Imaginez que vous soyez journaliste sportif dans un quotidien r�gional dit de gauche et qu’� temps perdu votre plume vous d�mange au point d’�crire tout un bouquin. Imaginez que vous soyez contre les m�dias dominants mais que vous en ayez besoin pour faire votre promotion (bonjour la schizophr�nie). Vous prendriez votre t�l�phone et hop ! l’affaire serait dans le sac : en une semaine, vous passeriez � la t�l�, � la radio et dans les journaux.

Imaginez maintenant que cette histoire ne soit pas imaginaire et qu’elle se soit d�roul�e, telle un tapis rouge, pour Johan Livernette. Vous avez peut-�tre crois� le gus dans un gala de boxe ou dans les comp�titions sportives de vos enfants. Normal, il est journaliste sportif � La Marseillaise — oui, oui, la version proven�ale de L’Humanit�. Si vous �tes accroc au RCT et � internet, vous avez d� tomber sur son blog — dont on vous laisse rechercher l’adresse.

Johan Livernette, donc, a commis, il y a peu, un livre politique qu’il qualifie lui-m�me de pamphlet appelant � une d�marche subversive contre les grands medias. Pour �tre tout � fait juste, Cuverville n’a pas lu ce livre. La mauvaise odeur qui s’en d�gage, pas celle du soufre, conduit � nous contenter des propos d�j� costauds que son auteur a tenus dans plusieurs interviews. L’homme s’�l�ve facilement contre l’ « apologie du m�tissage », contre « la politique immigrationniste de gauche comme de droite qui par l’immigration massive du regroupement familial qui a donn� plus de d�linquance, plus de ch�mage, plus de discriminations », etc.

Attention ! Livernette est un journaliste de terrain : il va lui-m�me en vacances au Maroc pour constater les malheurs de cette fameuse politique « immigrationniste ». Il n’h�site pas non plus � regarder Laurent Ruquier pour affiner ses analyses politiques et en d�duire, comme peu d’�ditorialistes dans le monde le font, que finalement « Eric Zemmour est plus marxiste que la gauche bobo » (cette gauche bobo qui va, selon lui, du PS � Besancenot).

Autant de subversion n’emp�che pas notre journaliste-des-bistrots-contre-la-langue-de-bois-politicienne de d�dicacer son ouvrage � l’Holiday Inn (le bien connu h�tel des pauvres) ou chez le petit libraire ind�pendant Charlemagne. Sa « dissidence » d’�lectron libre « qui veut bousculer l’ordre �tabli » l’a amen� � converser avec ses confr�res. Le 30 mars 2009, dans Var Matin (chez qui il avoue avoir beaucoup de copains), Livernette d�clare son attachement � des gens aussi fr�quentables que Dieudonn� ou Alain Soral. Laisser la parole � des partisans de l’extr�me-droite chez Var Matin est une vieille habitude, notamment dans le "courrier des lecteurs". Le 9 avril dernier, Livernette exposait ces convictions pendant quatre minutes sur Radio Mistral. Nous �ludons son passage sur France 3 Toulon.

O� se trouve la vraie conscience politique ? Dans la d�nonciation du « lobby sioniste surpuissant qui ronge la plupart des puissances mondiales ». O� se trouve le parler-vrai ? « Au bistrot ». Quelle est la v�rit� ? « Tous ceux qui diabolisent Dieudonn� sont des tarlouzes » (Forum Fnac Toulon, 10 avril 2009). Avec une r�flexion aussi s�v�rement burn�e que celle de Johan Livernette, c’est s�r, le peuple n’a plus de souci � se faire. Les m�dias non plus.