Enfin, ce ce n’est pas parce que l’on ach�te un journal que l’on adh�re � sa "ligne id�ologique".
Pas d’accord, et c’est le noeud du probl�me. D’o� viennent les lecteurs du num�ro sp�cial qui ont d�j� disparu une semaine plus tard ? O� s’en vont-ils ? Que lisent-ils d’habitude ?
Il faut arr�ter avec ce mythe de la multi-lecture. Je te la fais caricaturale, puisque c’est la mode, mais tu sauras faire la part des choses : tu en connais beaucoup, toi, des gens qui vont chez le kiosquier pour acheter la PQR, le Figaro, Lib� tous les jours plus Charlie le mercredi, plus Minute quand sort ce journal dont j’ignore la p�riodicit�, plus Pr�sent, plus la gazette du Parti des travailleurs ? A part les sp�cialistes de la critique des m�dias, les �tudiants en journalisme ou ceux de Sciences po, et encore, je ne vois pas. Et ce n’est pas seulement un probl�me de budget. C’est simplement parce qu’on a autre chose � foutre de ses journ�es que de se casser les yeux sur des feuilles dont on sait par avance, par conviction, qu’elles ont peu de chances de nous �clairer. C’est regrettable ? Peut-�tre, mais c’est comme �a.
Donc : on peut raisonnablement penser que les lecteurs ponctuels de Charlie ne lisent pas Charlie d’habitude parce qu’ils ne partagent pas les points de vue de Charlie d’habitude, et que les caricatures de Charlie ne les font — d’habitude — pas rire. En g�n�ral, les gens qui moquent et vilipendent le cl�ricalisme sont d�j� des habitu�s de Charlie. Attirer de nouveaux lecteurs est une d�marche louable, �vidente, encore faut-il que ce soit sur de bonnes bases. A l’inverse de toi, je ne suis pas s�r du tout que l’engouement pour le num�ro sp�cial danois se fasse sur l’anticl�ricalisme ou la libert� d’expression. Et ce qui est pire, c’est quand on ne se rend pas compte de ce que cela peut induire, de ce qui se peut passer dans l’inconscient collectif, de ce qui se g�n�ralise. Je te l’accorde bien volontiers, il ne s’agit pas de stigmatiser tous les lecteurs ponctuels. A toi de relativiser « l’attitude inacceptable ».
(Compl�ment : tu auras sans doute remarqu� que l’article ne parle ni du MRAP ni des grenouilles de b�nitier en tout genre, vu que ce n’est pas son sujet).