N’ayons pas peur d’avoir peur, le Krakatoa prad�tan n’a pas encore crach� sa derni�re salve.
Le P�re de tous les miracles est simplement assoupi sous quelques m�tre cubes de terre et de gravats au sommet la Colle Noire. Dans les ruines de ce qui fut autrefois la poudri�re, il dort d’un sommeil long de 56 ann�es et cache sous sa paillasse quatre millions de kilos d’explosifs et oui, 4000 tonnes.
A l’�chelle des miracles ces chiffres par ailleurs potentiellement d�tonnant n’ont rien de particuli�rement �tonnant, mais � l’�chelle humaine ils se pr�tent � toutes les conjectures... et si vraiment Dieu existait !
Donc le p�p�re Miraculus du Massif, celui qui fume du cordon Bickford au lit jusqu’� point d’heure et soigne ses angoisses en se goinfrant de grenades offensives � s’en faire p�ter la sous-ventri�re, sommeillait du sommeil du juste quand, dans la soir�e du 4 ao�t, les flatulences et p�tarades de la montagne, en m�me temps que la soudaine mont�e en temp�rature de la cocotte, le contraignirent � soulever un instant le couvercle, pour voir de quoi il retournait.
Apr�s avoir donn� un aper�u de son savoir-faire en 1946 et 1949, histoire de donner l’exemple, il ne s’�tait jamais r�ellement senti concern� par les gesticulations pyrotechniques estivales des agglom�rations de la Grande Baie, et conscient de sa sup�riorit�, avait toujours refus� de tra�ner dans la cour des petits et de se pr�ter au jeu du plus beau bouquet final. Tous ces concours de pets au rabais l’ennuyaient au possible et, le 14 juillet, il restait dans son lit douillet.
Mais voil� que �� d�flagre � deux pas de son roupillon, � l’or�e de son caveau, de son �ternel repos, serait-ce le Pradet qui rel�ve le d�fi ? Le Picho�n Prat voudrait-il y aller lui aussi de son feu d’artifice et donner un avant-go�t de ce que pourrait �tre le festival du 15 ao�t ? Faire oublier la Grande Illumination de 1949 ? Alors l�, c� pourrait �tre int�ressant de participer.
Mais non, c’est juste un incendie qui court � flancs de collines et qui rallume au passage les p�tards oubli�s du dernier Festival. Le jour n’est pas encore tomb�, on voit tr�s bien les h�licos qui rentrent � la base et les petites lumi�res bleues des pompiers qui ach�vent de ma�triser le sinistre. La Montagn�re est en train de se lever doucement, apportant avec elle des odeurs d’herbes de Provence et de h�rissons grill�s, sur les Presses de Var-Matin l’�dition du lendemain n’attend plus que le bon � tirer : « Gr�ce aux efforts conjugu�s des trackers, des h�licos et des �quipes au sol, le sinistre est ma�tris� vers 18h00... une vingtaine d’hectares d�truits... gros coup de chaud. »
En attendant, le thermique nocturne du coin, la Montagn�re, continue de souffler. Le P�re de tous les Miracles se frise la moustache en se tripotant la m�che lente et s’appr�te � se recoucher ; la nuit sera propice, ses r�ves seront f�conds, il ne restera bient�t plus aux petites lumi�res bleues qu’� se rapatrier dare-dare au pied de la colline et � se positionner pour d�fendre biens et personnes. Ce soir c’est l’incendie le metteur en sc�ne. Les badauds l’ont bien compris qui n’ont jamais quitt� les gradins.
C’est Miracle ce soir, il ne faut pas rater l’�v�nement.