Cuverville
Toulon Var agglomération
Br?ve mise en ligne le le 3 /02 /2011
Joël Canapa aime toujours autant l’université toulonnaise

C’est l’histoire d’une université "provisoirement" administrée depuis septembre 2009. Il était temps que ça s’arrête, depuis longtemps. Mais ni les personnels de l’Université du Sud Toulon Var, ni la ministre de l’Enseignement supérieur ne voulaient mettre fin à cette situation à tout prix et de n’importe quelle manière. Clairement, et bien que les motivations des uns et de l’autre ne soient pas exactement les mêmes, personne ne voulait que l’ancienne équipe dirigeante ne récupère les clés du camion automatiquement, sans s’être confrontée à des élections générales. Sauf l’ancienne équipe dirigeante, bien entendu.

Philippe Tchamitchian, l’administrateur nommé par Valérie Pécresse, essayait en vain depuis septembre 2010 de convaincre le conseil d’administration de démissionner, seule manière d’engager le processus électoral complet. Car tant que le CA fonctionne, tant que les élus font quorum, ni la ministre ni personne ne peut dissoudre et donc susciter ces élections. Évidemment, les membres de l’ancienne équipe refusaient de démissionner.

Voilà qu’ils daignent enfin le faire après que Pécresse a fixé le calendrier électoral comme ils l’exigeaient récemment dans un courrier collectif. Sans doute les anciens camarades de Laroussi Oueslati estiment-ils qu’ils ont désormais une chance d’être réélus par la communauté universitaire, parce que l’eau a coulé sous les ponts, et parce que l’hostilité envers l’administration provisoire s’est cultivée sur le long terme.

Sans revenir sur le fond du dossier [1], il faut rappeler que jusqu’en 2009 et vu de loin, l’USTV semblait dirigée par un homme de gauche. Comme Pécresse est de droite, on a vite fait de pointer la rivalité politique. Pourtant, cette bipolarité manichéenne n’a rien à voir avec la réalité des faits, dans la mesure où Oueslati, du temps de sa splendeur, n’a jamais représenté le moindre danger pour ses "adversaires" de droite, qui ne le furent, adversaires, que l’espace d’une ou deux campagnes électorales perdues par l’ancien président.

Bref. Tout ça pour évoquer le cas Joël Canapa.
Joël Canapa est lui aussi un homme de gauche, même s’il vient de déchirer sa carte du parti communiste (c’est pas une question d’idées, vous savez, c’est une histoire d’opportunités). Copain de Laroussi, nommé par ce dernier au conseil d’administration de l’université en sa qualité de vice président du Conseil régional, il a toujours soutenu son administration. Aujourd’hui, comme Var matin lui ouvre ses colonnes pour équilibrer une interview de Pécresse, il étale sa mauvaise foi et sa méconnaissance crasse du dossier universitaire sous l’intitulé « Inquiet pour l’avenir de l’université » :

« Il y a eu des erreurs de commises juste après la démission de l’ancien président Laroussi Oueslati. Cette responsabilité-là, je la donne à Valérie Pécresse.

Oui, on peut introduire le sujet comme ça. Si on oublie qu’avant de démissionner, Laroussi Oueslati a été démis de ses fonctions. Ce qui permet de pointer d’hypothétiques erreurs de Pécresse pour éclipser d’autres erreurs, patentes celles-là, relatives à l’aveuglement d’un conseil d’administration devenu chambre d’enregistrement docile et consentante, totalement incapable d’apprécier les dérives présidentielles qui mettront l’USTV à genou.

Elle n’a pas fait d’élections complémentaires après la démission de Oueslati, alors que cela était possible. Il y a un an et demi, le CA était en mesure d’organiser ces élections.

Ben voyons. Les élections "complémentaires" auraient permis à l’ancienne équipe de conserver un pouvoir acquis avec l’avènement de Oueslati et jamais vraiment perdu depuis, il faut le dire et le répéter : les camarades du président déchu n’ont jamais cessé d’être majoritaires au sein du CA. Avec des élections "complémentaires", le CA se serait auto-complété pour remplacer deux exclus, sans que cela ne change rien à la majorité.

Elle (la ministre) a créé une situation ubuesque et jamais vue. Aujourd’hui, elle demande à des administrateurs de démissionner pour pallier son incurie.

N’importe quoi. Les personnels de l’université se sont très largement prononcés pour des élections générales à la faveur d’un référendum organisé en juin 2010. Depuis, Pécresse cherche un moyen pour convaincre les élus de l’ancienne équipe de lâcher l’affaire, afin que l’USTV se dote d’une présidence légitime. En refusant jusque-là, sachant pertinemment que la ministre ne disposait d’aucun moyen légal pour dissoudre les conseils, les copains de Canapa ont accumulé les bras d’honneur à la collectivité universitaire. Où est l’incurie ?

La situation est très embêtante. Ja m’associe à tous ceux qui disent que la situation est grave. Même trop grave. »

Ah ouais c’est trop grave les boules. Bon. Et si on met de côté l’imprécation, où sont les arguments ?




[1] Plein de choses à lire dans ces pages si vous avez le temps : La révocation de Laroussi Oueslati, par exemple.