LE soleil illumine La Seyne sur Mer apr�s la pluie, c’est magnifique. J’entame mon jogging quotidien en sautillant sur place pour m’�chauffer, et puis j’y vais ! Hop hop. Du perron de la villa jusqu’� la porte arri�re gauche de ma voiture de fonction d�j� ouverte par le chauffeur.
Quelques minutes plus tard, me voil� dans mon grand bureau avec vue imprenable sur la rade. Je ne m’en lasse pas, j’en r�vais depuis trente ans. J’ai r�ussi un parfait nettoyage politique, la Seyne n’est plus cette verrue rouge qui d�figurait le d�partement.
Voil� deux semaines, au plus fort de la crise opposant les pirates de la SNCM aux juste-r�formistes du Gouvernement, c’est ici, sur les quais de l’ancienne cit� ouvri�re promise au plus bel avenir r�sidentiel, que les ferries ont �t�s mis a l’abri des raids de la CGT.
Depuis deux jours, le centre m�dico-social est ferm� et aucune manifestation n’est venue perturber ma tranquillit�, si ce n’est ce rassemblement maigrelet en haut du march�.
Les Seynois ne manifestent pas car ils sont heureux. Au ch�mage, mais heureux, pas emb�tants du tout. La question qui prime est la suivante : o� faire ses courses ? Carrefour Ollioules, Grand-Var Est, Grand-Littoral � Marseille ? Probl�me d�licat mais c’est bien d’avoir le choix, quand m�me, quand on y pense. Du moment qu’on est � l’heure devant Canal pour le d�but de la Ligue des Champions. Ah ah.
Je savoure mes deux derni�res ann�es de mairie. Puis il sera temps de prendre cong� avec la satisfaction du devoir accompli, du c�dre plant� sur le site des anciens chantiers et du travail donn� � Bouygues. Un petit pincement au coeur, quand m�me : j’aurais tant aim� que ma fille Val�rie me succ�de. H�las, elle ne r�ussit pas � se faire appr�cier des �lecteurs seynois. Les ingrats, apr�s tout ce que j’ai fait pour eux. Mais des ouvertures se profilent. D’autres h�tels de ville peuvent �tre conquis. J’ai m�me entendu, en �coutant ce qui se raconte dans les couloirs, que l’on �voquait l’hypoth�se Six-Fours. Val�rie s’y pr�senterait � la place de Jean-Seb qui serait alors rapatri� sur la Seyne, dans ce fauteuil, � ma place. C’est vrai que je l’aime bien, Jean-Seb, nous partageons souvent l’objectif des cam�ras.
Ce sont des bruits qui courent mais l’id�e est s�duisante, n’est-ce pas ? Cela pr�senterait aussi l’avantage d’�loigner les deux fr�res ennemis, Jean-Seb de Six-Fours et le Grand Ferdinand de Sanary, pour le bien-�tre de tous. Pas con. Vive la Seyne. Vive moi.
Le soleil est d�j� bien bas. Il est temps de reprendre le footing en sens inverse. A demain.
A.Paecht (p.c.c. TWL)