Bonjour,
Je vous �crit pour vous faire part d’une th�se qui me parait tr�s int�ressante
Je pense que le "sang impur" de la Marseillaise ne d�signe pas celui des ennemis... mais le n�tre (� nous citoyens) Je sais, cette hypoth�se peut sembler absurde au premier abord. "Quand tout le monde a tort, tout le monde a raison".
Cela dit, je comprends qu’il soit plus facile d’imaginer verser le sang ennemi que de sacrifier le sien pour une grande cause.
Tout d’abord, consid�rons le contexte historique. Ce texte est n� juste apr�s la R�volution. Les r�volutionnaires contestaient le pouvoir de droit divin ; le pouvoir que certains r�clamaient en raison de la puret� de leur sang. Les r�volutionnaires combattirent ceux qui pr�tendaient � la puret� de leur sang (sang bleu). N’oublions pas, d’ailleurs, que le concept de puret� du sang fut d�velopp� par la noblesse europ�enne. On peut donc consid�rer que cette interpr�tation (c’est notre sang qui abreuve nos sillons) "colle" historiquement.
Actuellement, si l’on pr�tend avoir des valeurs universelles, issues du si�cle des lumi�res, qui peut pr�tendre avoir le sang pur ? Si on interpr�te la Marseillaise en consid�rant que dans nos veines coule un sang impur (difficile a admettre pour les racistes), le sens � donner � "Qu’un sang impur... abreuve nos sillon !" n’a plus cette dimension barbare qui alimente la pol�mique. Au contraire, au lieu d’un appel � verser le sang ennemi, il s’agit alors d’un appel au sacrifice pour d�fendre l’Egalit�, la Libert�, les Droits de l’Homme... je pense d’ailleurs que le sens a donner est proche de ce passage du 4�me couplet : "S’ils tombent, nos jeunes h�ros, La terre en produira de nouveaux".
Je comprends qu’il soit difficile de se consid�rer comme ayant un sang impur (connotation n�gative) mais cette interpr�tation donne une dimension nouvelle � ce chant. Ce changement de point de vue �limine � la fois le caract�re barbare et raciste de la Marseillaise... que demander de mieux ? D’autant plus que cette interpr�tation "colle" � la fois avec le contexte historique et avec notre vocation � l’universalisme.
D’ailleurs, Gavroche ne dirait pas le contraire
Gavroche en marche
Tout va bien. Je souffre beaucoup de la patte gauche, je me suis cass� mon rhumatisme, mais je suis content, citoyens. Les bourgeois n’ont qu’� se bien tenir, je vas leur �ternuer des couplets subversifs. Qu’est-ce que c’est que les mouchards ? c’est des chiens. Nom d’unch ! ne manquons pas de respect aux chiens. Avec �a que je voudrais bien en avoir un � mon pistolet. Je viens du boulevard, mes amis, �a chauffe, �a jette un petit bouillon, �a mijote. Il est temps d’�cumer le pot. En avant les hommes ! qu’un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, je ne reverrai plus ma concubine, n-i-ni, fini, oui, Nini ! mais c’est �gal, vive la joie ! Battons-nous, crebleu ! j’en ai assez du despotisme.
Victor Hugo
Quand il fut rue Pav�e, la chiffonni�re lui revint � l’esprit, et il eut ce soliloque :
Tu as tort d’insulter les r�volutionnaires, m�re Coin-de-la-Borne. Ce pistolet-l�, c’est dans ton int�r�t. C’est pour que tu aies dans ta hotte plus de choses bonnes � manger. Tout � coup il entendit du bruit derri�re lui ; c’�tait la porti�re Patagon qui l’avait suivi, et qui, de loin, lui montrait le poing en criant : - Tu n’es qu’un b�tard !
�a, dit Gavroche, je m’en fiche d’une mani�re profonde. Peu apr�s, il passait devant l’h�tel Lamoignon. L� il poussa cet appel :
En route pour la bataille ! Et il fut pris d’un acc�s de m�lancolie. Il regarda son pistolet d’un air de reproche qui semblait essayer de l’attendrir.
Je pars, lui dit-il, mais toi tu ne pars pas.Victor Hugo
Gavroche Prends garde � toi si tu ricanes Je suis un bon citoyen J’ai montr� sur les barricades Que j’�tais r�publicain Et si je n’ai pas de carrosse Le Roi n’est pas mon cousin Je sais ce que j’ai dans ma caboche Et personne n’y peut rien
Merci pour l’attention que vous avez port� � mon message.