant.
Au soir du r�f�rendum, le conseiller r�gional UDF Bruno Ravaz expliquait � Var matin que le rejet du trait� constitutionnel �tait imputable � un d�ficit d’explication. « Je pense que les efforts de p�dagogie entrepris par l’UDF n’ont pas �t� suffisants dans un contexte d’hostilit� g�n�rale contre un gouvernement en panne d’�coute des Fran�ais » [1]. Autrement dit, le peuple n’avait pas bien compris ni l’enjeu du scrutin ni le contenu du texte. Con de peuple !
Comme une contrari�t� n’arrive jamais seule, le pr�sident de l’USTV Ravaz Bruno devait vivre dans la foul�e la "non approbation" du compte financier de l’Universit� par son Conseil d’administration.
Cons de membres du Conseil, gauchos/opposants syst�matiques ou repr�sentants des collectivit�s locales obtus, confondant probl�mes financiers et probl�mes de tr�sorerie !
Qu’� cela ne tienne. Sur le m�tier le Pr�sident remit l’ouvrage, et inscrivit l’approbation du compte financier � l’ordre du jour du CA suivant, le 29 juin.
Voil� Comment Ravaz justifie la chose : si le compte financier n’a pas �t� approuv� la premi�re fois, c’est parce que les « explications » ont �t� « insuffisantes », et que les membres du Conseil « m�connaissent » certainement la vraie nature d’un tel document. Toujours la m�me ritournelle sur la mal-comprenance.
Les repr�sentants de l’Union Patronale et de la Chambre de Commerce, go�tant sans doute assez peu la mascarade, sont rest�s � la maison. Le recteur de l’acad�mie de Nice, par contre, a jug� utile, une fois n’est pas coutume, de faire le voyage depuis ses lointaines contr�es azur�ennes. Jean-Marie Carbasse, Brise-lame pour les intimes. Son surnom vient de l’�nergie qu’il d�pense � combattre les vagues. Intervenant en ouverture du Conseil, il d�plorait le d�ballage m�diatique et la « d�lation » (n’ayons pas peur des mots), quand « l’unit� » s’impose pour d�fendre les int�r�ts d’un « petit » �tablissement. Pas un mot sur les dysfonctionnements. Pas un mot sur le compte financier. Une intervention a minima, un petit tour et puis s’en va.
Et puis quelques explications de l’Agent comptable, tentant de convaincre l’auditoire de l’incongruit� du rejet du compte financier, � moins de contester les �critures. Puisque le document n’est que le reflet d’un exercice pass�, effectif, qu’il expose des mouvements de fonds bien r�els, autant l’approuver.
Et puis le vote : 27 voix pour, 12 contre et 3 abstentions. Les efforts de p�dagogie ont donc port� leurs fruits. La lutte contre l’absent�isme, les rappels � l’ordre et la distribution judicieuse des procurations aussi.
Deux interventions pour conclure. Une phrase prononc�e par le recteur avant qu’il ne sorte, avant donc que Ravaz ne remette le compte financier sur le tapis : « quand une d�cision a �t� prise d�mocratiquement, il faut la respecter ».
Et une remarque d’un �lu : « si se prononcer sur le compte financier n’a aucun sens... De quels outils disposons-nous pour sanctionner la mauvaise gestion d’une �quipe dirigeante ? »
DC
[1] Var matin, 31 mai.