Cuverville
Qualit� France
Article mis en ligne le le 8 /12 /2009
Devedjian / Madelin : "la lamentable �quip�e de deux �tudiants"

Exhumer cette histoire, les vacances sportives de Patrick Devedjian et Alain Madelin sur la C�te d’Azur en 1965, quel int�r�t ? Ils �taient jeunes, ils �taient fous. Comme tout le monde.
Mais quarante-quatre ans plus tard, l’un d’eux est encore ministre d’un gouvernement qui tente une fois de plus, � l’approche des R�gionales, d’imposer le d�bat sur l’ins�curit�. La mise en perspective s’imposait donc.

Ah ! On savait s’amuser, � l’�poque !
Sauf qu’il ne faut pas en parler. Le droit � l’oubli, c’est pour moi, le devoir d’exemplarit�, c’est pour les autres.

Question circulant ces jours-ci : le document reproduit dans une br�ve pr�c�dente, compte rendu d’audience d�livr� par Le petit Varois en date du 11 novembre 1965, est-il authentique ?
Pas moins que celui-ci, extrait du journal Nice-matin (m�me date).

Nice matin - 11 novembre 1965

L’important n’est pas de revenir sur une d�cision de justice m�connue mais comment�e � l’occasion, discr�tement, depuis de nombreuses ann�es. La condamnation a �t� prononc�e juste avant la r��lection de Charles de Gaulle � la pr�sidence de la R�publique (19 d�cembre 65). Quelques mois plus tard, en juin 1966, Mong�n�ral lan�ait sa grande lessive �lys�enne dont les deux copains ont sans doute pu b�n�ficier.

L’important, de toute fa�on, n’est pas d’accabler davantage deux hommes politiques dont on connait la jeunesse tumultueuse, jalonn�e d’op�rations coup-de-poing, de nez cass�s et d’aimables rendez-vous avec la mar�chauss�e [1]. Avant que, fascin�s par la justice et le Droit, ils ne deviennent avocats.

L’important est de lire les comptes rendus d’audience.

Une R�publique exemplaire

Le 24 mars dernier, � Saint-Quentin, Nicolas Sarkozy pronon�ait un discours sur la situation de la France face � la crise. Au programme : responsabilit�, devoir d’exemplarit�, valeurs. « Cette crise �conomique, cette crise sociale, est �galement une crise intellectuelle et une crise morale. On ne sortira pas de la crise si on �lude les questions de principes et de valeurs. Ce soir je veux poser des valeurs, ce soir je veux rappeler des rep�res ».

Trois mois plus t�t, le Pr�sident avait nomm� Patrick Devedjian ministre "de la mise en œuvre du plan de relance", pour sortir la France de cette crise �conomique / sociale / intellectuelle / morale.

Les hommes changent. Parfois ils font des conneries et puis apr�s �a va mieux. Mais il est important de toujours se rappeler d’o� l’on vient, de ne pas exiger des autres ce qu’on est incapable d’assumer soi-m�me. �viter l’arrogance et l’hypocrisie. �ventuellement, �viter de traiter les femmes de salopes mais l�, on s’�loigne du sujet.

Devedjian est donc ministre d’un gouvernement tr�s affut� sur l’ins�curit�, sur la tol�rance z�ro, un gouvernement qui fiche tout le monde y compris les enfants. Qui criminalise son opposition radicale, qui pousse la police « ï¿½ faire du chiffre ».

Devedjian appartient � la m�me famille politique que le maire de Nice, qui vient de d�cr�ter « le couvre feu » pour les mineurs de moins de treize ans.

Il faut se souvenir du rapport sur la "pr�vention de la d�linquance" �labor� en 2004 par le d�put� UMP B�nisti, largement d�cri� par les communaut�s scientifique et �ducative — surtout dans sa mouture pr�liminaire. Il y �tait question du « parcours d�viant » de certains enfants d�s la maternelle.

Retour au compte-rendu d’audience :
« Patrick-Roland Devedjian, �g� de 21 ans, et Alain-Louis Madelin, 19 ans, demeurant tous deux dans l’agglom�ration parisienne, sont �udiants en droit et appartiennent � des familles ais�es ».

« Devedjian et Madelin oppos�rent tout d’abord d’impossibles d�n�gations et m�me des all�gations fantaisistes. Devedjian fit m�me �tat d’un personnage nomm� G�rard, que tous deux auraient connu dans des r�unions d’un groupement politique et qui, les ayant rencontr�s au Lavandou, leur avait confi� le v�hicule dont ils se servaient, de m�me qu’un pistolet qui avait �galement �t� trouv� dans le bateau de Devedjian. Ce n’est qu’apr�s de multiples interrogatoires que les deux �tudiants en rupture de ban se d�cid�rent enfin � reconna�tre les faits, non sans s’�tre auparavant montr�s arrogants et insolents � souhait ».

« Dans une v�h�mente apostrophe, le substitut Nalbert stigmatisa cette attitude de jeunes gens � qui la vie ne refuse pas grand-chose et qui se sont livr�s � des malhonn�tet�s extravagantes, n’h�sitant pas, pour s’excuser, � se moquer de la justice ».

« Il appartenait au b�tonnier Guillaume Barles de prendre la d�fense des deux jeunes d�linquants. Il le fit avec un extr�me doigt�, faisant valoir que l’on jugeait des enfants plut�t que des hommes faits. Apr�s avoir rappel� que la justice devait, d’une fa�on humaine, envisager toute chose, le d�fenseur appela sur ses jeunes clients la compr�hension du tribunal ».

Et puis...

�voquer cette affaire est int�ressant, enfin, pour les commentaires qu’elle suscite. Comme ceux de Thierry Mariani, candidat UMP briguant la pr�sidence de la R�gion Provence-Alpes-C�te d’Azur.
Rappelons l’objet du proc�s de 1965 : « vol d’essence, de voitures et de divers objets, usage de fausses plaques d’immatriculation et d�tention d’une arme de quatri�me cat�gorie ».
« C’est une connerie de jeune, voil� tout », dit en 2009 Mariani au journaliste de Nice-matin qui l’interpelle, avant d’ajouter : « Qui n’a jamais vol� un paquet de bonbons ? » [2]




[1] Voir les pages Wikip�dia consacr�s � l’un et l’autre.

[2] Nice matin, 5 d�cembre 2009.