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Cuverville n’aime pas les raz-de-mar�e

par Emanuel Haumant le 1er /04 /2004

Le raz-de-mar�e attendu a bien eu lieu, la gauche exerce maintenant un contr�le presque total des r�gions, le m�me que celui qu’exer�ait la droite en 1986, ann�e des premi�res �lections r�gionales en France.

La presse est � nouveau unanime : « K-O de la droite » (l’Humanit�), « la fin du chiraquisme » (Lib�ration), « le 21 avril � l’envers de Jacques Chirac » (Le Monde), « une h�catombe » (le Figaro), « La d�b�cle » (Var Matin)...

Avec 1350000 votants suppl�mentaires la totalisation nationale est pr�sent�e ainsi : 50,4% pour la gauche (+3390000 voix), 37% pour la droite (+ 1370000) et 12,6% pour le FN (-363000 voix). Les r�sultats sont sans appel, 21 r�gions m�tropolitaines sur 22 remport�es par la gauche.
Apr�s avoir dit au revoir � Raffarin, Serge July parle carr�ment de “la fin du chiraquisme”. Dans Lib�ration toujours, Renaud Dely, qui annon�ait � l’issue du premier tour que « les socialistes [avaient achev�] leur deuil du 21 avril », estime maintenant que le triomphe du PS « survient presque trop vite, trop t�t, trop fort, alors que la gauche ne semblait pas encore avoir pans� ses plaies du 21 avril 2002 ».

Les r�sultats du Front national. Les chiffres sont l� pour le confirmer, le parti lep�niste est en net recul sur l’ensemble du territoire au second tour puisqu’il passe de 15% � 12,5%. Le score du FN est calcul� tout simplement en divisant le nombre de voix obtenues par le nombre total de suffrages exprim�s, y compris dans les r�gions o� il n’a pas pu se maintenir. Un moyen extr�mement efficace pour faire dispara�tre les �lecteurs du Front de 5 r�gions fran�aises. Dans le m�me registre, l’extr�me gauche subit un revers encore plus cuisant, r�alisant l’exploit de ne s�duire aucun �lecteur. Un raisonnement un peu plus rigoureux voudrait que l’on compare les r�sultats du premier et du second tour sur les 17 r�gions o� ont eu lieu des triangulaires. Dans ce cas le FN recule effectivement mais de 16,1% � 15,1% (-18000 voix) [1].
Cette subtilit� n’a pas �chapp� � Eric Aeschimann [2], « le parti de Jean Marie Le Pen est en baisse � 12,56% des suffrages sur l’ensemble du territoire - dans les 17 r�gions o� il avait pu se maintenir au second tour, il r�unit en moyenne 16 % des suffrages, soit presque autant que Jean-Marie Le Pen au premier tour de la pr�sidentielle ».

Et si le mode de scrutin n’avait pas chang�. A l’issue des �lections r�gionales de 1998, en terme de si�ges, il y avait une majorit� de gauche dans 11 r�gions, une majorit� de droite dans 8 r�gions et �galit� dans 3 r�gions [3]. Apr�s 4 alliances avec le FN , une avec le CPNT et le concours de la gauche en Franche-Comt� [4], la droite emportait 14 r�gions. En recul constant depuis 1986, elle limitait les d�gats.
A partir des suffrages exprim�s au premier tour des �lections r�gionales de 2004, on peut d�terminer quels auraient �t� les r�sultats si le mode de scrutin n’avait pas chang� [5].
La gauche aurait perdu l’�le de France et peut-�tre l’Aquitaine si le CPNT avait rejoint les rangs de la droite. Elle aurait vraisemblablement remport� l’Auvergne, la Bretagne, la Picardie [6], le Poitou-Charentes et la r�gion Rh�ne-Alpes. Dans le Languedoc-Roussillon, on ne voit pas pourquoi Jacques Blanc n’aurait pas reconduit son alliance avec le FN. Difficile de savoir ce qu’il aurait pu se passer en Franche-Comt�, la droite et la gauche se trouvant de nouveau au coude � coude. En Corse o� le mode de scrutin n’a pas chang�, une majorit� de gauche semble se d�gager mais l’assembl�e territoriale devrait finalement rester � droite.
Il est probable que le raz-de-mar�e rose se serait transform� en une vaguelette plus modeste (3 r�gions suppl�mentaires pr�sid�es au final), la gauche et la droite faisant jeu �gal avec 11 r�gions chacune. La “fin du chiraquisme” aurait eu une toute autre allure.




[1] Source minist�re de l’int�rieur.

[2] Lib�ration du lundi 29 mars, page 2.

[3] Voir un tableau r�capitulatif ici .

[4] Alliance avec le FN en Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Picardie, Rh�ne-Alpes.
Alliance avec le CPNT en Poitou-Charentes.
Concours de la gauche en Franche-Comt� : un article de l’Humanit�.

[5] La simulation est r�alis�e en consid�rant le premier tour comme un scrutin de liste proportionnel � la plus forte moyenne. Pour simplifier, le calcul n’a pas �t� appliqu� dans chaque d�partement mais directement au niveau de la r�gion. L’erreur commise ne remet pas en cause la nature de la majorit� sauf peut-�tre pour la Franche-Comt�.

[6] M. De Robien n’aurait certainement pas pu faire alliance avec le FN pour obtenir la pr�sidence, comme son pr�d�cesseur Charles Baur.