Cuverville
Economie
Article mis en ligne le le 6 /07 /2004
AMAP - Association pour le maintien d’une agriculture paysanne
par Emanuel Haumant

La tomate se porte-t-elle bien ? « La production attendue devrait l�g�rement progresser en 2004, la tomate grappe surtout. Depuis la fin mars, l’offre fran�aise, est fortement concurrenc�e par les productions des pays du Sud et des Pays-Bas. Dans un contexte de faible consommation et de pression concurrentielle, les cours sont inf�rieurs � ceux observ�s habituellement � ce stade de la campagne » [1].

Les fraises ont la p�che, les choux-fleurs ne valent plus un radis. Voil� le lot quotidien des exploitants agricoles depuis que les banquiers s’int�ressent au travail de la terre. « On est pass� d’une agriculture paysanne � une agro-industrie pour satisfaire la spirale infernale : toujours plus beau, toujours plus gros, toujours moins cher » [2]. Dans le Var, 3500 exploitations agricoles ont disparu entre 1988 et 2000.
Comme dans tous les secteurs �conomiques, il n’y a bien souvent qu’une alternative : investir, s’adapter aux nouvelles technologies et se retrouver d�pendant d’un syst�me en moins de temps qu’il n’en faut pour claquer des doigts. Engrais, insecticide, culture hors sol, OGM, de quoi relancer la croissance dans un contexte de concurrence tr�s stimulant pour les multinationales de l’agro-alimentaire et de la p�trochimie.

Soleil vert. Un monde o� les tomates poussent sous serre dans de la laine de roche et sont nourries par un liquide contr�l� par ordinateur est-il merveilleux ? Dans les ann�es 90, l’aspect n�gatif et dangereux de certaines pratiques productivistes est m�diatis� par la maladie de la vache folle, une tuile �conomique. Certains pensent que le profit � tout prix nous fait marcher sur la t�te et le font savoir. Une op�ration m�diatique est men�e durant l’�t� 1999, le Mcdo de Millau est d�mont�, Jos� Bov� finira en prison. On parle de la malbouffe.
Au tournant du si�cle, les propri�taires d’une des derni�res exploitations agricoles d’Ollioules, la ferme des Olivades , reviennent de New York avec une d�couverte en poche : les Community Supported Agriculture (CSA) [3] qui constituent une alternative tr�s int�ressante. Des groupes de consommateurs et des agriculteurs s’associent dans le cadre d’une �conomie solidaire, les consommateurs payent la production agricole � l’avance et re�oivent en �change un panier de fruits et l�gumes de saison chaque semaine. Maintien d’une agriculture de proximit�, produits diversifi�s de grande qualit� nutritive et gustative, aucun engrais chimique ni pesticide [4] : difficile de trouver des inconv�nients.

Le d�but de l’aventure. Apr�s un caf� Attac sur la malbouffe organis� � Aubagne en f�vrier 2001, les Vuillon rencontrent des consommateurs partants pour tenter l’aventure. Deux mois plus tard la premi�re AMAP est n�e. Le ph�nom�ne va s’amplifier. « Au d�but, �a a �t� un petit peu une curiosit�, c’�tait pour certains agriculteurs une utopie et beaucoup avaient envie de voir comment �a aller marcher ». Devant la demande des consommateurs d’autres agriculteurs d�cident de tenter l’aventure. Le projet est accueilli au sein de l’association Alliance qui diffuse le concept d’AMAP en organisant un forum r�gional fin 2003 et un colloque international [5] d�but 2004. En 3 ans, 41 AMAP voient le jour dans la r�gion Paca. Elles participent au maintien de 66 fermes qui nourrissent plus de 6500 consommateurs. En contrepartie, ces derniers apportent 45000 euros/semaine aux agriculteurs et depuis le d�marrage, en avril 2001, le chiffre d’affaire de cette �conomie d�passe les 2,3 millions d’euros.



Le dossier AMAP du site d’Attac-Var.

Pour savoir si vous avez une AMAP pr�s de chez vous .

Le site des Olivades � Ollioules, la premi�re AMAP .


[1] Extrait de la conjoncture par domaine sur le site areste.agriculture.gouv.fr.

[2] Extrait d’une intervention de Daniel Vuillon, propri�taire de la ferme des Olivades � Ollioules.

[3] « Un mod�le unique d’agriculture locale dont les racines remontent � 40 ans en arri�re au Japon, quand un groupe de femmes concern�es par les taux de pesticides actuellement utilis�s sur les cultures et le risque d’empoisonner leurs enfants mais aussi concern�es par la croissance de l’importation de marchandises, en opposition � la constante diminution des fermiers locaux, ont initi� une relation directe, de cultiver et de consommer, entre leur groupe et un fermier local. Cet arrangement, appel� "Teikei" en japonais, se traduit par "mettre le visage du fermier sur la nourriture" » (sur le site des Olivades ).

[4] La derni�re disponible de la commission europ�enne date de 2001 . « Ce rapport fait la synth�se des analyses des r�sidus de pesticides effectu�es dans l’ensemble de l’Union europ�enne sur 46000 �chantillons de fruits, l�gumes et c�r�ales [...] 59% des �chantillons ne contenaient aucun r�sidu d�tectable, tandis que 37% renfermaient des r�sidus d�tectables � un niveau �quivalent ou inf�rieur aux limites maximales de r�sidus (LMR). En moyenne, 3,9% des �chantillons (de 1,3% � 9,1% selon les �tats membres) d�passaient les LMR ». Ce qui n’emp�che pas les experts d’affirmer que « la concentration des r�sidus trouv�s �tait insuffisante pour nuire � la sant� de ceux qui auraient consomm� les produits concern�s ».

[5] Le deuxi�me colloque international des AMAP se tiendra fin F�vrier 2005 au Portugal.