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1944/2004 : j’y �tais !
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Les comm�morations, nouveaux temps forts de la vie politique LE MONDE | 28.12.04 | 13h38 • MIS A JOUR LE 28.12.04 | 15h59

Guerre d’Alg�rie, d�barquements alli�s de 1944, Entente cordiale franco-britannique : les c�l�brations historiques se sont succ�d� � un rythme soutenu en 2004. Entre qu�te de consensus et r�veil de la conscience collective, cette vogue devrait se poursuivre en 2005 avec le centenaire de la loi de 1905. Un pays saisi par sa m�moire. Soixanti�me anniversaire des d�barquements de Normandie et de Provence, centenaire de l’entente cordiale franco-britannique, cinquanti�me anniversaire du d�but de la guerre d’Alg�rie... : l’ann�e 2004 aura vu une prolif�ration continue de comm�morations. 2005, ann�e durant laquelle seront c�l�br�s le centenaire de la SFIO - l’anc�tre du PS - et celui de la loi de s�paration des Eglises et de l’Etat, n’�chappera pas non plus � cette vogue.

Les politiques ne s’y trompent pas. Dans l’espoir de renforcer l’unit� nationale et de produire du consensus, ils s’associent volontiers - quand ils n’en sont pas les premiers acteurs - � ces c�r�monies qui font appel � la m�moire collective des Fran�ais, f�t-elle r�elle ou reconstruite.

L’OPINION POUR CIBLE

Jacques Chirac, par sa fonction comme par son inclination personnelle, incarne cette fi�vre comm�morative. Le 6 juin 2004 sur la plage d’Omaha Beach, une embrassade entre le chef de l’Etat et Gerhard Schr�der - dont la pr�sence aux c�t�s du pr�sident fran�ais et de George Bush constitue une premi�re - ach�ve de sceller la r�conciliation franco-allemande. Cinq semaines plus tard, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, en rade de Toulon, M. Chirac d�core de la L�gion d’honneur 21 soldats de l’arm�e d’Afrique qui particip�rent, le 15 ao�t 1944, au d�barquement de Provence. Par ce geste, la France entendait manifester sa dette � l’�gard des troupes coloniales et donner un signe de reconnaissance aux populations immigr�es d’Afrique et du Maghreb.

Dans le sillage du chef de l’Etat, la plupart des responsables politiques voient d’un bon œil cette inflation de c�l�brations, alors m�me que leur impact sur l’opinion reste incertain. "Il est important de comm�morer � la fois les bons et les mauvais moments de l’histoire nationale", pr�cise le pr�sident de l’Assembl�e nationale, Jean-Louis Debr� (UMP). "Je suis tr�s favorable aux comm�morations, assure, de son c�t�, le d�put� europ�en (PS) Henri Weber. Il faut simplement �viter qu’elles ne soient artificielles."

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Mais quelle m�moire faut-il solliciter ? Celle des victoires ou celle des d�faites ? Celle des �v�nements purement fran�ais ou des moments d’histoire internationale ? "L’histoire de France est un tout", explique M. Debr�, pour qui le 1er novembre 1954, date du d�clenchement de la guerre d’Alg�rie, devrait �galement �tre comm�mor�. Soucieux de d�fendre le Parlement, il aimerait aussi c�l�brer la date du 27 juin 1789 en souvenir de la r�union des d�put�s du tiers �tat, de la noblesse et du clerg� - qui allait devenir l’Assembl�e nationale.

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C’est d’ailleurs une autre comm�moration - le bicentenaire de la R�volution fran�aise, que certains jugeaient vid� de son sens r�volutionnaire - qui donnera lieu aux premi�res d�monstrations de la "gauche de la gauche" dans les ann�es 1989-1991. A l’initiative notamment du chanteur Renaud et de l’�crivain Gilles Perrault, des dizaines de milliers de participants au concert-meeting baptis� "�a suffat comme �i" se rassembl�rent � la Bastille, le 8 juillet 1989, pour d�noncer la politique du G7, le poids de la dette des pays pauvres et l’Apartheid sud-africain.

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EXC�S DE M�MOIRE

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La pouss�e comm�morative suscite par ailleurs une vigoureuse critique intellectuelle. Vichy, un pass� qui ne passe pas (Fayard, 1994), de l’historien Henry Rousso et du journaliste Eric Conan, Les Abus de la m�moire (Arl�a, 1995), du philosophe Tzvetan Todorov, La M�moire, l’histoire, l’oubli (Seuil, 2000), de Paul Ricœur : autant de jalons d’une mise en cause des suppos�s exc�s de m�moire. Le point commun � tous ces ouvrages : d�noncer dans la th�matique du "devoir de m�moire" un encouragement au communautarisme dans la mesure o� il croise la tendance � privil�gier le discours des victimes et des minorit�s.

"Mais o� est le probl�me ?", s’interroge Sandrine Lefranc, sociologue au Laboratoire d’analyse des syst�mes politiques (CNRS), auteure de Politiques du pardon (PUF, 2002), qui ne s’offusque pas que le travail de m�moire puisse mettre en �vidence des singularit�s partisanes ou communautaires.

A la strat�gie de la m�moire, elle oppose la d�marche de la "justice restauratrice", notamment suivie en Afrique du Sud avec la Commission v�rit� et r�conciliation. "On reconstruit la soci�t� en �crivant un r�cit officiel qui n’est pas au service de l’Etat-nation, mais qui n’en est pas moins unitaire pour l’int�r�t de tous", explique-t-elle. La r�conciliation, pr�f�r�e � la recherche d’un consensus � travers des comm�morations, pourrait s’av�rer un plus s�r moyen d’accorder tout le monde.

Pascal Ceaux et Nicolas Weill

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