Revue d’assainissement sur l’�re toulonnaise
Extension du Pouverel (1/2)
par Olivier Vermert
Avant de s’int�resser plus particuli�rement � l’extension de la station d’�puration du Pouverel, Cuverville se penche - sans tomber dans le cloaque, quelle horreur ! - sur le traitement des eaux us�es entre Saint-Mandrier et le Pradet.
Malgr� la mise en place de la communaut� d’agglom�ration Toulon Provence M�diterran�e au d�but du vingt-et-uni�me si�cle, deux antiques syndicats intercommunaux coordonnent toujours les services locaux d’assainissement.
Le SIRTEMEU, Syndicat Intercommunal de la R�gion Toulonnaise pour l’Evacuation en Mer des Eaux Us�es (datant de 1940), s’occupe de Toulon-Ouest, de la Seyne, Saint-Mandrier, Six-fours, Ollioules, Evenos et le Revest.
Le SIAPE, Syndicat Intercommunal d’Assainissement et de Protection de l’Environnement, (anciennement SIA, cr�� en 1963) est charg� de Toulon-Est et des communes de la Valette, de la Garde et du Pradet.
Baignade d�conseill�e.
A une �poque o� on se souciait assez peu de la sant� des moules, la mission des syndicats se limitait � l’exploitation et l’entretien des deux �missaires charg�s d’�vacuer les eaux sales dans la grande bleue, le plus loin possible des narines et des maillots de bain. Le nom d�velopp� du SIRTEMEU est en ce sens bien explicite. Il faut se souvenir que jusqu’au milieu des ann�es quatre-vingt, 90% des effluents de l’agglom�ration toulonnaise (l’eau des �gouts, en termes moins techniques) �taient rejet�s en mer sans traitement.
L’�missaire du SIRTEMEU d�bouchant sous le Cap Sici� date des ann�es quarante, celui du SIAPE (de l’autre cot� de la rade, 1800 m�tres de long apr�s la pointe de la Terre promise) des ann�es soixante-dix.
Puis on jugea pertinent de d�polluer l’eau urbaine avant de l’�vacuer. Chaque syndicat s’attela donc � son projet de station d’�puration (STEP).
Le SIAPE gagna la course en 1983 avec l’inauguration de l’usine du Pouverel. La soci�t� OTV [1] r�alisa la b�te aux confins de la Garde, de Toulon et du Pradet, dans le quartier du Pont de la Clue, en zone inondable. C’est toujours avantageux, surtout par temps de pluie persistante.
- En bleu, une partie de "l’al�a inondation" sur la commune de la Garde. En jaune/vert : la station du Pouverel. Source : Centre d’Information G�ographique du Var.
OTV installa la fili�re de traitement des boues en vigueur � l’�poque, dite "physico-chimique".
De l’autre c�t�, le SIRTEMEU perdait du temps avec son projet pharaonique de STEP souterraine. Il fallut attendre 1997 pour ouvrir les vannes. Mais le retard a du bon : r�alis�e encore une fois par OTV et baptis�e "Amphitria", install�e sous le Cap Sici� � la verticale de la chapelle de Notre-dame du Mai, cette nouvelle station anticipait l’�volution des normes en mati�re de rejet des eaux us�es. On y installa rapidement un traitement biologique pour compl�ter la traditionnelle fili�re physico-chimique. L’ensemble est op�rationnel depuis 2002 [2].
SIAPE et SIRTEMEU d�l�guent la gestion des stations et le traitement des eaux us�es � une autre fili�re de Veolia, la Compagnie des Eaux et de l’Ozone.
Deux projets d’envergure diff�rente.
Amphitria permet un d�bit journalier nominal de 103.000m3 et pr�sente une capacit� de 550.000Eqh [3] ; � titre de comparaison, la d�sormais vieillissante station du Pouverel est limit�e � 16.000m3 et 95.000Eqh. Il faut dire que les populations concern�es ne sont pas en nombre identique. La perspective d�mographique du secteur Est de la rade, � l’horizon 2015/2020, se limite � 86.000 habitants [4]. De l’autre c�t�, la station du Cap Sici� doit g�rer entre 250 et 300.000 habitants (pour 550.000Eqh : il y a de la marge !).
En ce qui concerne l’ach�vement du processus de traitement, Amphitria int�gre un incin�rateur de tr�s grande taille - largement sous-employ� - qui lui permet de br�ler les r�sidus solides [5]. La station du Pouverel se contente de "s�cher les boues", selon le terme appropri�, avant de les envoyer se faire voir ailleurs.
Depuis 1995, le SIAPE s’est attel� � la r�novation de la vieille station du Pont de la Clue, dans le cadre de la loi sur l’eau. Inscrite au programme du "contrat de baie" [6], �largie, moins odorante, int�grant la fameuse fili�re biologique, son inauguration est pr�vue pour 2006.
Qui finance ce genre de projets ? Les syndicats intercommunaux - que le contribuable alimente tous les trimestres (regardez au verso de votre facture d’eau) -, l’Etat, l’Agence de l’eau, la R�gion et le D�partement.
En guise de conclusion de ce premier �pisode, une anecdote qui pourrait �tre v�ridique si elle n’�tait invent�e � l’instant : quand les po�tes de la SIAPE voulurent baptiser la nouvelle STEP, ils regrett�rent qu’Amphitria fut d�j� pris, car c’est un nom particuli�rement appropri� pour une usine qui brasse de la merde. « On pourrait garder la racine "amphi", qui veut dire "mer" en grec », risqua un membre du syndicat qui avait �gar� son dictionnaire �tymologique. Amph... Amph... « Amphoir� ! » cria un autre pour d�tendre l’atmosph�re. Finalement, on choisit Amphora, tr�s joli aussi. Et �a c’est vrai.
(A suivre)
[1] Omnium de Traitement et de Valorisation, d�j� filiale de la Compagnie G�n�rale des Eaux en 1980. OTV d�pend aujourd’hui de Veolia, puisque la CGE a opt� pour ce nom apr�s l’interm�de Vivendi.
[2] Pour avoir plus de pr�cisions, lire le compte-rendu de la Chambre R�gionale des Comptes consacr� au SIRTEMEU, p�riode 1992-2002.
[3] "Equivalent habitant" : unit� qui permet d’estimer la quantit� de pollution rejet�e par un usager domestique.
[4] ...Jusqu’� 150.000 selon les estimations. On aura l’occasion d’y revenir dans le prochain article.
[5] Les "d�chets ultimes" subsistant apr�s incin�ration sont achemin�s par camion vers des d�charges que l’administration nomme sites d’enfouissement pour faire moins romanichel.
[6] « Sign� le 6 septembre 2002 pour 5 ans, ce plan d’actions en faveur des milieux aquatiques est le r�sultat d’un partenariat entre les acteurs de la rade de Toulon et de son Bassin versant : Etat (Minist�res de l’Environnement, de la D�fense Nationale, l’Agence de l’Eau...), collectivit�s territoriales (R�gion, D�partement, communes et leurs regroupements), Les chambres consulaires, associations de d�fense de l’environnement et des usagers », sur le site du Contrat de baie.
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